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France : Emmanuel Macron consulte les forces politiques en vue de construire un consensus à l'Assemblée nationale

Xinhua | 22.06.2022 08h43

La coalition présidentielle d'Emmanuel Macron est à la manoeuvre, après la perte de la majorité absolue à l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives françaises de 2022. Le chef de l'Etat a reçu individuellement ce mardi à l'Elysée les chefs des partis politiques en mesure de constituer un groupe à l'Assemblée nationale, ayant pour objectif de chercher "des solutions constructives", avec notamment l'opposition parlementaire, selon l'Elysée.

Ce dialogue à l'initiative de M. Macron intervient moins de 48 heures après la perte par la coalition présidentielle de la majorité absolue à l'Assemblée nationale fixée à 289 députés sur 577, une nouvelle configuration politique qui oblige le président de la République et son camp à composer désormais avec l'opposition pour pouvoir gouverner et ainsi éviter un éventuel blocage de leurs projets de réformes à l'hémicycle.

"Les Français, par leur vote, nous ont donné une responsabilité accrue qui est de trouver les voies du compromis, du consensus dans cette période d'incertitude", a déclaré le délégué général du mouvement la République en marche, Stanislas Guerini, au sortir de sa rencontre avec le président Macron.

M. Guerini s'est dit confiant quant à la suite de ses échanges entre le chef de l'Etat et les leaders politiques. "Je suis certain que, de cette période, nous saurons faire émerger quelques choses de nouveau au parlement, lieu de la démocratie où doivent se construire les consensus et les compromis", a-t-il ajouté.

Selon François Bayrou, président du MoDem (centre) et membre du camp présidentiel qui a également été consulté, le président de la République, à travers ces échanges, "cherche le meilleur chemin pour que cette séquence soit utile au pays".

Mais l'ampleur des divergences entre le camp présidentiel et ses opposants de la Nupes (coalition des principaux partis de gauche) et du Rassemblement national (RN, extrême droite), semble pour le moment les éloigner de tout compromis.

"J'ai dit au président que nous soutiendrons toutes les mesures sociales qui revaloriseraient le travail. La démocratie parlementaire va vivre, c'est un bon signal", a déclaré le secrétaire national du Parti communiste français, membre de la Nupes, Fabien Roussel, à l'issue de sa rencontre avec M. Macron. Le Premier secrétaire du Parti socialiste (Nupes), Olivier Faure a également indiqué avoir rappelé au président les positions sociales et environnementales de la gauche. "M. Macron sait qu'il ne peut plus être omniprésent et l'hyper président. Il y a donc une autre façon de nous gouverner à inventer", a-t-il ajouté.

Même le parti Les Républicains (LR, droite), jugé idéologiquement proche de la pensée politique d'Emmanuel Macron, s'est montré réticent à toute forme de collaboration avec le camp présidentiel. "J'ai dit au président qu'il n'était pas question pour nous de rentrer dans une logique de pacte, de coalition ou de participation. Nous restons dans l'opposition de manière déterminée", sans être dans le "blocage des institutions", a expliqué Christian Jacob, président des Républicains.

M. Macron tente ainsi de reprendre l'initiative au lendemain des élections législatives qui l'ont mis dans une position délicate. Selon plusieurs éditorialistes, le président français essaie, en ouvrant le dialogue, de tâter le terrain pour savoir qui peut voter ses textes, mais aussi pour mettre les opposants devant leurs responsabilités en cas de blocages à l'Assemblée nationale.

La Première ministre Elisabeth Borne a remis dans la foulée mardi matin sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a refusée afin que le gouvernement reste à la tâche, a indiqué l'Elysée, malgré les appels multiples des opposants à la démission de Mme Borne et de son gouvernement au lendemain des élections législatives. Cette décision de M. Macron a de nouveau fait réagir l'opposition.

"Il doit donner un signe du changement et le premier signe qu'il donne c'est de refuser la démission de la Première ministre qui a échoué à ces élections", a dénoncé Gilles Platret, vice-président des Républicains. Pour Ugo Bernalicis, député de la Nupes, le président français doit tirer les leçons des élections en acceptant la démission du gouvernement, qui a été sanctionné au sortir de ces élections.

"Les Français doivent être entendus. Emmanuel Macron ne peut pas continuer la politique qu'il a menée parce que cette politique n'a pas obtenu la majorité absolue", a réagi pour sa part Marine Le Pen (RN). "Logiquement, on devrait avoir à minima un remaniement ministériel, et des ajustements, sinon c'est de prendre le risque d'une réaction très négative de l'Assemblée nationale", a analysé sur Franceinfo le politologue et vice-président d'Opinion Way, Bruno Jeanbart.

Mme Borne qui a réuni dans l'après-midi son gouvernement, recevra la semaine prochaine les nouveaux présidents des groupes à l'Assemblée nationale, a annoncé la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Ying Xie)
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