Dernière mise à jour à 08h53 le 26/11
La cérémonie de remise du Prix Fu Lei 2019 s'est tenue le 23 novembre à Chengdu, dans la province chinoise du Sichuan. Les traductions des ouvrages "D'un château l'autre" de Louis-Ferdinand Céline, "Subjectivité et vérité" de Michel Foucault et "Nos richesses" de Kaouther Adimi figurent parmi les lauréats.
Lorsque les traducteurs des trois oeuvres susmentionnées, Jin Longge, Zhang Gen et Kong Qian, et les traducteurs de dix titres nominés sont montés sur le podium, le public a constaté que les visages étaient plus jeunes cette année.
"Parmi les gagnants des années précédentes, beaucoup étaient âgés. Cela est de moins en moins le cas", a indiqué Dong Qiang, président du comité d'organisation du Prix Fu Lei et directeur du département de français à l'Université de Pékin.
Créé en 2009 à l'initiative de l'ambassade de France en Chine et d'intellectuels chinois francophones, le Prix Fu Lei doit son nom au grand traducteur chinois Fu Lei (1908-1966). Il a fait ses études à l'Université de Paris et a rendu accessibles aux lecteurs chinois les œuvres de Balzac, Voltaire ou encore Romain Rolland. Ce prix a pour objectif de promouvoir la traduction en mandarin et la diffusion d'ouvrages francophones en Chine. Chaque année, le Prix Fu Lei récompense les trois meilleures traductions du français vers le mandarin publiées en Chine, dans les catégories "Littérature", "Essai" et "Jeune pousse".
Ces dix dernières années, les traducteurs chinois sont devenus plus jeunes et professionnels. "Un nombre croissant de traducteurs ont obtenu un doctorat et se spécialisent même en rédacteurs. [La traduction] a reçu un soutien universitaire. C'est le plus grand changement", estime Dong Qiang, qui a participé au travail de sélection depuis la création du prix.
A mesure que les traducteurs chinois se professionnalisent, ils jouent un rôle plus important dans le processus d'édition. Selon Dong Qiang, de plus en plus de traducteurs chinois recommandent maintenant des œuvres étrangères aux éditeurs.
Guillaume Dutournier, président du jury 2019 et docteur en langue et civilisation chinoises, a indiqué lors de la cérémonie de remise du prix : "cette année, nous avons vu une grande variété d'oeuvres. Le niveau de traduction s'est considérablement amélioré, et les traducteurs deviennent de plus en plus jeunes."
"D'un château l'autre", traduit par Jin Longge, le lauréat dans la catégorie "littérature", est un roman de Louis-Ferdinand Céline, l'un des écrivains français les plus influents du 20e siècle. Ce livre raconte la vie pauvre et maudite de M. Céline en tant que médecin et écrivain, expose la cruauté et la folie de la guerre, les dommages à la vie et la destruction de la nature humaine.
Cette oeuvre est pleine de pensées sauteuses et crée un nouveau style de langage, ce qui augmente la difficulté de la traduction, a jugé M. Dutournier.
Il a également remarqué l'amélioration du niveau de rédaction en traduction chinoise. En tenant compte des différentes origines culturelles du public, certaines traductions chinoises fournissent des dessins et des notes qui ne sont pas disponibles dans l'original.
Ces dernières années, le nombre de talents chinois en langues étrangères a progressivement augmenté. Xu Qingsen, directeur adjoint du département de l'enseignement supérieur du ministère chinois de l'Education, a déclaré lors d'une interview que la Chine comptait aujourd'hui 3,300 points scolaires de premier cycle en langues étrangères, impliquant plus de 1,000 établissements d'enseignement supérieur et plus de 800.000 étudiants.
Selon Dong Qiang, le rôle du Prix Fu Lei ne se limite pas à la promotion du secteur de la traduction en Chine, mais encourage aussi l'apparition d'autres récompenses similaires qui reconnaissent spécifiquement les contributions des traducteurs. "Maintenant, les traducteurs sont plus confiants et plus motivés dans la publication de livres traduits", a-t-il conclu.