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Un mendiant devenu le roi de la nouille

le Quotidien du Peuple en ligne | 03.04.2018 08h48
Un mendiant devenu le roi de la nouille
Zhang Tianyi, fondateur et directeur de Funiutang, une marque chinoise de nouilles de riz au bœuf, prépare le déjeuner pour les clients de son restaurant à Beijing. [Crédit photo : Xinhua]

Certains pensaient que Zhang Tianyi fichait ses études en l'air, aujourd'hui il récolte les riches fruits de son succès 

Zhang Tianyi a décidé qu'il ne voulait plus jamais voir un bol de nouilles, et encore moins en manger. Et qui aurait pu lui en vouloir ? Alors qu'il faisait son étude de marché, ce jeune diplômé de la faculté de droit a ingurgité 30 petits bols de nouilles chaque jour pendant trois mois, expérience au terme de laquelle sa langue avait perdu toute sensibilité et son estomac lui semblait être perpétuellement en feu, raconte-t-il.

Pourtant, Zhang est tout de même parvenu à se convaincre que son futur était inextricablement lié aux nouilles, une décision qui s'est appuyée sur la découverte de ce qu'il décrit comme la recette idéale de nouilles. Cette recette a donné naissance au funiutang, le plat vedette de nouilles de riz au bœuf servi dans le restaurant du même nom, inspiré de la nourriture vendue dans les rues de sa ville natale, qu'il a su transformer en un succès commercial de plusieurs millions de yuans à Beijing et dont il espère pouvoir étendre la renommée jusqu'aux quatre coins de la planète.

« Comme pour McDonald's aux États-Unis, je veux que le nom et l'image de Funiutang apparaisse partout où le drapeau rouge aux cinq étoiles est brandi », rapporte Zhang.

Depuis que Zhang et trois de ses camarades de classe ont fondé Funiutang en 2014, et après plusieurs tournées de recherche de financement, la valeur de l'entreprise atteint aujourd'hui 500 millions de yuans (64 millions d'euros).

En tant que directeur général, Zhang, âgé de 28 ans, gère aujourd'hui 17 restaurants à Beijing qui emploient environ 400 employés, et l'entreprise mère a réalisé près de 100 millions de yuans de chiffre d'affaires l'année dernière.

Les nouilles de riz au bœuf, dont la pâte épicée, salée et huileuse est faite à partir de riz, est l'une des spécialités de la ville de Changde, dans la province du Hunan, qui jouit d'une histoire longue de 6 500 ans. Zhang explique que les natifs de cette ville comme lui mangent cette spécialité locale au quotidien.

En effet, le mal du pays fait partie des éléments qui l'ont poussé à entreprendre cette quête du plat idéal. Une autre raison était le potentiel planétaire qu'il voyait dans les produits alimentaires à base de riz au moment où la Chine, le pays où l'on consomme une grande partie du riz produit dans le monde, poursuivait son essor.

« Le monde a longtemps été dominé par le blé car c'est ce qu'on mange dans les pays occidentaux », explique-t-il. « C'est dommage que les nouilles à base de riz n'aient pas de marque malgré leur longue histoire. »

Zhang a décidé de se lancer dans le secteur de l'industrie alimentaire trois mois avant d'obtenir son diplôme à l'université de Pékin, de manière à avoir le temps de chercher un autre travail si jamais son aventure se révélait infructueuse.

À sa grande surprise, tout est allé pour le mieux. Aujourd'hui, il dit qu'il a assez de patience et de confiance en lui pour envisager le développement sur 10 ans d'une marque de nouilles à base de riz qui jouirait d'une large renommée.

Pour préciser les choses, son objectif est d'ouvrir entre 500 et 1 000 restaurants à travers le monde dans les prochaines années, notamment aux États-Unis et en Europe.

Dans un restaurant Funiutang dans le quartier de Zhongguancun situé dans le district de Haidian à Beijing, l'ensemble du personnel de cuisine et de service porte un tee-shirt noir sur lequel est écrit le mot baman qui signifie en dialecte du Hunan « N'abandonne jamais, ose dire non et sois qui tu es », explique Zhang.

« De la même manière que McDonald's représente un service rapide, propre et efficace, propre à la culture des Américains, je veux faire découvrir les valeurs des jeunes chinois avec notre marque : travailleurs, positifs dans leur conception de la vie et suffisamment ambitieux pour poursuivre leur rêve. »

L'entreprise véhicule ce genre de philosophie dans la plupart de ses produits marketing, notamment dans ses décorations, ses clips vidéo et ses publications WeChat.

Comme le rapporte Zhang, une culture d'entreprise unique joue un rôle important dans la construction d'une image de marque.

« Le marché du repas en Chine connaît actuellement une transformation avec la montée en puissance d'une génération de consommateurs qui attachent de l'importance à la culture et à l'esprit incarnés par le produit, plutôt qu'à son prix ou à sa fonction. »

Zhang explique qu'il a de la chance de vivre à une époque où son pays promeut l'innovation et l'entreprenariat. Il aurait même rencontré le premier ministre chinois Li Keqiang en 2015 lors de sa visite à Zhongguangcun Inno Way, un centre dédié à l'accueil de start-ups et d'entrepreneurs.

En tant que titulaire d'un diplôme de master à l'université de Pékin, classée meilleur établissement du pays pour le secteur tertiaire, Zhang raconte que certaines personnes ne pariaient pas cher de son avenir professionnel, arguant que c'était gâcher ses études que de se lancer dans la vente de nouilles. 

Or, Zhang affirme que faire les choses avec sérieux, même si ces dernières sont considérées par certains comme triviales et sans importance, est digne de respect.

Le jeune entrepreneur rapporte avoir enchaîné près de 50 différents emplois à temps partiel quand il faisait ses études, de conseiller juridique à vendeur d'assurance en passant par réceptionniste et assistant de directeur d'entreprise. Il s'est même essayé à la mendicité, ne serait-ce que pour savoir ce qu'est la vie quand on est au point le plus bas, explique-t-il.

« Faire tant de choses si différentes m'a donné la chance de voir comment la société fonctionne vraiment. La vision de la vie que donne l'éducation scolaire est bien trop limitée. » 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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