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La Chine et les Etats-Unis entendent renforcer la sécurité nucléaire

Xinhua | 26.03.2016 10h11

Avec un programme bilatéral de formation doublé d'un centre de recherche inauguré à la veille du Sommet sur la sécurité nucléaire (SSN) de Washington, la Chine et les Etats-Unis envisagent d'accroître leur coopération dans ce domaine.

LE CENTRE SUR LA SECURITE NUCLEAIRE

La première pierre du Centre d'excellence sur la sécurité nucléaire, un centre de recherche et de formation sino-américain, a été posée en décembre 2013 dans un faubourg du sud-ouest de Beijing.

Plus de deux ans après, ce centre doté de laboratoires, de lieux d'exposition, de salles de classe et de sites d'essai a ouvert ses portes au début du printemps 2016.

Ce centre "est une installation de niveau mondial pour les responsables de la sûreté nucléaire de Chine, de la région asiatique et du monde, ainsi qu'un lieu d'échanges techniques", a salué le ministre américain de l'Energie Ernest Monitz lors de l'inauguration du site le 18 mars dernier.

Occupant environ quatre pâtés de maison, ce centre servira à la fois à mener des recherches et à former des personnels chinois et asiatiques à des tâches aussi diverses que la sécurisation des matériaux nucléaires dangereux et la protection des réacteurs en cas d'attaque.

C'est le plus grand projet nucléaire du genre cofinancé par les gouvernements chinois et américain et également le plus grand site consacré à la sécurité nucléaire dans toute la région Asie-Pacifique.

Qualifié d'"exemplaire" par M. Moniz, ce centre est le fruit du consensus entre Beijing et Washington selon lequel le risque de terrorisme nucléaire constitue un danger pour tous. Aussi, tous les dirigeants de la planète doivent œuvrer à renforcer chacun des liens de la chaîne de la sécurité nucléaire mondiale.

Les intérêts des deux pays sont étroitement liés, estime Shen Dingli, membre du Conseil global de l'Asia Society, un think tank basé à New York, et expert en sécurité nucléaire auprès de l'Université Fudan à Shanghai.

Les règles en vigueur aujourd'hui pour éviter que les matériaux nucléaires ne tombent en de mauvaises mains sont imparfaites, car il n'existe aucun standard international en matière de sécurité nucléaire et des terroristes pourraient en profiter.

Aujourd'hui, fabriquer une bombe nucléaire "sale" est bien plus facile de fabriquer un engin sûr et fiable. Et il est même possible de fabriquer une bombe artisanale avec de l'uranium enrichi ou du plutonium civil, ont averti des experts.

"Tant les Etats-Unis que la Chine possèdent des centrales nucléaires contenant des matières fissiles et radioactives. Ils n'ont certainement pas envie que des terroristes s'en emparent", rappelle M. Shen.

"Les deux pays partagent les mêmes intérêts et cherchent des moyens de coopérer. Cette joint-venture qu'est le Centre d'excellence sur la sécurité nucléaire en est un bon exemple", ajoute-t-il.

Par ailleurs, le choix de l'inauguration de ce centre, à la veille du 4e Sommet sur la sécurité nucléaire les 31 mars et 1er avril à Washington, donne une image encore plus positive de cette coopération.

SOMMETS SUR LA SECURITE NUCLEAIRE

Cette année, le président chinois Xi Jinping et plus de 50 dirigeants mondiaux se rencontreront dans la capitale américaine pour discuter de questions telles que la prolifération nucléaire et le terrorisme à l'occasion de ce quatrième et dernier sommet biennal sur la sécurité nucléaire mondiale.

"Je suis certain que le président Xi Jinping et le président Obama discuteront de l'envie commune de nos deux pays de poursuivre leur coopération", a indiqué le ministre américain de l'Energie.

Les dirigeants chinois ont participé aux trois derniers sommets sur la sécurité nucléaire, ce qui montre, selon des analystes, que la Chine accorde une grande importance à l'engagement planétaire et à la coopération bilatérale en matière de sécurité nucléaire.

"Il existe nombre de points de convergence (entre les deux pays) sur la sécurité nucléaire. Je pense que la coopération entre les Etats-Unis et la Chine est très positive", selon Matthew Bunn, ancien conseiller de la Maison Blanche et expert à la Havard Kennedy School.

Lors du SSN qui s'est tenu en 2014 à La Haye, M. Xi a indiqué que la sécurité nucléaire devait être un effort mondial et que le processus international de sécurité nucléaire devrait inclure davantage de pays.

Pour M. Obama, le terrorisme nucléaire est l'une des plus grandes menaces à la sécurité internationale et il est nécessaire d'agir pour renforcer le système mondial de la sécurité nucléaire.

Lors de la visite d'Etat de M. Xi aux Etats-Unis en septembre dernier, les deux chefs d'Etat ont convenu d'approfondir leur coopération dans ce domaine.

ENGAGEMENT NUCLEAIRE BILATERAL

Le consensus de haut niveau atteint en matière de sécurité nucléaire n'est pas simplement symbolique, mais a donné des résultats tangibles.

Au cours de la dernière décennie, les deux pays ont œuvré ensemble pour parvenir à l'objectif d'un monde débarrassé de la menace du terrorisme nucléaire ainsi que dans d'autres domaines de la sécurité non traditionnelle, tels que le changement climatique.

"La coopération sino-américaine en matière de sécurité nucléaire s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années", observe Hui Zhang, directeur des recherches sur la politique nucléaire chinoise à la Harvard Kennedy School.

Cet engagement nucléaire commun inclut des formations approfondies et des ateliers destinés à discuter de sujets allant d'approches sur la mise au point de systèmes de protection physiques à des mesures favorisant le renforcement de la culture de sécurité en passant par une coopération dans la construction du centre de formation de Beijing, fait remarquer M. Zhang.

"Je pense qu'il faut en faire plus, mais beaucoup a déjà été fait", note M. Bunn en faisant écho aux remarques de M. Zhang.

"Il reste encore beaucoup plus à faire ensemble pour former et motiver les autres pays d'Asie de l'Est" dans ce domaine, indique Matthew Bunn.

La Chine et les Etats-Unis doivent renforcer leur coopération bilatérale en matière de sécurité nucléaire dans le secteur civil et l'étendre au secteur militaire, estime M. Zhang.

Néanmoins, pour garantir que leur future coopération se déroule sans heurts, partager un consensus et une volonté n'est pas suffisant, font remarquer des experts nucléaires.

"Le diable est dans les détails", note M. Shen, en référence au caractère très sensible des renseignements nucléaires de chaque pays.

M. Zhang propose que Washington et Beijing relancent leur programme d'échanges techniques entre laboratoires suivi entre 1995 et 1998.

"Pour commencer, ce programme devrait commencer par les activités les moins sensibles que l'on estime comme étant mutuellement bénéfiques", suggère-t-il.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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