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France : un XIIe samedi de mobilisation des "Gilets jaunes" en hommage aux victimes des violences policières

Xinhua | 04.02.2019 10h20

Les "Gilets jaunes" ont encore défilé ce samedi à Paris et dans plusieurs villes de province. Ce douzième samedi consécutif de mobilisation nationale, en pleine polémique sur les lanceurs de balles de défense (LBD), est dédié aux victimes des violences policières lors des manifestations du mouvement.

Dans toute la France, 58.600 manifestants ont été recensés selon le ministère de l'intérieur contre 69.000 samedi dernier, soit une baisse de plus de 10.000 personnes. En revanche, 10.500 manifestants ont été comptabilisés à Paris contre 4.000 samedi dernier.

Dans la capitale tout comme en province, les "Gilets jaunes" ont défilé contre les violences policières et les personnes blessées en marge des manifestations du mouvement ont été placées en tête de cortège.

Le défilé parisien, parti de la place Félix Eboué dans le XIIe arrondissement, s'est terminé place de la République par des heurts entre les manifestants et les forces de l'ordre, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule.

Des dégradations et de violents heurts ont également été notés à Bordeaux, Strasbourg, Nantes ou encore Nancy, causant des blessés et plusieurs interpellations selon les médias locaux.

Ces incidents ont à nouveau été condamnés par les autorités : "12e samedi de mobilisation pour nos forces de sécurité et secours. Si moins d'incidents sont à déplorer, je condamne fermement les dégradations et violences qui ont été commises", a déploré samedi soir sur son compte Twitter le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Les manifestants réclament l'interdiction des grenades de désencerclement et des LBD malgré le refus de la justice de suspendre l'usage de ces armes décriées par les syndicats, les partis politiques de gauche et les défenseurs des droits.

Le Conseil d'Etat a rejeté les demandes de suspensions d'utilisation des LBD vendredi, soit la veille de l'acte XII de la mobilisation des "Gilets jaunes". La Confédération générale du travail (CGC) et la Ligue des droits avaient déposé le 30 janvier un recours d'urgence auprès du Conseil d'Etat, afin d'obtenir cette suspension après le rejet de leur requête en référé par le tribunal administratif de Paris qui s'est déclaré incompétent.

Dans sa décision, le Conseil d'Etat reconnaît la dangerosité des LBD mais les trouve "nécessaires au maintien de l'ordre public (...) et proportionnés au trouble à faire cesser". Une argumentation qui ne semble pas satisfaire les pourfendeurs des LBD. "C'est une arme nocive, imprécise, qui crée plus de malheur que de sécurité", a réagi sur BFMTV Benjamin Cauchy, une des figures des "Gilets jaunes".

"J'aurais souhaité que le Conseil d'Etat voit davantage ce qui se passe. Ce n'est pas en tirant sur les manifestants que l'Etat pourra régler le problème de masses qui ne savent plus comment vivre", a déclaré Esther Benbessa, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts, qui a défilé samedi à Paris avec les "Gilets jaunes".

Le débat sur les LBD a été relancé après la grave blessure à l'œil d'une des figures des "Gilets jaunes" en marge de la 11e manifestation du mouvement. Des centaines de cas de blessures par les LBD et des grenades en marge des manifestations des "Gilets jaunes" ont été recensés depuis le début du mouvement le 17 novembre dernier.

"Sur ces 357 recensements (au 22 janvier), je compte au moins 100 blessés graves, dont une quinzaine de personnes éborgnées et plusieurs mains arrachées", a déclaré au journal Le Monde David Dufresne, journaliste indépendant qui recueille les témoignages des victimes policières.

Des chiffres corroborés par une longue liste provisoire de 124 blessés graves depuis le début du mouvement (dont 20 éborgnées) publiée sur le site de "Désarmons-les", un collectif contre les violences d'Etat.

Le ministre de l'Intérieur, qui a depuis le début de la polémique écarté toute idée de suspension des LBD, dit avoir pris acte de la décision du Conseil d'Etat qui "soulage les forces de l'ordre".

"C'est vrai, cette arme de force intermédiaire peut blesser, mais pour faire face aux émeutiers, pour se défendre contre ceux qui les attaquent, les forces de l'ordre en ont besoin", a indiqué vendredi dernier M. Castaner lors de la présentation du dispositif sécuritaire pour l'acte XII des "Gilets jaunes". Le ministre a également rassuré sur l'usage des LBD qui, dit-il, est "strictement encadré, codifié".

Le défenseur des droits Jacques Toubon avait déjà demandé aux autorités françaises, dans un rapport en date du 10 janvier, l'interdiction de l'usage des lanceurs de balles de défense en raison de leur "dangerosité".

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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