Dernière mise à jour à 08h18 le 30/05
Les efforts internationaux visant à rejeter des tendances protectionnistes sans cesse croissantes seront au coeur du sommet du G20 qui se déroulera début septembre à Hangzhou (est de la Chine).
Cette semaine, la Commission américaine du commerce international a annoncé qu'elle allait ouvrir une enquête sur des accusations d'entente sur les prix, de vols de secrets de commerce et de dissimulation de l'origine réelle de produits exportés visant des entreprises sidérurgiques chinoises.
Une telle décision s'inscrit dans la droite ligne du protectionnisme commercial et permet aux industriels locaux d'abuser des lois nationales pour écarter leurs rivaux étrangers. Dans cette affaire, le sidérurgiste US Steel cherche à bloquer la quasi-totalité des importations des plus grandes sociétés chinoises.
Les accusations reposent sur des fondements totalement arbitraires, car les prix des exportations d'acier américain ne peuvent se baser que sur la loi de l'offre et de la demande. La situation actuelle est le fruit d'une surproduction sur le marché mondial qui a entraîné les prix à la baisse.
Il est notoire que les sidérurgistes chinois sont compétitifs dans certains secteurs du marché de l'acier, en grande partie grâce à plusieurs avantages comparatifs. Par essence, le commerce mondial est le fruit d'une division internationale du travail mutuellement bénéfique qui se base sur ces avantages comparatifs.
En vertu de cette division, il est naturel que les entreprises américaines soient très présentes dans les secteurs où elles excellent, tandis que les entreprises chinoises le sont sur d'autres.
Ceci profite à tout le monde, même si ces avantages comparatifs peuvent varier au fil du temps, car une économie peut emprunter une voie différente. Auquel cas, cela entraîne une période de douloureux réajustement pour certaines entreprises.
Les Etats-Unis pratiquent le protectionnisme de façon notoire en invoquant de nombreux prétextes tels qu'une entente des prix illégale ou des inquiétudes erronées en matière de sécurité nationale.
Une étude de Simon Evenett, professeur de commerce international et de développement économique à l'Université de Saint-Gall en Suisse, a montré que les Etats-Unis font partie des quatre pays qui ont appliqué le plus de mesures protectionnistes parmi ceux du G20.
Cette nouvelle affaire concernant l'acier survient dans une conjoncture économique atone qui met la pression sur des entreprises sidérurgiques confrontées à une surproduction.
De telles attitudes ne profiteront à personne. Si elles vont sans aucun doute causer du tort aux entreprises chinoises, elles vont tout autant nuire aux intérêts des consommateurs américains qui vont payer un acier plus cher. Les sidérurgistes américains seront eux aussi confrontés un jour à ces mêmes défis et il semble inévitable qu'ils perdront la course à long terme si leur survie dépend du protectionnisme. Et les Etats-Unis perdront également une occasion de résoudre des questions systémiques profondes.
Il est également possible que cette offensive américaine entraîne une contre-offensive et des tensions commerciales, ce qui ne pourra que nuire aux industries des deux côtés du Pacifique.
Le protectionnisme n'a cessé de croître dans un contexte d'économie en ralentissement. Ainsi, les pays européens ne savent plus trop comment respecter leur promesse d'accorder à la Chine le statut d'économie de marché. Par ailleurs, des experts jugent contraire à l'esprit du commerce international le fait que les Etats-Unis utilisent le Partenariat transpacifique (TPP) pour écarter la Chine des grands accords commerciaux mondiaux.
Le protectionnisme doit être combattu et le G20 doit être à la pointe de ce combat, que ce soit en promouvant l'Accord de facilitation des échanges de l'OMC, en réduisant les derniers obstacles tarifaires et non-tarifaires ou encore en négociant des accords de libre-échange dans certains marchés comme par exemple celui des biens environnementaux.
Ce n'est alors qu'à ce moment là que le commerce pourra se dérouler librement et équitablement comme il se doit.