Dernière mise à jour à 09h06 le 15/09
Beni, une ville dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), est "paralysée" dans le cadre de l'opération "ville morte" de 48 heures depuis lundi déclarée par la société civile locale, selon laquelle le peuple "en a marre" de violences menées par les groupes armés depuis des décennies.
Ecoles fermées, marchés en désert ... les activités socio-économiques sont paralysées depuis lundi à Beni, une ville ensanglantée par les atrocités attribuées aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Cette situation fait suite à un appel de la société civile, qui a réclamé deux jours sans activités, pour demander aux autorités de chercher des solutions aux problèmes de sécurité dans la région.
"Nous avons décrété deux jours sans activités en ville de Beni à la demande de la population qui a suffisamment souffert des massacres en répétition depuis maintenant une décennie", a déclaré à Xinhua Pascal Muliwavyo, un des leaders de la société civile de Beni, notant que le peuple "en a marre" de toutes les souffrances qu'ils ont endurées.
"Chaque nuit, on compte cinq ou sept ménages investis par des bandits qui portent des tenus militaires, policières et civiles" avec des armes à feu ou des armes blanches, a précisé M. Muliwavyo, notant que leur décision de mettre sous sédatifs la ville visait à "sensibiliser" le gouvernement pour que la paix se rétablisse dans la région.
Environ deux mois plus tôt, la ville a également été "fermée" pendant 48 heures, à la suite d'un double attentat à la bombe faisant un mort et de multiples blessés fin juin. Les habitants semblent être en faveur de cette décision de la société civile, même s'ils ont dû perdre leur revenu de deux jours.
"Nous souffrons vraiment à Beni", avec souvent des véhicules incendiés et des cambriolages dans les maisons, a indiqué Henriette Masika, une marchande locale, ajoutant que la fermeture était un "un cri d'alarme".
"Nous avions des champs où nous produisions des cacaos, mais actuellement nous n'y accédons pas" par crainte d'être tués par des rebelles des ADF, a-t-elle déclaré.
Depuis le début de cette année, les membres des ADF ont intensifié leurs attaques dans les provinces du Nord-Kivu et d'Ituri. Face à l'insécurité croissante dans la région, le président de la RDC Felix Tshisekedi a déclaré l'état de siège dans les deux provinces en fin avril, une décision permettant au gouvernement de la RDC d'y placer l'armée et la police à la tête des administrations politiques.
Le Bureau des Nations Unies de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a exprimé récemment ses préoccupations quant à la "détérioration de la situation" à Beni. Dans les deux premières semaines du mois d'août, au moins 27 civils ont été tués dans cette zone, où 37 autres civils ont déjà été tués en juillet, a indiqué l'OCHA, ajoutant que plus de 710.000 personnes avaient été déplacées dans le territoire de Beni.