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France : Macron fixe les contours du "grand débat" national

Xinhua | 15.01.2019 08h14

Dans une lettre adressée dimanche soir aux Français, le président français Emmanuel Macron a fixé les contours du "grand débat" national destiné à répondre au mouvement de colère des "gilets jaunes", qui se dérouleront autour de quatre grands thèmes, en conviant les Français à y participer massivement afin de "transformer les colères en solution".

Le "grand débat" national portera notamment sur la fiscalité et les dépenses publiques, l'organisation de l'Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté, a rappelé M. Macron dans la lettre.

Il a donné quelques pistes de réflexion relatives aux thèmes fixés, et qui sont, selon lui, au cœur des interrogations : "Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ? Comment finance-t-on la transition écologique : par l'impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ...", a-t-il suggéré.

Le chef de l'Etat français s'est cependant dit ouvert à d'autres sujets qui n'ont aucun rapport avec ces thèmes fixés. "Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n'importe quel sujet concret dont vous auriez l'impression qu'il pourrait améliorer votre existence au quotidien", a-t-il indiqué.

Sauf que le président français n'entend pas revenir sur certaines mesures controversées (comme l'Impôt sur la fortune, ISF) déjà prises par son gouvernement.

"L'impôt, lorsqu'il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s'investir dans les entreprises, créant ainsi de l'emploi et de la croissance (...) Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage", a prévenu M. Macron, faisant notamment allusion à l'ISF dont la suppression est dénoncée par les "gilets jaunes".

M. Macron a également rappelé que ce débat "n'est ni une élection, ni un référendum", mais une initiative inédite dont il veut tirer toutes les conclusions.

Les opposants ainsi que les "gilets jaunes" ont vivement réagi à la lettre de M. Macron. A gauche, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a indiqué sur son compte facebook que la lettre de Macron sera "un flop".

"Ce document, à lui seul, confirme l'incompréhension de Macron sur la nature du moment politique en cours", a-t-il critiqué.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé les limites au débat, notamment le refus de M. Macron de revenir sur l'ISF.

"On ne convoque pas tous les Français à un débat en leur interdisant de parler par exemple de l'ISF (...) Le président n'entend pas l'exigence de justice fiscale qui monte du pays", a écrit le patron des socialistes sur Twitter.

"La lecture de la lettre d'Emmanuel Macron aux Français, déçoit car elle est faible, prévisible, sans souffle ni vision. Elle confirme nos inquiétudes", a indiqué sur les réseaux sociaux, Benoît Hamon, ancien candidat à la présidentielle de 2017 et leader de file de Générations.

La droite aussi ne cache pas sa déception. "Emmanuel Macron dit qu'il est ouvert à la discussion mais qu'il n'ira pas à l'encontre de son projet. Il gagne du temps pourtant le temps est compté", a déclaré dimanche soir sur LCI, Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains (LR).

Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national (RN) a qualifié ce lundi sur Franceinfo, la lettre de Macron de "baratin hypocrite qui nous indique simplement que La République en marche et le président de la République en premier, ne savent plus où conduire la France (...) Qu'il n'y ait pas de questions interdites, c'est intéressant, le problème c'est qu'il y a des réponses interdites", a-t-il déploré.

Les "gilets jaunes" non plus ne sont pas convaincus par l'initiative du président français. "Ça m'embête que le président cadre le débat, ce n'est pas à lui de poser les questions. On a vraiment l'impression qu'on nous prend pour des imbéciles", a réagi dimanche soir sur LCI, Benjamin Cauchy, leader des "gilets jaunes libres".

Le grand débat national débute le mardi 15 janvier. Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales et Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à l'Ecologie auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, ont été désignés pour encadrer le débat, ont rapporté lundi des médias locaux, citant des sources gouvernementales.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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