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L'impasse politique menace de faire dérailler les nouvelles élections au Kenya

Xinhua | 08.09.2017 08h42

Les querelles grandissantes opposant les principaux acteurs de l'élection présidentielle kenyane, qui doit être recommencée le 17 octobre, menacent de faire dérailler ce scrutin essentiel qui pourrait déterminer l'avenir de ce pays d'Afrique de l'Est.

Les disputes sont menées à deux niveaux, tout d'abord entre des acteurs politiques décidés à régler la question dans les urnes, et ensuite au niveau de la commission électorale.

Le parti du Jubilé, dirigé par le président Uhuru Kenyatta, et la Super alliance nationale (NASA), principal mouvement d'opposition dirigé par Raïla Odinga, ne sont pas parvenus à tomber d'accord sur les questions essentielles concernant cette élection, y compris sur la date du scrutin prévue le 17 octobre.

M. Odinga a contesté en justice auprès de la Cour suprême le résultat des élections du 8 août, qui donnaient la victoire à M. Kenyatta, et les juges lui ont donné raison en annulant le verdict de la commission électorale et en ordonnant la tenue de nouvelles élections.

M. Odinga a rejeté la nouvelle date annoncée par la Commission électorale, faisant valoir que la NASA n'avait pas été consultée, tandis que M. Kenyatta insiste pour que les élections aient lieu à cette date.

"Il n'y aura pas de scrutin le 17 octobre. La commission électorale doit consulter tous les acteurs avant de proposer une date", a déclaré M. Odinga jeudi.

Plus d'une dizaine de députés de la coalition NASA ont soutenu ses propos en réclamant que la commission électorale change la date.

"L'avis publié par la commission dans la Gazette n'est pas gravé dans le marbre. La date des élections peut encore être changée", a déclaré John Mbadi, président de l'ODM, un des partis qui forme la NASA.

De leur côté, M. Kenyatta et ses alliés du Jubilé accusent M. Odinga de vouloir poser ses conditions à la commission électorale, et insistent pour que les élections aient lieu le 17 octobre.

Jeudi, la commission électorale devait rencontrer les deux parties opposées pour chercher un moyen d'avancer mais cette réunion a été reportée à plusieurs reprises, et des reportages indiquent que les rivaux ne sont pas parvenus à s'entendre sur un front commun.

Les dirigeants du Jubilé et de la NASA ont également contesté les responsables de la commission électorale nommés pour superviser les élections.

La NASA a tiré la première salve, appelant à limoger au moins quatre des responsables impliqués dans les élections contestées et annulées par la Cour suprême, et la commission a apparemment entendu cet appel en nommant une nouvelle équipe.

Toutefois, les dirigeants du Jubilé ont rejeté la nouvelle équipe en affirmant qu'elle compte des officiers connus pour leurs sympathies (envers la NASA).

"Après publication des noms de votre projet d'équipe électorale, nous avons reçu des informations crédibles qu'il figure dans cette liste des personnes connues comme étant partisanes" a déclaré le secrétaire général du Jubilé, Raphael Tuju, dans une lettre à la commission mercredi.

Pour sa part, le président de la Commission électorale, Wafula Chebukati, a rejeté ces allégations et souligné que les politiciens ne devaient pas interférer dans le travail de la commission.

"Par conséquent, il est inacceptable que vous fournissiez une liste de personnes que vous ne voulez pas voir comme membres de cette équipe", a-t-il dit.

Tandis que les partis politiques poursuivent leurs quelles, la commission électorale est également frappée par une crise interne entre ses dirigeants, révélée par des fuites de mémos internes, tandis que des responsables limogés suite aux irrégularités du scrutin du 8 août contestent en justice cette décision.

De son côté, la communauté d'affaires a tiré la sonnette d'alarme sur la crise qui secoue la commission électorale et les représentants politiques, et les incertitudes que cette crise génère.

Mkenya Daima, un lobby de hauts hommes d'affaires, a indiqué jeudi que les élections devaient être menées sans retard excessif car l'incertitude est en train de nuire à l'économie.

"Cette année, les élections générales se sont étalées sur deux trimestres, et on ne sait pas clairement quand les tensions politiques s'apaiseront. Il est probable que les incertitudes prolongées générées par les élections ralentissent la croissance économique en 2017", a déclaré jeudi le secrétaire principal à la planification de Mkenya Daima.

"La commission électorale a annoncé la date du 17 octobre pour ces élections mais nous ne savons pas si cela aura lieu car la NASA a rejeté cette date. Nos élèves et étudiants se préparent pour leurs examens nationaux une semaine après les élections, et cette crise génère des incertitudes car elle pourrait aboutir à un report des examens", souligne de son côté Willis Amurili, comptable à Nairobi et parent d'élève.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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