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Les appels à la paix s'élèvent un an après le conflit armé russo-ukrainien

Xinhua | 24.02.2023 08h15

La Russie et l'Ukraine ont échangé de nouvelles frappes alors que le monde s'apprête à marquer vendredi le premier anniversaire du conflit armé.

La crise a fait de nombreuses victimes, déplacé un grand nombre d'habitants, aggravé les confrontations géopolitiques en Europe, intensifié les pénuries énergétique et alimentaire mondiales et porté atteinte à la sécurité régionale et internationale.

Tandis que la Russie et l'Ukraine semblent être dans une impasse sur le champ de bataille tout comme à la table des négociations, les Etats-Unis continuent d'envenimer le conflit et d'en tirer profit.

UN IMPACT MONDIAL

Depuis que le conflit a éclaté le 24 février 2022, des dizaines de milliers de soldats des deux côtés ont été tués et des millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer.

Les échos du conflit se font entendre bien au-delà des frontières ukrainiennes. Son lourd bilan pour le monde s'est manifesté à travers les perturbations des chaînes d'approvisionnement alimentaires, la flambée des prix de l'énergie et l'inflation galopante.

Les pays occidentaux ont imposé des sanctions à la Russie dans l'espoir de couper ses canaux d'exportation énergétiques et de détruire son économie. Néanmoins, ces sanctions ont été contre-productives, elles ont également nui aux alliés des Etats-Unis et entraîné une crise énergétique internationale.

En outre, l'Ukraine et la Russie produisent à elles deux près de 30% des exportations mondiales de blé. La Russie est aussi l'un des plus gros pays exportateurs d'engrais. L'impact du conflit sur les chaînes d'approvisionnement alimentaires a contribué à la hausse des prix de l'alimentation, les habitants des économies à revenus faibles ou moyens ont par conséquent plus de difficultés à nourrir leur famille.

A mesure que le conflit perturbe le commerce et aggrave l'inflation pour les produits essentiels, plusieurs économies vacillent au bord de la récession.

Au cours de la Conférence de Munich sur la sécurité qui s'est terminée dimanche dernier, on sentait "une frustration palpable parmi les dirigeants des pays africains et sud-américains" au sujet du conflit prolongé, qui "vampirise le temps, l'argent et l'attention de l'Occident au détriment d'autres problèmes urgents", a observé le Financial Times.

"Nous ne voulons pas continuer de discuter de qui sera le vainqueur ou le perdant d'une guerre", a déclaré la vice-présidente colombienne Francia Marquez. "Nous sommes tous perdants et, au final, c'est l'humanité qui perd tout", a-t-elle fait remarquer.

DES MANIPULATIONS EN COULISSES

La cause profonde du conflit russo-ukrainien est l'expansion de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), et "les Russes réagissent à la tentative de l'Occident de faire de l'Ukraine un rempart occidental à la frontière de la Russie", a expliqué à Xinhua John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l'Université de Chicago.

Le bloc dirigé par les Etats-Unis a rompu la promesse faite à la fin de la Guerre froide selon laquelle l'OTAN ne s'élargirait pas vers l'est. L'organisation s'est en effet agrandie à cinq reprises vers l'est depuis 1999, progressant de plus de 1.000 km en direction des frontières russes.

Depuis près d'un an, les Etats-Unis et ses alliés ont envoyé davantage d'armes à l'Ukraine, ce qui a envenimé la situation.

Les Etats-Unis ont promis près de 30 milliards de dollars en aide militaire à l'Ukraine. Après que les Etats-Unis et l'Allemagne se sont engagés à envoyer des chars à l'Ukraine fin janvier, le Pentagone a annoncé une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine quelques jours plus tard, y compris des roquettes de précision à longue portée pour la première fois.

Lors de sa visite surprise à Kiev lundi, le président américain Joe Biden a annoncé des centaines de millions de dollars supplémentaires d'aide militaire à l'Ukraine, une décision largement considérée comme un facteur d'escalade de la crise.

Cette démarche de Washington confirme les propos tenus l'année dernière par le sénateur américain Richard Black : "Nous nous fichons du nombre d'Ukrainiens qui vont mourir. Combien de femmes, d'enfants, de civils, de militaires vont mourir. Nous nous en fichons. C'est comme un grand match de foot, nous voulons gagner".

Dans son discours devant l'Assemblée fédérale, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que l'Occident avait déclenché une guerre en Europe pour "éliminer les concurrents en utilisant une force par procuration". Selon lui, les élites occidentales sont entièrement responsables d'avoir encouragé et aggravé la crise ukrainienne.

"Elles prévoient de transformer un conflit local en confrontation internationale (...) Mais il est impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille", a affirmé M. Poutine.

REGLEMENT POLITIQUE

La crise prolongée a créé des problèmes économiques et sociaux dans les deux pays, et a considérablement retardé la reprise post-pandémique dans le monde.

Des données officielles ont montré que le PIB de la Russie avait diminué de 2,1 % en 2022 et que l'économie ukrainienne avait chuté de 30,4 %. La Banque mondiale a estimé l'année dernière que le coût de la reconstruction et du redressement en Ukraine s'élèverait à au moins 349 milliards de dollars.

Les importantes divergences de positions entre la Russie et l'Ukraine semblent cependant infranchissables pour le moment, ce qui rend difficile un éventuel dialogue.

Lors de sa rencontre samedi avec le haut diplomate chinois Wang Yi à Munich, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a déclaré qu'aucun autre pays ne souhaitait plus la paix que l'Ukraine.

Au nom de la paix, Gulru Gezer, analyste en politique étrangère et ancien diplomate turc, a quant à lui estimé que les pays responsables souhaitant mettre fin à la crise devaient contribuer à maintenir les canaux de dialogue ouverts plutôt que d'exacerber les tensions.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le cap des douze mois de guerre constituait une "étape sinistre", et avait un impact bien au-delà de l'Ukraine. "Même si l'avenir peut paraître sombre aujourd'hui, nous savons qu'une paix véritable et durable doit être fondée sur la Charte des Nations Unies et le droit international", a-t-il affirmé.

Parmi les pays qui se tiennent du côté de la paix et du dialogue figure la Chine, qui prévoit de publier un document sur la recherche d'une résolution politique de la crise.

Dans le document conceptuel de l'Initiative pour la sécurité mondiale publié mardi, la Chine s'engage également à promouvoir un règlement politique des problèmes internationaux et régionaux critiques, y compris en Ukraine.

Les dirigeants de certains pays se sont clairement déclarés neutres sur la question ukrainienne, critiquant l'Occident pour avoir utilisé cette question comme "test de loyauté" et appelant à un règlement politique du conflit.

(Rédacteurs :孙鸿宇, Yishuang Liu)
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