Témoin du développement de la Chine
« Au lancement de ma boutique, mes clients étaient exclusivement étrangers. Mais depuis près d'un an et demi, je constate que la tendance s'inverse : aujourd'hui, les acheteurs sont à 60 % Chinois et à 40 % étrangers. » Il note également une différence de consommation entre les deux catégories. « En temps normal, les étrangers sont prêts à mettre la main au porte-monnaie pour obtenir un bijou authentique. Les Chinois, eux, regardent plus à la dépense, mais néanmoins, reviennent plus régulièrement à la boutique. »
Ces observations démontrent à quel point l'essor économique de la Chine a permis de rehausser le niveau de vie de la population. Ce développement spectaculaire de la Chine, Nicolas précise qu'il ne l'avait pas anticipé : « Tout a changé ! Quand je suis arrivé dans le pays, tout était en construction, les routes étaient en mauvais état, des paysans vendaient leurs fruits à l'arrière d'une carriole... Aujourd'hui, la ville a clairement rattrapé son retard sur les capitales des pays développés. » Et d'ajouter en plaisantant : « Je trouve aussi que les filles sont mieux habillées de nos jours. Et puis, elles sont plus rayonnantes, puisqu'elles portent mes bijoux ! »
D'après lui, le secteur de la joaillerie a également grandi en Chine. « Auparavant, j'allais chercher mes matières premières sur un “pauvre marché de cailloux”. Désormais, je connais de nombreux fournisseurs chinois. Quelles que soient la taille et la forme de la gemme que je recherche, je suis sûr de pouvoir la trouver, ce qui n'était pas le cas jadis. Par ailleurs, les vendeurs sont nettement plus professionnels : on sent qu'ils savent de quoi ils parlent dorénavant. »
D'ailleurs, les artisans joaillier comme lui ne faisaient pas légion à son arrivée. Seules de grosses enseignes comme Cartier monopolisaient le marché. Mais la situation change... « Les petits créateurs commencent à faire parler d'eux. Je ne vois pas ce phénomène comme un risque de concurrence à vrai dire, mais comme une émulation : les Chinois sont de plus en plus curieux de notre art, et de plus en plus se forment au métier... Ils donnent ainsi d'autant plus de valeur à notre savoir-faire. »
Aujourd'hui, Nicolas Favard peut encore se considérer comme une « perle rare », car les joailliers étrangers qui montent leurs affaires en Chine ne courent pas les rues... « J'en connais 3-4, mais la plupart opèrent davantage dans le domaine commercial qu'artisanal à proprement parler. » Lui n'a jamais voulu faire de la gestion, mais de la création !
Nicolas a le cœur qui balance entre son pays d'origine et son pays d'adoption. Il envisage de rentrer en France dans quelques années, mais avoue que beaucoup de liens le retiennent en Chine. « Quoi qu'il en soit, je vois mon parcours en Chine comme un atout pour le futur. Même depuis la France, je conserverai des contacts et pourrai travailler en collaboration avec d'autres créateurs. Grâce à mon expérience, je pourrai servir de pont entre la Chine et la France dans le secteur de la bijouterie. »