Dépendance au jeu des jeunes : une coopération est nécessaire

Selon des experts et ingénieurs en technologie, les systèmes conçus pour freiner l'obsession des jeunes chinois pour les jeux en ligne exigent un consensus entre les enfants et leurs parents pour être efficaces.

D'après un rapport publié en septembre lors du Forum sur la cybersécurité des jeunes du Guangdong, une enquête gouvernementale portant sur plus de 6 200 familles de cette province du Sud de la Chine a découvert que 23% des enfants âgés de 3 à 6 ans passent au moins 30 minutes en ligne chaque jour.

De même, le rapport a révélé que plus de 60% des enfants de 7 ans ont téléchargé des jeux sur leur smartphone ou leur tablette et que, à l'âge de 12 ans, environ 88% des enfants utilisent QQ Messenger et 70% WeChat.

Cependant, certains s'inquiètent légitimement que le développement des enfants puisse être affecté s'ils passent trop de temps en ligne.

A la date de décembre 2006, plus de 2 millions d'enfants et adolescents chinois étaient touchés par une addiction à l'Internet et aux jeux en ligne, selon un autre rapport publié par le Comité central de la Ligue de la Jeunesse communiste. « C'est un problème social grave susceptible de menacer l'avenir de la nation », a-t-il averti.

Un an plus tard, les autorités ont demandé aux développeurs de jeux chinois d'ajouter la première version d'un système anti-addiction à leurs jeux.

D'une manière générale, les systèmes anti-addiction peuvent être largement divisés en deux catégories : les durs et les souples. Les systèmes durs déconnectent les joueurs ou les empêchent de se connecter pendant une certaine période, comme le couvre-feu des jeux en ligne qui existe en Corée du Sud et qui empêche les joueurs adolescents de se connecter entre minuit et 6 heures du matin.

Les systèmes souples ne limitent pas l'accès, mais découragent les joueurs de jouer pendant de longues périodes en diminuant les points de butin ou la progression.

Le problème est que ces deux systèmes sont intrinsèquement défectueux car les enfants peuvent facilement les contourner en s'enregistrant avec des cartes d'identité d'adultes, ou en dépensant plus de temps ou d'argent pour obtenir leur objet ou personnage préféré plus rapidement.

Étant donné le nombre de nouveaux jeux qui sortent chaque jour, « il est difficile de tenir les entreprises responsables de la mise en œuvre de systèmes anti-addiction », a souligné Wang Xi, ingénieur logiciel senior pour une entreprise informatique à Beijing. « C'est pourquoi d'autres groupes de la société, comme les parents, les enseignants et les législateurs, doivent considérer l'addiction en ligne de manière rationnelle et travailler ensemble pour répondre aux besoins réels des enfants ».

Selon Su Wenying, une responsable de la protection de l'enfance au Bureau chinois du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, les enfants jouent à des jeux en ligne pour interagir avec des amis, acquérir le respect des autres joueurs, pour faire le plein de satisfaction, et pour l'évasion. « Certaines études montrent que les enfants qui ont des difficultés à l'école ou ne bénéficient que d'un faible soutien émotionnel ont tendance à avoir un risque plus élevé de devenir accros aux mondes virtuels ».

Cependant, elle a souligné que la dépendance à Internet est un sujet très discuté et controversé, et les experts ne comprennent pas encore complètement ses causes et ses effets à long terme par rapport à la dépendance à des substances comme les drogues et l'alcool.

« Marquer les enfants comme des toxicomanes à l'Internet et les envoyer dans des camps de réadaptation spécialisés peut conduire à leur stigmatisation et nuire à leur développement mental à long terme », a-t-elle dit, ajoutant que la lutte contre l'addiction à l'Internet exige un effort de la société sur tous les aspects, à la fois en ligne et hors ligne. Mais plus important encore, les parents doivent offrir un espace ouvert et bienveillant pour avoir des discussions franches avec leurs enfants sur leur vie quotidienne et leurs activités sur Internet.