Le Xiusu, ou comment des poupées illustrent la diversité ethnique du Xinjiang

Les poupées en tissu faites à la main par Shan Xiumei contribuent à populariser la beauté des différents groupes ethniques pour qui la région autonome ouïghoure du Xinjiang est leur patrie.

Shan Xiumei, qui appartient à l'ethnie Han, a commencé à créer ses poupées il y a 18 ans, lorsque cette région du nord-ouest de la Chine a commencé à s'épanouir en tant que destination touristique.

Deux poupées « Xiusu » en tissu fabriquées à la main par Shan Xiumei, exposées dans sa boutique d'Urumqi, capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. (Jin Wei / pour le China Daily)

« Quand j'étais jeune, ma famille était très pauvre et il n'y avait pas de jouets pour les enfants, mais ma mère a fait une poupée pour moi. Je l'ai beaucoup aimée et c'est à partir de là que j'ai commencé à faire des poupées moi-même », a-t-elle dit. Pour que ses poupées se distinguent et sortent du lot, Shan Xiumei a imaginé le « Xiusu », une nouvelle forme de savoir-faire artisanal combinant une broderie détaillée avec des coutures placées aux endroits stratégiques pour créer des traits du visage et des formes de corps humains.

Et bien que le visage de chaque poupée soit immobile, les vêtements des poupées Xiusu peuvent être modifiés en fonction des desiderata ou caprices de leurs propriétaires. Les poupées de Shan Xiumei sont toutes faites sur mesure sans utilisation de moules ou de motifs, de sorte que l'expression et les traits du visage de chacune d'entre elles est unique.

Pour mieux simuler la peau humaine, Shan Xiumei utilise des tissus de différentes textures et couleurs, et même peint leurs visages lorsque cela est nécessaire pour leur donner des joues rouges ou des sourcils arqués. La taille de ses poupées varie aussi, allant de quelques centimètres à peine à celle d'une personne réelle.

Après près de deux décennies de dur labeur, l'entreprise de fabrication de poupées de Shan Xiumei est en plein essor, mais son intention initiale n'était pas seulement de gagner de l'argent.

« C'est un produit culturel qui montre la beauté du Xinjiang. Les gens du Xinjiang sont tellement beaux que je veux montrer leur beauté au monde à travers mes poupées », a-t-elle déclaré.

Le Xinjiang abrite 47 groupes ethniques, dont les Han, les Kazaks, les Mongols, les Tadjiks et les Ouïghours.

Shan Xiumei a fabriqué des poupées mettant en vedette les différentes caractéristiques des groupes ethniques de la région et dit avoir vécu avec des personnes différentes afin de les comprendre pleinement.

« Quand je veux faire une jeune fille qui danse, je collectionne beaucoup de matériaux. Non seulement le genre de jupes qu'elles portent, mais aussi quel genre de danse elles exécutent habituellement en fonction de leurs coutumes. Au cours du processus, je comprends mieux le Xinjiang et les gens qui vivent ici, ainsi que leur culture », affirme-t-elle.

En avril, Shan Xiumei a parcouru plus de 4 000 kilomètres et a passé 10 jours à rencontrer des centaines de personnes de l'ethnie Kirghize pour l'aider à créer des poupées évoquant le Manas, un poème épique kirghize du 18e siècle, qui figure sur la liste de l'UNESCO des chefs-d'œuvre du patrimoine culturel immatériel.

« Pour faire des poupées parfaites, il est nécessaire de voir la vie réelle des gens au lieu de photos dans des livres », dit-elle. « Les produits culturels tels que les poupées Xiusu jouent un rôle important non seulement dans le développement du tourisme dans le Xinjiang, mais aussi dans la communication culturelle entre la Chine et le reste du monde ».

Près de 50 000 poupées Xiusu sorties de l'atelier de Shan Xiumei sont vendues chaque année.

« Beaucoup de touristes étrangers nous disent qu'ils aiment ces poupées parce qu'elles reflètent la vie réelle des habitants du Xinjiang », a-t-elle déclaré.

Ses poupées ont même été incluses dans les collections du Musée national de Chine et en 2014, le Conseil mondial de l'artisanat lui a décerné un prix d'excellence pour son travail sur les traditions de divertissement du peuple ouïghour.

En 2017, le Fonds national chinois des arts a lancé un projet de formation visant à développer les compétences en Xiusu : 13 stagiaires sur plus de 100 candidats ont été sélectionnés.

« Je crois qu'ils vont créer des poupées Xiusu plus diverses pour montrer la beauté du Xinjiang à encore plus de gens », a conclu Shan Xiumei.