Dernière mise à jour à 17h47 le 27/04

Page d'accueil>>Sci-Edu

CGN et Zheng Weiping, un "homme d'or" de l'industrie nucléaire chinoise

le Quotidien du Peuple en ligne | 27.04.2019 15h04

Les premiers "hommes d'or" en France pour recevoir la formation nucléaire, le 26 décembre 1989. (Photo : CGN)

En Chine, on appelle les "hommes d'or" ceux qui furent envoyés en France vers la fin des années 1980 pour suivre une formation en gestion des centrales nucléaires. C'était la première génération d'opérateurs nucléaires chinois, dont les coûts de formation équivalaient, à cette époque, au même volume d'or d'un corps humain, et c'est pourquoi on les appelait les "hommes d'or". Zheng Weiping fut sélectionné parmi les premiers jeunes opérateurs qui ont séjourné en France. Aujourd'hui conseiller principal auprès l'Association mondiale des opérateurs nucléiares (WANO) pour représenter la CGN (China General Nuclear Power Corporation), il a raconté, avec autant d'émotion que d'admiration, son parcours personnel qui témoigne également du développement de l'industrie nucléaire de la Chine depuis les 30 dernières années.

Les premiers "hommes d'or" arrivent en France en avril 1989. (Photo : CGN)

C'est l'exigence qui mène à la réussite

Diplômé du département de génie thermique de l'Université de Chongqing en 1984, le jeune Zheng Weiping avait déjà eu un aperçu de sa future profession particulière. Pendant les cinq ans qui suivirent ses études, il fut appelé à participer à des stages dans des usines électriques, à suivre des formations en physique des réacteurs, en réacteur à eau sous pression (REP) et en langue française. Ayant passé de nombreux examens très exigeants, Zheng Weiping fut sélectionné comme l'un des premiers opérateurs chinois -dont le nombre total ne dépassait pas la vingtaine- pour suivre une formation à la Centrale nucléaire de Graflin, en France, à partir d'avril 1989.

La formation a duré un an. Dans le souvenir de Zheng Weiping, la vie pendant cette période a été strictement rythmée par des horaires fixes de l'apprentissage et des examens. Toutes les deux semaines, ces futurs opérateurs nucléaires chinois qui étaient âgés d'une vingtaine d'années jusqu'à 40 ans, devaient passer des épreuves de compétence, et avoir deux fois une note D avait pour conséquence le retour en Chine. Pour Zheng Weiping, la plus grande joie de cette époque, ce fut sa réussite aux examens.

Ce qui a profondément impressionné Zheng Weiping pendant son stage à la Centrale nucléaire de Graflin, c'est l'esprit de rigueur incarné dans tous les détails du travail de ses homologues français. Les experts français étaient aussi fiers de pouvoir transmettre leur savoir-faire à ces jeunes apprentis qui deviendraient les premiers chefs opérateurs nucléaires en Chine. Aujourd'hui, presque 30 ans après, c'est à Zheng Weiping de transmettre le même esprit de rigueur aux jeunes générations d'ingénieurs chinois.

 La première opération du réacteur à Daya Bay. (Photo : Zheng Weiping)

Sens de la vocation et esprit de professionnalisme

Une fois revenu de France, Zheng Weiping est entré dans l'équipe de la Centrale nucléaire de Daya Bay alors en pleine construction. Etant l'un des premiers chefs opérateurs, il put enfin manipuler de ses propres mains les machines. Son expérience en France lui avait valu énormément de respect de la part de ses collègues, ce qui a renforcé sa détermination à se consacrer au développement nucléaire de la Chine. Il a souvent dit :  "Ce que j'ai appris de mes homologues français pendant mon séjour à Graflin se limite-t-il au côté technique ?" Evidemment non. Selon Zheng Weiping, une seule année de stage ne suffit pas à améliorer largement le niveau technique. Mais l'influence des experts français, c'est leur professionnalisme qui persiste dans l'esprit de Zheng Weiping jusqu'à aujourdhui.

De nombreuses années après son stage en France, Zheng Weiping s'est rendu compte de l'envergure du projet de la Centrale de Daya Bay. La construction de la centrale a coûté 4 milliards de dollars, alors que les réserves de change de la Chine ne représentaient à cette époque que 167 millions de dollars. C'était un projet de très grande importance qui a mobilisé non seulement beaucoup de ressources nationales mais aussi internationales. Devant une telle réalisation grandiose, Zheng Weiping a exprimé à plusieurs reprises le sentiment que sa contribution individuelle demeurait insignifiante et que le sens de la vocation l'encombrait toujours.

Zheng Weiping et son collègue lors de la première opération du réacteur à Daya Bay. (Photo : Zheng Weiping)

S'engager pour devenir une référence de l'industrie nucléaire mondiale

Aujourd'hui, Zheng Weiping est conseiller principal auprès l'Association mondiale des opérateurs nucléiares (WANO), dans son bureau à Paris, pour représenter la CGN (China General Nuclear Power Corporation). Entre 2001 et 2004, il fut ici le seul ingénieur chinois, tandis qu'aujourd'hui il fait partie de l'équipe de gestion. La WANO reçoit maintenant une dizaine d'ingénieurs chinois, signe fort de l'influence croissante de la CGN au sein de l'organisation.

Depuis l'époque de la Centrale de Daya Bay jusqu'à aujourd'hui, le regard des pays occidentaux sur l'industrie nucléaire chinoise a totalement changé. Selon Zheng Weiping, on se demandait auparavant si la Chine arriverait à construire une centrale nucléaire et si les équipements seraient importés d'Occident. Aujourd'hui, avec la localisation de la fabrication des équipements nucléaires en Chine, les homologues occidentaux demandent quel est l'objectif de la Chine dans le développement international de l'industrie nucléaire, et cela à quel rythme. La Chine n'a pas cessé de développer ses technologies nucléaires, elle est par exemple le pays est plus avancé dans les recherches sur les petits réacteurs et les réacteurs de quatrième génération. C'est ainsi que le mot "Chine" est devenu un terme aparaissant régulièrement dans les débats internationaux sur le rôle du pays dans le domaine nucléaire mondial.

En tant qu'un des premiers "hommes d'or" nucléaires des années 1980, Zheng Weiping exprime sa pleine confiance envers les jeunes générations d'ingénieurs chinois. Aujourd'hui, les jeunes talents chinois peuvent recevoir une formation nucléaire solide sans nécessairement avoir besoin d'aller à l'étranger. Ils débutent leur carrière par des postes de base dans des centrales nucléaires, puis montent étape par étape vers des postes plus élevés, jusqu'au niveau de chef opérateur. Ce parcours nécessite dix ans. Comme la devise de la CGN l'indique, "Accomplir les choses en une seule attaque", la recherche de la perfection est depuis longtemps inscrite dans l'esprit des ingénieurs nucléaires chinois, et la CGN va sans doute jouer un rôle de référence dans l'industrie nucléaire mondiale pour représenter la Chine. 

(Rédacteurs :Gao Ke, Yishuang Liu)
Partagez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :