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Chine : un village de falaise sort de la pauvreté

Xinhua | 12.07.2017 08h17

Les ancêtres de Wang Yong sont venus du sud il y a plus de 300 ans pour s'installer sur une falaise abrupte située à une altitude de 1.600 mètres dans l'ouest de la Chine.

Nommé Shengli (victoire), le village de falaise près de la rivière Dadu, dans la province chinoise du Sichuan, était un endroit de paix fabuleux. Tel était son isolement que le village a évité d'être impliqué dans de nombreuses guerres, mais a également manqué de s'impliquer dans le commerce et a sombré dans la pauvreté.

Alors que le gouvernement chinois est déterminé à mettre fin à la pauvreté d'ici 2020, les villageois de Shengli ont fait leurs bagages et sont descendus de la montagne.

Les agriculteurs chinois peuvent s'implanter n'importe où, tant qu'ils ont de la terre à cultiver.

Durant la période de Kangxi de la dynastie Qing (1616-1912), la population du Sichuan avait été réduite à 600.000 personnes, principalement à cause de la guerre. Le gouvernement de Kangxi a appelé les gens, principalement originaires du Hubei et du Guangxi, à s'installer dans les espaces vides au Sichuan.

Les ancêtres de M. Wang sont venus du Guangxi. "Peut-être ont-ils longtemps marché sans trouver d'endroit approprié. Alors, quand ils ont vu un terrain plat à mi-hauteur d'une montagne, ils ont décidé de s'installer", note M. Wang, âgé de 43 ans, secrétaire du comité du Parti communiste chinois pour le village de Shengli.

Pendant des centaines d'années, ils se sont nourris en cultivant du maïs et des patates douces. Le riz était un luxe rare pour les villageois, réservé aux festivals importants.

L'élevage de volaille aidait un peu, mais le problème était de descendre des choses de la montagne.

Au moins deux villageois étaient nécessaires pour transporter un seul cochon au marché sur leurs épaules droites, car la falaise était à gauche.

"Si le cochon se débattait, il tombait parfois dans la vallée. Sinon, le cochon pouvait gagner le combat et nous y lancer", se rappelle Wang Anyou, père de Wang Yong.

"Même les singes ont besoin de porter des bottes de randonnée dans cette montagne", plaisante-t-il.

Les villageois devaient tout transporter sur la falaise, des baguettes aux télévisions.

M. Wang, âgé de 71 ans, était un homme doué d'une force extraordinaire quand il était jeune. Sa vieille maison sur la falaise abrite encore une table pesant environ 80 kg qu'il avait transportée sur la falaise il y a plus de 20 ans.

En plus des trajets périlleux pour gravir et descendre la montagne, les villageois devaient lutter contre les animaux sauvages qui endommageaient souvent leurs cultures.

Les jeunes villageois guettaient les singes la journée et chassaient les ours la nuit. "Une fois, plus de 100 corbeaux ont mangé tout notre maïs très rapidement. Nous ne pouvions rien faire", raconte-t-il.

Pour ceux vivant dans les régions montagneuses déshéritées des provinces du Sichuan, du Guizhou et du Yunnan et de la région autonome Zhuang du Guangxi, l'amélioration des conditions de vie est compliquée et nécessite la construction de routes et de ponts, l'élevage de volaille et de bétail, la plantation de fruits et d'herbes ou le relogement.

Depuis 2004, le gouvernement local a relogé 72 familles de la falaise du canyon Daduhe. Wang Anyou fait partie des premières familles à avoir été déplacées. "Mes enfants voulaient quitter la falaise", raconte M. Wang, qui a reçu 4.000 yuans (environ 600 dollars) d'indemnité pour se reloger.

Dans le cas de Shengli, le relogement est le seul choix viable, mais n'est pas une tâche aisée. Une fois relogés, les gens doivent trouver des emplois.

Wang Yong a quitté la ville de Shengli pour Guilin, destination touristique populaire au Guangxi. Il est devenu vendeur en gros d'articles en jade et s'est marié.

Mais son cousin, secrétaire du comité du Parti pour le village de Shengli, l'a invité à revenir et à aider à développer le tourisme dans le village.

Le paysage offre un large choix aux touristes. Outre le canyon Daduhe, il y a aussi des forêts vierges et des habitats de pandas géants.

"Le paysage pittoresque attire les touristes. Plus ils séjournent longtemps dans notre village, plus ils dépensent d'argent", note M. Wang.

En plus du tourisme, le village de Shengli porte son regard sur l'agriculture verte.

Les villageois ont planté 200 hectares pour la culture du thé Laoying et plus de 13 hectares pour celle du poivre du Sichuan, qui était autrefois un hommage offert à la famille royale. En 2016, la valeur de la production du thé Laoying a atteint 270.000 yuans.

En 2016, les revenus moyens annuels par habitant dans le village se sont élevés à 8.650 yuans, soit largement au-dessus du seuil de pauvreté de 2.300 yuans dans le district.

D'après des statistiques officielles, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté était de 7,5 millions en 2012 dans les régions montagneuses du Sichuan, et ce nombre a reculé à 2,72 millions l'année dernière.

Wang Yong souhaite étendre les cultures du thé et du poivre du Sichuan dans ce village de falaise "abandonné".

"Mais nous avons besoin d'une meilleure route", note M. Wang. "Aujourd'hui, tout doit encore être être transporté depuis la montagne dans des paniers".

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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