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Les entreprises chinoises prennent part à l'accélération de la réforme de la fintech en Afrique

Xinhua | 24.08.2021 08h17

En quelques pressions du doigt sur son smartphone, on peut appeller un taxi, commander des plats dans un restaurant, faire des achats dans des magasins ou en ligne... De telles scènes sont devenues aujourd'hui de plus en plus courantes dans les pays africains. Une véritable révolution numérique est en train d'y avoir tranquillement lieu, alors que de nombreuses plateformes de paiement électronique ont germé sur le continent pour permettre à leurs utilisateurs de transférer de l'argent via leurs smartphones.

Au cours de la dernière décennie, le marché de l'argent mobile en Afrique a connu une croissance exponentielle, en faisant un leader mondial dans l'innovation et l'utilisation du paiement mobile, a indiqué Amadou Sy, ancien directeur de l'Africa Growth Initiative à la Brookings Institution et conseiller au département Afrique du Fonds monétaire international.

Les centaines de millions d'utilisateurs de téléphones portables africains sont jeunes et prêts à accepter de nouveaux concepts, ont constaté les experts. Ils sont ouverts au paiement numérique ainsi qu'aux produits dérivés des technologies financières. Un marché de potentiel aussi énorme représente évidemment un attrait unique pour les entreprises et les investisseurs du monde entier.

Parmi eux figure Catalyst Fund, accélérateur américain de start-ups et d'entreprises innovantes soutenu par la banque JP Morgan Chase et la Fondation Bill & Melinda Gates. Il a annoncé plus tôt ce mois que six start-ups, dont trois opérant en Afrique, ont été choisies pour participer à son programme Inclusive Fintech.

En tant que leadeur en matière de paiement mobile, les entreprises chinoises souhaitent prendre leur part aussi dans l'industrie de la fintech africaine.

M-Pesa est l'une des plateformes de paiement électronique les plus importantes en Afrique. Créée en 2007 par la compagnie de téléphone kenyane Safaricom et dont le volume des transactions a déjà dépassé celui de la plupart des banques du Kenya, elle s'appuie sur une solution d'entreprise fournie par Huawei Technologies.

Ce n'est là qu'un des exemples de l'avancée de Huawei sur le marché des télécommunications en Afrique, où elle s'est étendue au-delà de la construction des infrastructures jusqu'à un large éventail de solutions et de services d'entreprise, notamment en fournissant à ses clients des applications de paiement mobile dans une dizaine de pays.

Opera, navigateur Web racheté par Beijing Kunlun Technology en 2016, va encore plus loin. La société cotée au Nasdaq a lancé au Nigeria une série de produits dont l'outil de paiement en ligne Opay, l'application de prêt OKash, l'application de vélo ORide et la plateforme de commande de nourriture OFood.

Zhou Yahui, fondateur de Beijing Kunlun Technology et PDG d'Opera Limited, a qualifié le marché africain de "marché de l'océan bleu". Mais la participation des entreprises chinoises à la fintech africaine ne s'est pas faite sans heurts. Confrontées à des infrastructures de télécommunication et des terminaux personnels parfois "démodés", les entreprises ne peuvent pas se contenter de transplanter en Afrique leur modèle existant, mais doivent s'adapter aux conditions locales en localisant leurs technologies. Par exemple, une version simplifiée fonctionnant sur les réseaux 2G pour que les utilisateurs puissent envoyer des fonds via des SMS sans avoir besoin d'utiliser un smartphone.

L'argent mobile s'est avéré être une excellente solution pour amener la population à faible revenu dans un environnement bancaire formel, avec la possibilité de leur offrir une gamme de produits pratiques tels que l'assurance et les prêts, a signalé Dobek Pater, directeur du développement commercial du cabinet d'études de marché Africa Analysis.

Pour les entrepreneurs chinois, cela représente une très bonne opportunité d'investissement et de croissance, jamais vue à une telle envergure dans d'autres régions du monde dotées d'un secteur financier mieux développé. Pour les pays africains, il s'agit d'une occasion de rattraper les retards et s'intégrer rapidement dans l'ère de l'Internet mobile et des données financières tout en s'inspirant des technologies d'innovation Internet chinoises.

"A long terme, les mégadonnées de l'Internet mobile pourraient promouvoir la construction du système de crédit personnel et d'entreprise, améliorer le crédit et l'efficacité commerciaux de l'ensemble de la société, et optimiser l'environnement d'investissement en Afrique", a estimé M. Zhou.

A ses yeux, l'entrée dans le marché africain n'est pas "d'exploiter de l'or" mais de "cultiver la terre". "Ca sera peut-être un processus long et difficile, mais nous finirons par récolter", a-t-il prédit.

(Rédacteurs :Shuang Sheng, Ying Xie)
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