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L'économiste en chef du FMI s'attend à une reprise mondiale lente avec une pandémie non maîtrisée

Xinhua | 19.10.2020 08h49

La reprise économique mondiale sera lente tant que la pandémie de COVID-19 ne sera pas sous contrôle, a déclaré l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, en appelant à des efforts multilatéraux pour contenir le virus.

Dans un entretien vidéo à distance avec Xinhua en début de semaine, Mme Gopinath a estimé que les résultats économiques au deuxième trimestre ont été moins catastrophiques et que la reprise mondiale devrait être forte au troisième trimestre. Toutefois, la dynamique pourrait connaître un ralentissement par la suite.

"Nous vivons toujours avec la pandémie dans de nombreuses régions du monde, ce qui va ralentir la reprise car les secteurs des services à forte intensité de contact ne se remettront pas complètement tant que la pandémie ne sera pas sous contrôle", selon elle.

UNE REPRISE INCERTAINE

Dans son dernier rapport sur les Perspectives de l'économie mondiale (PEM), le FMI prévoit que l'économie mondiale se contractera de 4,4% en 2020, soit 0,8 point de pourcentage de plus que les prévisions de juin. Malgré cette révision à la hausse, Mme Gopinath a averti que la sortie de cette crise sera probablement "longue, inégale et très incertaine".

Il subsiste une énorme incertitude quant aux perspectives économiques mondiales, selon ce rapport qui a souligné les risques de baisse tels que la résurgence du virus, les restrictions croissantes sur le commerce et les investissements, ainsi que l'incertitude géopolitique croissante.

"Nous sommes très préoccupés par la possibilité d'une deuxième vague", a confié Mme Gopinath à Xinhua. "Et s'il y a effectivement une deuxième vague sérieuse, qui conduit à des mesures de confinement et de verrouillage beaucoup plus étendues, alors cela constituera certainement un grand risque de baisse pour nos prévisions".

Les tensions commerciales sont également une préoccupation majeure, a-t-elle ajouté, notant que ce problème existait déjà antérieurement à la pandémie.

Les PEM ont montré que le volume du commerce mondial est en passe de diminuer de 10,4% cette année, précédant un rebondissement de 8,3% l'année prochaine, ce qui semble être conforme à l'affaiblissement de la demande mondiale, a observé Mme Gopinath avant de préciser que les restrictions commerciales n'ont jusqu'à présent pas été un facteur important dans la contraction du commerce mondial.

Malgré cela, l'économiste en chef du FMI a indiqué que les tensions commerciales étaient l'un des principaux risques de baisse pour l'avenir. "Les tensions commerciales, les tensions en matière d'investissement et les tensions technologiques pourraient s'aggraver, et cela pourrait certainement nuire à la reprise mondiale", a-t-elle prévenu.

"Les pays doivent faire très attention à ne pas devenir protectionnistes et devraient travailler en étroite collaboration avec les autres", a recommandé Mme Gopinath, ajoutant qu'il était également important de réformer le système commercial mondial, et qu'il restait beaucoup à faire pour moderniser l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui repose sur des règles multilatérales.

LES RETOMBEES DE LA CHINE

Selon les PEM, l'économie chinoise devrait croître de 1,9% en 2020, soit 0,9 point de pourcentage de plus que les prévisions de juin du FMI, ce qui en fait la seule grande économie qui connaîtra une croissance positive cette année.

La révision à la hausse pour la Chine résulte en partie d'une performance meilleure que prévu des exportations, a expliqué Mme Gopinath, qui a souligné que "la demande d'équipements médicaux et d'équipements de bureau pour travailler à domicile a été élevée. Et les exportations de la Chine ont augmenté à cause de cela".

Un deuxième facteur, a-t-elle poursuivi, est la forte stimulation des investissements publics dans les infrastructures. "Cela a également surpris à la hausse".

L'économiste en chef du FMI a nuancé son propos en mentionnant que la reprise en Chine, comme dans beaucoup d'autres économies, est "quelque peu déséquilibrée", avec une reprise de la consommation plus lente que celle des investissements publics et de certains autres secteurs.

"Nous pensons qu'à l'avenir, la politique budgétaire devra s'éloigner de l'investissement public pour s'orienter vers le soutien des revenus des ménages et des filets de sécurité sociale, afin que la reprise soit davantage axée sur la demande privée que sur les dépenses publiques", a-t-elle prédit.

Commentant le rôle de la Chine dans la reprise mondiale, Mme Gopinath a déclaré à Xinhua que la croissance en Chine - une économie majeure - avait des "retombées", en particulier sur ses voisins. Grâce au commerce mondial, la Chine joue manifestement un rôle important dans la fourniture d'équipements médicaux indispensables, a-t-elle signalé.

En attendant, elle a averti que la Chine sera également menacée si "la faiblesse de l'économie mondiale se poursuit", ajoutant qu'il était important que l'économie mondiale se rétablisse elle aussi.

LE MULTILATERALISME IMPORTE

La croissance cumulée du revenu par habitant des économies de marché émergentes et en développement (hors Chine) en 2020-2021 devrait être inférieure à celle des économies avancées, ce qui signifie que la divergence des perspectives de revenu entre les deux groupes devrait s'aggraver, a noté Mme Gopinath.

"Un soutien international sera nécessaire, en particulier pour les pays en développement à faible revenu", a estimé l'économiste en chef du FMI, ajoutant qu'il fallait davantage de financements concessionnels, plus d'aide, plus de dons et un plus grand allègement de la dette.

Mme Gopinath a également noté que cette crise "laissera probablement des cicatrices à moyen terme", car les marchés du travail mettent du temps à guérir, les investissements sont freinés par l'incertitude et les problèmes de bilan, et la perte de scolarité nuit au capital humain.

La perte cumulée de production par rapport à la trajectoire prévue avant la pandémie devrait passer de 11.000 milliards de dollars américains en 2020-2021 à 28.000 milliards de dollars en 2020-2025, selon les PEM.

Afin de combler l'écart, les pays devraient d'abord trouver un moyen de résoudre la crise sanitaire, a recommandé l'économiste en chef du FMI, soulignant qu'une plus grande collaboration internationale était plus que jamais nécessaire.

Le FMI a calculé que si les solutions médicales peuvent être mises à disposition plus rapidement et plus largement par rapport à sa base de référence, cela pourrait conduire à une augmentation cumulée du revenu mondial de près de 9.000 milliards de dollars d'ici la fin 2025.

"L'importance du multilatéralisme n'a jamais été aussi grande", a affirmé Mme Gopinath à Xinhua. "Avec cette pandémie, si nous ne sommes pas capables de la contrôler partout sur la planète, personne dans le monde ne sera à l'abri : les pays doivent donc travailler ensemble".

(Rédacteurs :孙晨晨, Yishuang Liu)
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