Dernière mise à jour à 14h31 le 08/03
L'exportation illicite de noix de cajou de la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, vers le Ghana voisin ne connaît pas de répit avec près de 15.000 tonnes de produits frauduleux saisis à la frontière entre les deux pays moins de deux mois après l'ouverture de la campagne 2016.
La dernière saisie de plus de 10.000 tonnes a été opérée dans la nuit de vendredi par l'armée ivoirienne dans les départements de Bondoukou et de Transua (Nord-Est) frontaliers avec le Ghana, a-t-on appris lundi de source sécuritaire locale.
Ce coup de filet du Bataillon de sécurisation de l'Est (BSE) porte à près de 15.000 tonnes, la production de noix de cajou en exportation illicite saisie à la frontière depuis l'ouverture de la campagne en Côte d'Ivoire le 10 février.
La région de Bondoukou est non seulement l'une des plus importantes zone de production de l'anacarde en Côte d'Ivoire, mais également la plus grande porte de sortie frauduleuse des noix de cajou vers le Ghana, particulièrement, à cause de la porosité des frontières.
Depuis quatre ans, le gouvernement a décidé d'aller en guerre contre la fuite de la production ivoirienne de noix de cajou qui a atteint un record de plus de 100.000 tonnes représentant en 2012 le quart de la production nationale estimée à 450.000 tonnes la même année.
Un atelier, suivi de campagnes de sensibilisation, a permis de réfléchir sur les stratégies à mettre en place en vue de "mettre fin ou du moins de limiter le phénomène à des proportions raisonnables" à partir d'un diagnostic des causes du trafic illicite de noix de cajou vers le Ghana.
Selon un spécialiste de la filière, la situation est due au prix plus rémunérateur et au coût du transport nettement moins cher au Ghana.
"Le paysan qui achemine sa production vers le port d'Abidjan dépense 600.000 francs CFA au titre du transport contre 150.000 francs pour le paysan qui vend sa production au Ghana où le kilo de noix de cajou varie entre 400 et 500 francs CFA contre 250 à 350 francs CFA à Abidjan", explique-t-il.
Face à l'ampleur et à la persistance du phénomène, le gouvernement a engagé une réforme de la filière avec pour objectif de permettre aux producteurs de tirer un meilleur profit de la mise sur le marché de leurs produits à travers un système de commercialisation qui leur offre "un prix minimum garanti".
Pour la campagne en cours, le gouvernement a annoncé un "prix plancher obligatoire" d'achat aux producteurs de 350 F CFA (0,7 USD) le kilogramme contre 275 FCFA (0,55 USD) lors de la précédente campagne.
La production ivoirienne de noix de cajou est passée de 565 000 tonnes en 2014 à 702 000 tonnes en 2015, faisant de la Côte d'Ivoire le premier producteur mondial de cajou devant l'Inde (650.000 tonnes, 22% de la production mondiale) et le Vietnam (325.000 tonnes, 11%).
La production exportée sous forme de noix brute vers l'Inde (95%) et le Vietnam (5%) est le fait de petits planteurs (environ 250 000) regroupés dans une vingtaine de coopératives employant 1,5 million de personnes directement ou indirectement dans une dizaine de régions principalement dans le nord et le centre du pays.
L'Etat ivoirien veut atteindre un million de tonnes d'ici 2020 et relever le défi du faible niveau de transformation locale, de 6% en 2015, avec pour objectif "d'être pratiquement à 100% de transformation de la noix de cajou à l'horizon 2020".
Le gouvernement compte sur une usine ouverte en 2012 à Bouaké (Centre) et deux autres en construction à Korhogo (Nord) et Bondoukou (Nord-Est).