Le jour de l'introduction en Chine du défi du seau d'eau glacée, le centre China-Dolls pour les maladies rares n'a reçu qu'entre 30.000 et 40.000 yuans (moins de 6.504 dollars) de dons. Le troisième jour, il avait déjà collecté plus de 1,45 million de yuans et attiré 700 millions de vues sur son microblog.
Des grands patrons de l'informatique aux vedettes, le défi a connu en Chine un parcours similaire à celui enregistré aux Etats-Unis.
Wang Sicong, fils de Wang Jianlin, l'homme le plus riche de Chine et PDG du Groupe Dalian Wanda, a fait don d'un million de yuans au centre China-Dolls.
Au lieu de faire un don à l'association ALS, les Chinois qui se sont versé un seau d'eau glacée sur la tête ont préféré donner leur argent au centre China-Dolls, une organisation non gouvernementale chinoise qui se concentre, entre autres maladies rares, sur l'ostéogenèse imparfaite, appelée aussi maladie des os de verre.
"Le 17 août, des internautes chinois ont commencé à parler du défi du seau d'eau glacé venu des Etats-Unis. Le jour suivant, Sinaweibo (la plus grande plate-forme chinoise de microblog) nous a contactés pour introduire conjointement ce défi dans le pays", explique Wang Yi'ou, co-fondatrice et directrice du centre China-Dolls.
"On avait pensé à créer d'autres gestes à imiter. Mais rapidement, on a décidé de prendre le relais du défi du seau d'eau glacée, car il est facile à faire, sans limite d'âge ou de capacité", indique-t-elle.
Ji Shisan, PDG de Guokr.com, populaire site Internet scientifique chinois, a été mis au défi par un professeur de Taiwan. M. Ji compte parmi les premiers Chinois à avoir pris cette douche glacée et a appelé le public à se soucier des nombreuses personnes en Chine touchées par des maladies rares.
A travers cette activité caritative, des personnalités qui restaient discrètes dans la vie publique ont été mises au défi par leurs amis ou concurrents. Cela ressemble à une série de feuilletons télévisés suivie par des internautes ordinaires, estime Ji Shisan.
Bei Xiaochao, directeur du service de responsabilité sociale de Sinaweibo, qui a introduit l'activité en Chine, a remarqué la semaine dernière ce défi en vogue aux Etats-Unis. Il s'est renseigné auprès de quelques personnalités chinoises pour savoir si le défi les intéressait. La réponse fut très positive.
"On est déjà au troisième jour. La popularité de l'événement ne cesse d'augmenter. C'est un cas unique pour une activité de bien-être public et cela favorise les discussions", commente-t-il.
Aujourd'hui, de nombreux Chinois ordinaires et entreprises se lancent ce défi face au nombre croissant de vedettes qui y participent.
En revanche, certains critiquent cette activité, la qualifiant davantage de spectacle public que de mouvement caritatif.
"Au moins, les gens ont trouvé quelque chose d'amusant et de facile à suivre, au lieu de fermer les yeux et de continuer à penser que les maladies rares sont trop loin de leur vie", répond Wang Yi'ou.
"Quand tu te verses de l'eau glacée sur le corps, à quoi penses-tu ? Peux-tu accorder ton attention aux personnes atteintes de maladies rares qui touchent une personne sur 10.000 ?", s'interroge-t-elle.