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Comment les conceptions raciales alimentent des doubles critères sur les réfugiés

le Quotidien du Peuple en ligne | 31.03.2022 10h35

Les doubles critères sont devenus apparents dans les manières contrastées dont les pays occidentaux ont réagi au sort des réfugiés de l'intérieur de l'Europe et de ceux de l'extérieur de la région, affirment les analystes qui y voient également là une certaine forme de racisme à l'œuvre.

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé le 27 mars que plus de 3,8 millions de personnes avaient fui l'Ukraine au cours du mois dernier, les femmes et les enfants représentant environ 90% d'entre eux. La Pologne a accueilli 2,2 millions d'entre eux et la Roumanie a ouvert ses frontières à un demi-million de personnes fuyant le conflit.

Mais, dans le même temps, ces démonstrations de compassion à travers l'Europe au cours du mois dernier contrastent fortement avec l'hostilité manifestée envers les réfugiés du Moyen-Orient et d'Afrique au cours des dernières années.

Kathryn Mahoney, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré récemment que l'agence se félicitait de la décision de l'Union européenne d'accueillir des réfugiés ukrainiens parmi les États membres, mais a également souligné qu'il était urgent que les nations répondent de la même manière à d'autres déplacements « graves » et « non résolus » de personnes causés par les crises humanitaires en Afghanistan, en Syrie, en Éthiopie et ailleurs.

Selon Ding Long, professeur à l'Institut d'études sur le Moyen-Orient de l'Université des études internationales de Shanghai, les politiques des pays européens en matière de réfugiés ne sont pas cohérentes. Leur traitement des personnes de couleur de divers pays d'origine témoigne « de doubles critères et même de racisme sur la question des réfugiés ». Il a ainsi noté que de nombreux pays européens ont fermé leurs portes aux réfugiés syriens en 2015 et à ceux qui ont fui l'Afghanistan l'année dernière. Pendant la crise ukrainienne, ils ont certes ostensiblement ouvert leurs portes aux personnes fuyant le conflit, mais dans la pratique, les nations européennes ont également divisé les réfugiés en différents groupes et les ont discriminés. « Des dizaines de milliers de personnes d'origine africaine et moyen-orientale vivant en Ukraine rencontrent des difficultés pour quitter le pays et entrer dans les pays de l'Union européenne », a-t-il noté.

Une différence nette

M. Ding a également souligné la grande différence dans la façon dont les médias occidentaux couvrent la crise ukrainienne par rapport à la façon dont ils dépeignent les réfugiés d'autres régions. Cela montre clairement les doubles critères et les préjugés raciaux profondément enracinés dans ces pays, a-t-il déclaré, rappelant que dans leurs reportages, de nombreux journalistes occidentaux se sont concentrés sur l'apparence, la couleur de la peau, la race et la religion des réfugiés ukrainiens, et ont fait une comparaison entre eux et les réfugiés du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.

« Cela montre que tous les réfugiés ne sont pas dignes de sympathie dans la perspective de l'Occident dirigé par les États-Unis », a-t-il dit. L'implication tacite est que les premiers sont supérieurs aux seconds et ont moins de raisons de souffrir de toute situation difficile.

Kelly Cobiella, correspondante de NBC News basée à Londres, a déclaré dans un reportage vidéo : « Pour le dire franchement, ce ne sont pas des réfugiés de Syrie, ce sont des réfugiés d'Ukraine… Ils sont chrétiens, ils sont blancs, ils sont très semblable (à nous) ». Sur BFM TV, la chaîne d'information câblée la plus regardée en France, le journaliste Phillipe Corbe a déclaré : « Nous ne parlons pas ici des Syriens… Nous parlons des Européens qui partent dans des voitures qui ressemblent à la nôtre pour sauver leur vie ».

Zhang Lihua, professeure au Département des relations internationales et directeur du Centre pour les relations sino-européennes de l'Université Tsinghua, a rappelé que, alors que pendant la précédente crise des réfugiés, l'Union européenne avait fixé un quota d'accueil de réfugiés pour les pays membres, certains pays d'Europe centrale et orientale ont fermement rejeté cette directive. Cependant, cette fois, ils ont accueilli des réfugiés ukrainiens.

Pour M. Hua, il n'y a pas que les réfugiés ukrainiens en Europe qui ont besoin d'attention. Ceux qui restent en Ukraine et les réfugiés dans d'autres zones de conflit dans le monde ont également besoin de l'aide du monde.

Enfin selon M. Ding, depuis que la crise ukrainienne a éclaté, l'Occident dirigé par les États-Unis s'est concentré sur les dommages humanitaires causés par le conflit en Ukraine, mais il a trop longtemps fermé les yeux sur la guerre, les morts et les déplacements au Moyen-Orient et Afrique du Nord. Pourtant, l'Occident dirigé par les États-Unis est, dans une large mesure, à l'origine de ces bouleversements régionaux et de ces crises de réfugiés.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Ying Xie)
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