Dernière mise à jour à 09h16 le 16/09
Le Cameroun est réuni depuis lundi à Yaoundé avec ses partenaires techniques et financiers pour mobiliser plus de 1.500 milliards de francs CFA (3 milliards de dollars) pour le financement de son Plan national d'investissement agricole (PNIA), considéré comme un outil en vue de l'amélioration de la productivité de ce secteur et de la croissance économique nationale.
Mécanisme lié à la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (PDDA) adopté par l'Union africaine (UA) afin d'encourager ses Etats membres à booster ce secteur le rendre compétitif, le Plan national d'investissement agricole (PNIA) avait été validé en avril 2014 par le gouvernement camerounais.
Son coût est chiffré à hauteur de 3.551 milliards de francs CFA (7,102 milliards de dollars) pour la période 2014-2020. Avec sa propre contribution, le gouvernement annonce avoir d'ores et déjà enregistré des engagements de financement de l'ordre de 2.042 milliards de francs (4,084 milliards de dollars).
Parmi ces fonds, plus de 600 millions d'euros, soit environ 400 milliards de francs CFA, proviennent des partenaires techniques et financiers réunis au sein du comité multipartenaires, a révélé lundi à Yaoundé l'ambassadeur d'Allemagne au Cameroun, Holger Mahnicke, chef de file de ces acteurs de développement.
"Ce sont des programmes qui sont déjà en cours dont j'ai mentionné le montant de 600 millions d'euros. Chaque partenaire maintenant doit définir quelles sont les autres possibilités, sa disponibilité pour appuyer les efforts du Cameroun", a expliqué le diplomate allemand dans un entretien avec Xinhua.
"Nous en Allemagne on a fait un pôle prioritaire pour le développement du secteur agricole lors des dernières négociations gouvernementales et on donnera suite à ce programme probablement lors des négociations qui se dérouleront l'année prochaine entre le gouvernement d'Allemagne et le gouvernement du Cameroun", a-t-il ajouté.
A elle seule, l'Allemagne a pour l'instant mis à disposition pour ce programme plus de 50 millions d'euros (32,5 milliards de francs CFA), d'après M. Mahnicke.
Pour le tour de table prévu mardi en marge de la "conférence de mobilisation des ressources "business meeting" pour le financement du Plan national d'investissement agricole" ouverte lundi, les autorités de Yaoundé cherchent à lever les 1.500 milliards de francs CFA de besoins manquants.
Le tiers de cette somme sera fourni par le gouvernement lui-même, soit environ 500 milliards de francs (1 milliard de dollars), a annoncé le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye.
D'après certaines indiscrétions, un financement de près de 200 milliards de francs CFA (400 millions de dollars) sera octroyé par la Banque africaine de développement (BAD).
De manière générale, l'objectif visé par le PNIA est d'accroître les budgets publics dédiés au secteur rural, pour répondre à une recommandation de l'Union africaine à ses Etats membres ayant prescrit un taux moyen de 10%. Jusqu'en 2014, le Cameroun n'avait pas encore pu réaliser la moitié de cette norme, son pourcentage étant estimé à environ 4,5%.
Or, le pays recèle des "potentialités agropastorales et halieutiques certaines", selon le ministre de l'Agriculture et Développement rural.
Résolu à faire de son PNIA "un outil efficace de mise en œuvre de la politique agricole" qui met en avant le concept d'agriculture de seconde génération, le gouvernement entend à présent promouvoir l'expansion du commerce agricole, à travers la mise en place de chaînes de valeurs.
Il dit s'engager à prendre en compte à la fois les préoccupations des exploitations agricoles familiales et celles des exploitations de moyenne et de grande importance, c'est-à-dire industrielles. Pour cela, l'implication effective du secteur privé fait partie des priorités avec l'amélioration des mesures incitatives en faveur des petits producteurs.
En attendant le développement de nouvelles compétences, l'exécution de ce programme sera cependant confrontée à ses débuts à une contrainte, qui réside dans l'insuffisance d'une ressource humaine de qualité, à savoir les techniciens agricoles, à l'origine d'un faible soutien aux paysans.
Les partenaires techniques et financiers invitent quant à eux le gouvernement à préciser "davantage ses priorités en termes de besoins d'appui".
"Nous pensons également qu'il conviendra de veiller à harmoniser les modalités de pilotage du PNIA avec celles des autres processus en cours au Cameroun, comme la stratégie de développement du secteur rural (SDSR)", a souligné l'ambassadeur d'Allemagne.