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Shanghai salue la mémoire d'un Français qui a sauvé 300.000 Chinois

Xinhua | 17.08.2015 08h49
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"Les Japonais arrivent!" Li Fengxiang, originaire de Shanghai et âgée de 92 ans aujourd'hui, se souvient encore de ces cris désespérés tard dans la nuit, qui incitaient sa famille à s'enfuir.

C'était l'automne 1937 et Shanghai était en ligne de front de la guerre anti-japonaise en Chine. Les réfugiés affluaient tellement vers la concession française qu'elle a été obligée de fermer ses portes.

Des rumeurs circulaient qu'il existait une autre zone de réfugiés dans la ville. Dans le désespoir, la famille de Li Fengxiang, qui n'a pas pu entrer dans la concession française, s'y est rendue.

Heureusement, elle a trouvé refuge là-bas, et s'est cachée dans un commerce de farine. Les réfugiés étaient tellement nombreux que chaque famille avait droit à une seule couverture, mais ils ont été épargnés par les bombardements, les massacres et les viols qui se produisaient dehors nuit après nuit.

"Chaque jour on nous distribuait des brioches ou du pain", raconte Mme Li. "Nous nous sentions enfin hors de danger."

A l'époque, elle ne savait pas que ce camp de réfugiés situé dans la "zone des réfugiés de Nanshi" (également appelée zone de sécurité de Jacquinot) avait été établi par le missionnaire français Robert Jacquinot de Besange. Ce dernier aurait sauvé environ 300.000 Chinois pendant la Seconde Guerre mondiale à Shanghai.

Selon Su Zhiliang, professeur d'histoire de l'Université normale de Shanghai, la zone de sécurité de Jacquinot couvrait un tiers de la vieille ville de Shanghai et comprenait un parc d'attractions, une mosquée, un temple taoïste et un monastère bouddhiste.

Créée en novembre 1937 et opérationnelle jusqu'en 1940, cette zone abritait plus de 100 camps. Son succès a été largement attribué à la diplomatie de Robert Jacquinot de Besange et aux dons en provenance de la Chine et de l'étranger.

Le livre de Marcia Ristaino paru en 2008, "The Jacquinot Safe Zone: Wartime Refugees in Shanghai", raconte la difficile campagne de collecte de dons menée par Robert Jacquinot de Besange pour maintenir ses camps de réfugiés. Selon le livre, en 1938, le missionnaire a obtenu de Franklin Roosevelt, président américain de l'époque, une grosse somme de fonds de secours.

Pan Dacheng (nommé également Pan Da), officier de renseignement du Parti communiste chinois, a travaillé comme assistant du missionnaire.

Selon son fils Pan Guang, la zone de sécurité de Jacquinot possédait ses propres instituts administratifs, forces de police, écoles et hôpitaux. Les réfugiés pouvaient fabriquer des objets de la vie courante dans des ateliers.

MM. Pan et Su sont actuellement membres d'un groupe de militants souhaitant déposer une demande pour inscrire la zone de sécurité de Jacquinot au registre de la Mémoire du monde de l'UNESCO.

"Le succès de la zone de sécurité initiée par Robert Jacquinot de Besange a inspiré d'autres zones dans les villes de Nanjing, Hankou et Guangzhou et en France, et a été inscrite dans la Convention de Genève pour la protection des personnes civiles en temps de guerre," a indiqué M. Su.

M. Su est dans une course contre l'urbanisation pour protéger les sites de la zone, dont certains ont été démolis et aménagés. Les bureaux du missionnaire, par exemple, ont été transformés en fast food.

Les Chinois ne doivent pas oublier que 300.000 citoyens ont été protégés par leur ami français, a indiqué M. Pan.

Né en 1878, Robert Jacquinot de Besange a vécu pendant 20 ans en Chine et a consacré sa vie à aider les civils.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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