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Pourquoi le conflit israélo-palestinien connaît une telle escalade

Xinhua | 10.10.2023 08h37

Le conflit entre Israéliens et Palestiniens s'est considérablement intensifié samedi après que le Hamas a tiré des milliers de roquettes sur Israël lors d'une attaque surprise de grande envergure, à laquelle Israël a répondu par des frappes aériennes massives et des mesures punitives.

Le cabinet israélien a déclaré dimanche "l'état de guerre" dans le pays. Plus de 800 Israéliens ont été tués jusqu'à présent, soit les pires pertes qu'Israël ait connues depuis la guerre israélo-arabe de 1973, a indiqué lundi l'armée israélienne.

La dernière mise à jour de situation publiée dimanche par le ministère de la Santé de Gaza a quant à elle révélé que le bilan des frappes israéliennes sur Gaza était monté à 493 morts et plus de 2.700 blessés.

Le Conseil de sécurité de l'ONU et de nombreux pays ont exprimé leur profonde préoccupation face à la poursuite de l'escalade et à la grave dégradation des conditions sécuritaires et humanitaires qui en résulte.

ATTAQUE SURPRISE

Samedi matin, les Palestiniens ont tiré des milliers de roquettes sur Israël, et des dizaines de combattants se sont infiltrés dans le sud d'Israël, déclenchant un conflit armé ouvert entre Israël et le Hamas. Il s'agit de la plus grave confrontation entre les deux parties depuis mai 2021.

En réponse à cette attaque, l'armée israélienne a lancé l'opération "Epées de fer", effectuant des dizaines de frappes aériennes contre des positions du Hamas dans la bande de Gaza.

"Ils préparent cela depuis longtemps. Il s'agit évidemment d'une attaque très coordonnée, et ils ont malheureusement réussi à nous surprendre tactiquement et à causer de graves dégâts", a déclaré l'ancien conseiller israélien à la sécurité nationale Eyal Hulata.

Le commandant militaire du Hamas, Mohammad Deif, a indiqué que cette attaque constituait une réponse au blocus de Gaza par Israël, à ses fréquents raids en Cisjordanie au cours de l'année écoulée, à sa descente policière dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa - un lieu saint pour les musulmans comme pour les Juifs - ainsi qu'aux attaques de colons israéliens contre les Palestiniens et à l'expansion des colonies israéliennes.

L'attaque a eu lieu pendant Sim'hat Torah, une fête juive qui marque la conclusion du cycle annuel de lectures publiques de la Torah. Elle a presque coïncidé avec le 50e anniversaire de la guerre du Kippour, qui a éclaté le 6 octobre 1973 entre Israël et une coalition d'Etats arabes dirigés par l'Egypte et la Syrie.

Certains médias arabes et israéliens ont tenté d'analyser la décision du Hamas de lancer ce raid samedi après de minutieux préparatifs, affirmant qu'il s'agissait d'un moyen "symbolique" de rehausser son statut auprès du monde arabe.

Eyal Pinko, chercheur au Centre d'études stratégiques Begin-Sadat d'Israël, a souligné que cette attaque s'était produite pendant les fêtes israéliennes, une période où la vigilance d'Israël a tendance à diminuer.

ELEMENT DECLENCHEUR

Depuis bien des années, le conflit palestino-israélien ne montre aucun signe d'apaisement. Les négociations de paix directes entre les deux parties sont au point mort depuis 2014 en raison de leurs différends sur les colonies israéliennes et la reconnaissance d'un Etat palestinien.

Le Hamas a déclaré à plusieurs reprises qu'il condamnait toute normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, affirmant que cette normalisation était inacceptable sous toutes ses formes et ne pouvait que nuire à la cause palestinienne.

De fait, ces nouveaux affrontements interviennent alors même qu'Israël cherche à normaliser ses relations avec l'Arabie saoudite. Pour Israël, la normalisation de ses relations avec les pays arabes est un objectif stratégique crucial depuis des années, car elle participe de ses efforts pour améliorer son environnement géopolitique global.

A ce jour, six pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, dont l'Egypte et la Jordanie, qui ont établi des relations diplomatiques avec Israël dans les années 1970 et 1990 respectivement. Plus récemment, ce sont les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc qui ont accepté de normaliser leurs relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Les Etats-Unis se positionnent depuis longtemps en médiateurs dans le conflit israélo-palestinien. Ils ont cependant toujours fait preuve d'un parti pris marqué en faveur d'Israël, transférant par exemple leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem en 2018 et fournissant une assistance militaire continue à Israël.

Dans une démonstration de soutien à Israël, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé dimanche que le Pentagone allait envoyer des navires de guerre et des avions de combat en Méditerranée orientale.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a pour sa part décidé d'étendre la "situation sécuritaire spéciale" à l'ensemble du territoire israélien.

Saleh al-Arouri, chef adjoint du Hamas, a déclaré à la branche arabophone de la chaîne Al-Jazeera que le Hamas était "préparé à toutes les options, y compris une guerre et une escalade à tous les niveaux".

Il est peu probable que le conflit actuel se termine de sitôt, car les deux camps se préparent au pire.

(Rédacteurs :孙鸿宇, Yishuang Liu)
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