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La médecine traditionnelle tibétaine, entre héritage et renouveau

La Chine au présent | 02.12.2015 08h45

Né en 1966 dans le district de Rinbung à Shigatse, Migmar a consacré sa vie à la médecine traditionnelle tibétaine et est un symbole de son renouveau. Après avoir fini ses études au lycée en 1985, Migmar est recruté par la faculté de médecine traditionnelle tibétaine de l'Université du Tibet. À l'époque c'était le seul établissement à proposer ce genre d'études en licence. En mars 1989, il poursuit ses études à l'Institut de médecine traditionnelle tibétaine qui venait tout juste d'ouvrir. Il fait partie des premiers étudiants de l'institut.

Même après 30 ans, la passion de Migmar pour la médecine traditionnelle tibétaine ne diminue pas. Aujourd'hui encore, son poste de directeur de l'institut lui permet de mieux diffuser et partager cette culture ancestrale.

Auprès des grands maîtres

Au début de ses études, Migmar a dû apprendre par cœur les Quatre Tantras Médicaux rédigés par Yutok Yonten Gonpo, créateur de la médecine traditionnelle tibétaine. Ces ouvrages sont indispensables aux médecins en médecine tibétaine, comme Migmar nous l'explique : « Les Quatre Tantras Médicaux notent de manière systématique, sous forme poétique, les théories et les techniques de la médecine tibétaine. Cela comprend le fonctionnement des organes, la gestation, la physiologie, la pathogénie, le diagnostic, les principes et méthodes de traitement, et l'équivalent du serment d'Hypocrate des médecins tibétains. » Cet apprentissage par cœur exigé de la part de ses professeurs a donné les bases à Migmar.

« À l'université, ce sont toujours les étudiants en médecine traditionnelle tibétaine qui se lèvent le plus tôt et se couchent le plus tard parce qu'on doit tout apprendre par cœur. Nos camarades se moquaient de nous en nous appelant “les magnétophones”. Nous avions beaucoup de pression », nous raconte Migmar.

Migmar a eu la chance d'étudier auprès de grands maîtres, et notamment auprès de Khrom Tshemam, dont l'enseignement a beaucoup influencé sa carrière professionnelle. En 1989, Khrom Tshemam a participé à la fondation de l'Institut de la médecine traditionnelle tibétaine. Il y donnait également des cours, que Migmar a suivis. Durant ses études à l'institut, Migmar a reçu les conseils de son professeur. En 2000, Migmar est devenu secrétaire de celui-ci pendant 6 ans : « Pendant ces années-là, je l'ai accompagné à des séminaires et pendant les formations qu'il donnait au Royaume-Uni, au Japon et dans les pays en Asie du Sud-Est. J'ai beaucoup appris. »

L'expérience à Qamdo

En 1990, après ses études à l'institut, Migmar sort premier de sa promotion et exprime le souhait de devenir enseignant à l'institut ou médecin dans sa région natale. Son professeur Khrom Tshemam lui propose d'aller travailler à Qamdo.

Qamdo est la région dont est originaire Khrom Tshemam. « Beaucoup des élèves de mon professeur travaillent à Qamdo. Là-bas, il y a des médecins expérimentés et la médecine tibétaine y est bien implantée », nous raconte Migmar.

Celui-ci a alors quitté Lhassa avec quelques regrets pour aller travailler dans un hôpital de Qamdo. Un endroit que sa famille considérait comme une région isolée. « En 1990, en été, comme l'hôpital n'avait pas l'accès à la route, nous étions obligés de prendre l'avion pour aller à Chengdu, puis un bus pour le bourg de Qamdo le long de la route Sichuan-Tibet. Le voyage prenait une semaine. Maintenant, c'est mieux. Il faut seulement une journée de Lhassa à Qamdo grâce à l'aéroport et les routes goudronnées », nous explique-t-il.

Au début des années 1990, Qamdo était l'une des régions les plus en avance en matière de médecine traditionnelle tibétaine. « L'hôpital était d'un bon niveau, on était aussi très bien fourni en plantes médicinales des montagnes. »

De juillet 1990 à octobre 1995 à Qamdo, Migmar a beaucoup appris. Il a appris à donner des consultations et des diagnostics et a aussi appris la pharmacologie tibétaine. Cela lui a permis de devenir un bon médecin.

Hériter et diffuser

Migmar a également fait de grands progrès dans les traitements externes grâce à son professeur. « Mon professeur est excellent en traitement externe, notamment en saignée. »

Les traitements traditionnels tibétains se basent sur des comportements hygièniques, nutritionnels, de médicaments et de traitements externes. Les deux premiers types de traitement ressemblent aux moyens de ménager la santé dans la médecine traditionnelle chinoise. Les traitements externes comprennent la saignée, l'acupuncture, les ventouses, la chirurgie, les cataplasmes, les bains de médicaments, les massages, etc.

« Dans la médecine traditionnelle tibétaine, l'astronomie est considérée comme partie-intégrante de la médecine et ce, même aujourd'hui. » Pour lui, la médecine traditionnelle tibétaine est l'étude du corps humain, l'astronomie est celle sur l'univers dans lequel l'homme vit. Certaines maladies sont plus fréquentes à certaines saisons et les symptômes d'une maladie varient selon celles-ci. Il existe aussi des remèdes différents pour chaque période de la journée. Les plantes médicinales ont également différents effets à différentes saisons », détaille Migmar.

Les recherches que Migmar a fait en traitement externe lui ont valu d'être inscrit en 2010 sur la liste des héritiers du patrimoine immatériel au niveau national dans ce domaine.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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