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Selon les scientifiques, la Grande Barrière de Corail est en train «de cuire et de mourir»

le Quotidien du Peuple en ligne | 11.04.2017 08h40

De nouvelles enquêtes aériennes ont révélé que plus de deux tiers des coraux dans la Grande Barrière de Corail en Australie sont victimes d'une quantité « choquante » de blanchiment. Des scientifiques australiens ont en effet déclaré à CNN lundi qu'entre 2016 et 2017, les vagues de blanchiment ont dévasté un tronçon de quelque 1 500 km du site du patrimoine mondial de l'UNESCO. Avant 2016 il n'y avait eu que deux événements de blanchiment le long de la Grande Barrière de Corail au cours des deux dernières décennies, en 1998 et 2002. C'est la première fois que deux d'entre elles ont eu lieu d'une façon si rapprochée.

« J'ai été surpris de devoir à nouveau monter dans un avion cette année encore [pour enquêter sur de nouveaux dégâts] », a dit le Dr James Kerry de l'Université James Cook. Selon les scientifiques du Centre ARC d'excellence pour les études des récifs coralliens, la vague de blanchiment de l'an dernier, la pire jamais enregistrée, a surtout touché le Nord du récif, alors que les dégâts récents ont principalement impacté les sections intermédiaires. Le tiers inférieur du récif est maintenant la seule section qui a échappé à un blanchissement important. « La partie centrale du récif affiche maintenant la même mesure de blanchiment que dans le Nord », a déclaré le Dr Kerry. « En passant au-dessus de ces récifs cette année, vous pouvez dire à quel point de faiblesse la couverture corallienne était. C'était choquant de voir les retombées de l'événement de l'année dernière ».

Par ailleurs, les dommages causés par le cyclone Debbie, qui a frappé le Queensland en mars, n'ont fait qu'aggraver les choses -la tempête se déplaçant lentement, elle a voyagé dans un couloir d'une taille de 110 km à travers le récif, ce qui « aura fait beaucoup de dégâts au corail », a dit le Dr Kerry. Le blanchiment des coraux est une réaction de stress qui se produit quand une augmentation des températures de la mer provoque l'expulsion des algues qui poussent à l'intérieur du corail, en faisant virer les récifs au blanc et en faisant disparaître leur principale source d'énergie. Ce phénomène est directement lié au réchauffement climatique. Le blanchissement ne tue pas tout de suite le corail -si la température baisse, les algues pourront le recoloniser Mais si les températures restent élevées, le corail finira par mourir, faisant par la même occasion disparaître l'habitat naturel de nombreuses espèces de la vie marine.

Le Ministre australien de l'environnement et de l'énergie Josh Frydenberg a déclaré dans un communiqué que le changement climatique était la « menace numéro un » pour la Grande barrière de Corail. « Voilà pourquoi le gouvernement australien a lancé un effort d'investissement sans précédent de plus d'1,5 milliard de dollars... dans un plan Reef 2050, sur lequel nous sommes depuis 18 mois », a-t-il dit. Le Dr Kerry a expliqué qu'une augmentation de la température de seulement un ou deux degrés au-dessus de la moyenne maximale pour un maximum de « trois ou quatre semaines » est suffisante pour faire sortir les coraux hors de leur zone de confort. « Quand il fait aussi chaud pour cette période de temps, les coraux ne sont pas seulement blanchis comme avec de l'eau de Javel, ils cuisent et ils meurent très rapidement », a-t-il ajouté. « Je pense que c'est ce qui est arrivé, en fonction de ce que j'ai vu depuis l'air et de ce que nous avons vu l'année dernière ».

La Grande barrière de corail abrite la plus grande collection au monde de récifs coralliens, avec près de 400 types de coraux et 1 500 espèces de poissons. Il s'y trouve également un certain nombre d'espèces menacées, comme la grande tortue verte et le dugong. Le récif est d'une valeur estimée à 3,7 milliards de dollars par an pour l'économie australienne du fait de la pêche et du tourisme. Selon l'ONU, environ 275 millions de personnes dans le monde dépendent directement des récifs de corail pour vivre et se nourrir, et ils constituent les pépinières pour environ un quart des poissons du monde entier.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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