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La pollution de l'air tue 7 millions de personnes par an, dont 75% en Asie

le Quotidien du Peuple en ligne | 03.05.2018 08h52

La vue de banlieusards, visages cachés derrière des masques, circulant à pied ou sur des deux-roues, motorisés ou non, est commune à travers l'Asie. Les vélos se faufilent dans des villes comme Jakarta et Bangkok, amenant leur conducteur ou leur passager à l'heure pour leur rendez-vous ou leur travail. Mais les masques laissent entendre que l'air qu'ils respirent n'est sans doute pas le plus propre qui soit. A en juger par les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé publiés mercredi, couvrant 4 300 villes à travers 108 pays, ceux qui portent des masques ont hélas raison. On estime en effet à 7 millions le nombre de décès dus à la pollution de l'air dans le monde, dont un peu plus des deux tiers se produisent en Asie, qui abrite un peu moins de 60% de la population mondiale.

Si l'on réduit davantage les chiffres, les 10 pays de la région Asie du Sud-est de l'OMS représentent environ un quart de la population mondiale, mais enregistrent environ 2,4 millions, soit 34%, de tous les décès dus à la pollution atmosphérique. L'OMS affirme que 90% des décès dans le monde proviennent de pays moins riches et que « 98% des villes des pays à revenu faible ou intermédiaire de plus de 100 000 habitants ne respectent pas les directives de l'OMS sur la qualité de l'air ». Bien que ce chiffre tombe à 56% dans les pays à revenu élevé, l'OMS estime que 9 personnes sur 10 dans le monde respirent de l'air pollué à un moment ou à un autre. La pollution de l'air est en partie un sous-produit de l'urbanisation, qui s'est accélérée en Asie au cours des dernières décennies.

Selon les statistiques des Nations Unies, en 2015, la proportion de la population mondiale qui vivait dans les villes était passée à 54%, contre 43% en 1990. L'urbanisation asiatique a largement contribué à cette hausse. D'ici 2025, les villes de la région représenteront 20 des 25 produits intérieurs bruts urbains à la croissance la plus rapide, d'après le McKinsey Global Institute, un cabinet de conseil. « De nombreuses mégalopoles dépassent de plus de cinq fois les niveaux recommandés par l'OMS pour la qualité de l'air, ce qui représente un risque majeur pour la santé », a averti le Dr Maria Neira, Directrice du Département de la santé publique de l'organisation. Quatre des cinq villes les plus polluées répertoriées par l'organisation se trouvent en Asie : New Delhi, Dhaka, Mumbai et Beijing, malgré les efforts considérables faits par cette dernière.

La Banque asiatique de développement, un prêteur basé à Manille, prévoit que l'Asie connaîtra une croissance économique globale de 6% cette année et de 5,9% en 2019. Mais la perspective d'une croissance continue et l'urbanisation qui s'ensuit signifie que, à moins que les gouvernements privilégient des politiques vertes dans l'urbanisme, la pollution de l'air risque de s'aggraver. Sur les 7 millions de décès liés à la pollution de l'air dans le monde, 4,2 millions sont causés par la pollution extérieure -produite par le redoutable mélange d'usines, de circulation et de déforestation qui accompagnent l'urbanisation rapide. La pollution intérieure, responsable du reste des morts, est quant à elle un symptôme de pauvreté. Environ 3 milliards de personnes manquent toujours de technologies de cuisson propres et brûlent des combustibles tels que le bois ou le kérosène. La pollution de l'air est aussi un facteur derrière certaines affections, contribuant « de manière significative aux maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et le cancer du poumon », a noté l'OMS.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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