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La belle aventure de deux acteurs de doublage tanzaniens en Chine

Xinhua | 18.08.2017 08h30

"J'ai bien suivi il y a dix ans 'La pérégrination vers l'Ouest' (un des grands romans classiques chinois), sans rater un seul épisode", a récemment raconté à Xinhua, Happiness Stanslaus Lulikela, une actrice de doublage tanzanienne, se souvenant de son premier contact avec les feuilletons chinois.

Agée de 36 ans, Happiness est arrivée en mars dernier à Beijing pour rejoindre le grand groupe de télévision numérique chinois StarTimes. Désormais appelée Gao Xing, l'équivalent chinois de son prénom Happiness (joie, en anglais), elle a commencé sa carrière d'actrice de doublage avec son compatriote, Abdulrabin Maisala Lihinda, qui est du même âge. Leur travail : doubler des feuilletons et des films chinois en swahili, leur langue maternelle.

LES TANZANIENS INTERESSES PAR LES FEUILLETONS CHINOIS

A propos des séries et des films chinois, Gao Xing et Maisala se montrent très excités. Gao Xing dit avoir été fascinée par "La pérégrination vers l'Ouest" lors de sa première diffusion en Tanzanie. "C'était la version originale sous-titrée en anglais. Le scénario est vraiment magnifique", s'exclame-t-elle, ajoutant que ce feuilleton connaîtrait à nouveau le succès s'il venait à être rediffusé dans son pays.

"Les Tanzaniens ont baptisé cette série télévisée 'Maître', comme on appelle le moine Tang", l'acteur principal, précise Maisala.

Tous les deux ont découvert StarTimes il y a six ans. D'après Gao Xing, c'est cette entreprise qui a inauguré l'ère de la télévision numérique dans les foyers tanzaniens. Une filiale s'est implantée dans ce pays en 2010. Grâce à son service d'un meilleur rapport qualité-prix, ses affaires ont rapidement bien marché.

"A cette époque, beaucoup de familles tanzaniennes ont commencé à profiter des services de télévision numérique, devenant des abonnés de StarTimes, dont ma famille et celle de Maisala", confie Gao Xing, "Il y avait toujours de longues files d'attente devant les boutiques de StarTimes pour avoir un décodeur".

Aujourd'hui, le groupe StarTimes compte plus de 1,5 million d'abonnés en Tanzanie, ce qui en fait le plus grand opérateur de télévision numérique dans ce pays d'Afrique de l'Est. En plus d'un service de télévision numérique "abordable et de bonne qualité", il a apporté aux petits écrans tanzaniens des feuilletons et des films chinois que les habitants locaux comprennent.

En 2011, la version en swahili de "Jolie belle-fille", une série télévisée chinoise, a été diffusée en Tanzanie, s'attirant les compliments.

"C'était le premier drame chinois doublé en swahili et les spectateurs étaient surpris de voir des Chinois parler en swahili à la télé", se souvient Gao Xing, "A cette époque, presque toutes les familles ont suivi cette série, parce que son histoire est très intéressante et similaire à notre vie quotidienne. On avait les mêmes tâches ménagères et on voyait les relations compliquées entre la belle-fille et sa belle-mère. On aimait tous l'actrice principale Mao Doudou".

LE GRAND SUCCES DU DOUBLAGE DES SERIES CHINOISES

En septembre dernier, StarTimes a organisé dans trois villes tanzaniennes, à savoir Dar es-Salaam, Arusha et Zanzibar, un concours de doublage en swahili de séries chinoises, attirant des milliers de candidats. A l'issue de plusieurs tours de compétition, Gao Xing et Maisala sont entrés dans la liste des dix meilleurs candidats, gagnant ainsi un poste au siège du groupe à Beijing.

Selon Gao Xing, avant de rejoindre StarTimes, elle était une actrice qui avait aussi créé une société de production de séries télévisées avec ses amis. "L'art est ce à quoi j'aspire. J'aime essayer de nouvelles choses. Je peux apprendre beaucoup de choses en travaillant en Chine".

Fin mars, Gao Xing et Maisala, ancien employé d'une ONG, ont quitté Dar es-Salaam pour aller travailler ensemble pour StarTimes à Beijing. Le studio de doublage où ils travaillent a ouvert en 2011 et peut servir à doubler en huit langues, à savoir le chinois, l'anglais, le français, le portugais, le swahili, le haoussa, le yoruba et l'ougandais.

Le studio a ainsi assuré le doublage de nombreux films et séries, dont "La pérégrination vers l'Ouest", "La légende du héros chasseur d'aigles", "Allez Lala", "Une vie ordinaire", "Nirnava en feu", "Perdu en Thaïlande", "Jeune inspecteur Di : Dragon-roi", entre autres.

Au début de leur travail, Gao Xing et Maisala ont emprunté leur voix à deux seconds rôles du film "La chasse au monstre". "J'ai essayé d'imiter la façon de parler d'un petit monstre", avoue Maisala, en faisant la grimace

"Un jour, j'ai été très heureuse de regarder chez moi 'La chasse au monstre'. Notre travail est d'aider les Tanzaniens à voir eux aussi des films chinois qui ont un grand succès", dit Gao Xing.

Le mois dernier, les deux acteurs ont achevé le doublage des rôles d'une série télévisée baptisée "Au service des autres".

"C'est Lily que j'ai doublée, c'est la copine du second rôle féminin", précise Gao Xing, "Lily a pas mal de dialogue et elle parle de façon très rapide. C'était un défi pour moi : je devais non seulement parler rapidement, mais aussi raccourcir un peu les phrases traduites en swahili".

Ensuite, ils devront doubler d'autres feuilletons, comme "Hey, papa". Selon des responsables du groupe StarTimes, pour le doublage d'une série télévisée longue de 30 épisodes, il faut boucler l'enregistrement en deux semaines, c'est-à-dire que les acteurs doivent travailler six jours par semaine et la tâche n'est donc pas facile.

"Les Chinois travaillent dur, ne laissent jamais traîner les choses à faire et nous devons désormais nous adapter à ce rythme de travail", avoue Maisala.

LA NOUVELLE "ROUTE DE LA SOIE" CONTRIBUE AUX ECHANGES SINO-AFRICAINS

Passant de simples téléspectateurs à acteurs de doublage, Gao Xing et Maisala ont développé une plus grande compréhension et des sentiments plus profonds envers les séries et les films chinois.

"J'apprécie beaucoup les expressions émotionnelles relativement implicites dans les séries TV chinoises, ce qui diffère des films et séries TV européens et américains, ainsi que de certains films et séries TV d'aujourd'hui en Tanzanie qui imitent le style européen et américain", note Gao Xing. "Ca montre que le peuple chinois tient à sa propre culture et nous sommes heureux de pouvoir transmettre la culture chinoise à la Tanzanie et à d'autres pays d'Afrique", poursuit-elle.

Les échanges entre la Chine et l'Afrique, en particulier avec l'Afrique orientale, ont une longue histoire. Pour Qin Dashu, professeur de l'Institut d'archéologie et de muséologie à l'Université de Pékin, l'ancienne Route de la soie maritime avait représenté une vitalité et une influence importantes.

La mise au jour en Afrique de l'Est d'un grand nombre de pièces de porcelaine chinoise, dont certaines remontent à la fin de la dynastie Tang (618-907) et à la Période des Cinq Dynasties (907-960), montre que la porcelaine chinoise était présente ici dès le IXe siècle. Navigateur de la dynastie Yuan (1271-1368), Wang Dayuan, ainsi que la flotte de Zheng He sous la dynastie Ming (1368-1644), sont arrivés en Afrique.

Aujourd'hui, la Chine est devenue le plus important partenaire commercial de l'Afrique, et notamment de certains pays d'Afrique de l'Est comme le Kenya et la Tanzanie. De plus en plus de Chinois viennent en Afrique investir dans des projets d'infrastructures ou faire des échanges dans les domaines culturel et éducatif.

"La Tanzanie et la Chine sont comme des frères. En Tanzanie, on peut côtoyer beaucoup de Chinois, acheter une large gamme de produits chinois, alors que les routes, stades et ponts, construits par les Chinois, sont extraordinaires", affirme Maisala.

En 2002, StarTimes a ciblé le marché africain et réalisé six ans plus tard sa première opération au Rwanda. Présent aujourd'hui dans plus de 20 pays africains, le groupe compte près de dix millions d'abonnés à la télévision numérique et emploie 4.000 personnes en Afrique. Ses audiences sont très élevées.

En 2013, avec le lancement de l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", un certain nombre de pays africains ont exprimé leur volonté d'y participer afin d'améliorer le niveau d'interconnexion sur le continent et de contribuer à la réalisation des objectifs de développement de l'Afrique.

L'initiative "la Ceinture et la Route" offre une occasion précieuse pour les entreprises chinoises, fait remarquer la vice-présidente de StarTimes Group, Guo Ziqi. Pour elle, StarTimes est persuadé de l'intérêt que représente cette initiative pour contribuer aux échanges culturels sino-africains et au développement socio-économique de l'Afrique.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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