Dernière mise à jour à 08h27 le 25/07

Page d'accueil>>International

France/Affaire Benalla : le ministre de l'Intérieur peine à convaincre devant la commission d'enquête

Xinhua | 25.07.2018 08h26

Auditionné lundi par la commission des lois de l'Assemblée nationale française sur l'"affaire Benalla", du nom de ce proche collaborateur du président Emmanuel Macron qui a été filmé en train de frapper un homme en marge d'un rassemblement le 1er mai dernier, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est expliqué longuement sans convaincre les opposants, alors que ces derniers demandent désormais que M. Macron soit lui-même entendu par ladite commission.

M. Collomb s'est dégagé de toute responsabilité dans ce dossier, actuellement devant la justice et dont le principal concerné, Alexandre Benalla, est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

Le ministre dit n'avoir été informé de l'existence de la vidéo qui met en cause Alexandre Benalla que le 2 mai en début d'après-midi. C'est "lors d'un de nos points de situation quotidiens que mon directeur de cabinet et mon chef de cabinet m'informent de l'existence d'une vidéo montrant des faits de violences, de l'implication de M. Benalla dans ces faits", a-t-il expliqué.

Il a ajouté que ses collaborateurs ont par la suite informé le préfet de police et porté l'information à la connaissance du cabinet de la présidence de la République.

Ce qu'il a qualifié de démarche "appropriée" car, "c'est à l'autorité hiérarchique de prendre toutes les mesures qui s'imposent sur le plan administratif comme sur le plan judiciaire", a estimé Gérard Collomb.

Le ministre a expliqué ainsi à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir saisi le procureur de la République à la vue de la vidéo que ce n'est pas au ministre qu'il appartient de le faire.

"M. Benalla ne faisant pas partir des effectifs placés sous mon autorité, le cabinet du président de la République et la préfecture de police, disposant de toutes les informations nécessaires pour agir, j'ai considéré que les faits signalés étaient pris en compte au niveau adapté. Donc, je ne me suis plus occupé de ce sujet", s'est-il justifié.

M. Collomb a indiqué cependant avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) le 19 juillet dernier après la découverte d'éléments nouveaux dans une vidéo diffusée la veille par le journal Le Monde, notamment des images montrant M. Benalla équipé de brassard de la police et doté d'une radio. "Je considère qu'il était nécessaire d'en savoir plus. J'ai demandé à mon directeur de cabinet de saisir l'IGPN et cette enquête est en cours comme l'enquête judiciaire", a dit le ministre.

Sur l'autorisation d'observer les opérations de maintien de l'ordre le 1er mai accordée à Alexandre Benalla et à Vincent Crase, un gendarme réserviste et employé de la République en marche (LREM), M. Collomb n'avoir jamais été informé de la question. "Je n'ai jamais été informé, je n'ai constaté qu'à posteriori qu'effectivement ces deux observateurs étaient présents sur les lieux et s'étaient rendus ensuite d'ailleurs de manière, à mon avis, inopportune dans la salle de commandement où j'étais allé regarder avec le préfet de police la suite des opérations", a expliqué M Collomb.

Le ministre de l'Intérieur a également précisément que M. Benalla a demandé au ministère, en 2013 et en 2017, une autorisation de port d'arme sans succès. Et que c'est en octobre 2017 qu'Alexandre Benalla a reçu cette autorisation par un arrêté préfectoral. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, également entendu par la commission à la suite de M. Collomb, s'est aussi défendu de tout manquement et a rappelé être "sous l'autorité des autorités exécutives".

Il a indiqué avoir été informé de l'existence de la vidéo par l'Elysée, via le conseiller intérieur et sécurité Laurent Hottiaux, et que le ministère lui a confirmé être en contact avec la présidence de la République sur le sujet. Donc, "il était établi pour moi que le sujet Benalla était traité par l'autorité hiérarchique dont il dépendait", a-t-il déclaré. Le préfet de police a indiqué n'avoir jamais délivré d'autorisation d'observer les manifestations du 1er-Mai à M. Benalla.

"Sa présence m'étonne comme elle étonne mes collaborateurs", a dit Michel Delpuech tout en qualifiant ces événements de "dérives individuelles inacceptables, condamnables sur fond de copinage malsain".

Les partis d'opposition qui ont réclamé cette commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur " l'affaire Benalla" ont dit être restés sur leur faim après l'audition de M. Collomb.

"Je ne suis pas satisfait. On est naturellement dans le faux semblant. On voit bien que les protagonistes se sont concertés et que les fusibles ont été enclenchés : le directeur de cabinet du président de la République et le préfet de police Michel Delpuech", a déclaré le député du parti des Républicains (LR), Eric Ciotti.

Le dirigeant de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a invité M. Collomb à assumer sa responsabilité politique et ne pas se décharger sur un préfet de police. Pour lui, "c'est Macron lui-même qui doit se présenter devant la commission pour expliquer qui est ce M. Benalla".

"Il faut désormais que les commissions d'enquête à l'Assemblée et au Sénat convoquent le président de la République, parce qu'il détient la plupart des clefs de la vérité", a aussi réclamé Benoît Hamon du mouvement Génération.s sur son compte Twitter.

Le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est interrogé sur le mutisme du président Macron. "Vous avez une affaire qui touche le cœur de l'Etat et vous avez un président qui nous a habitués à une profusion de selfies, de commentaires et qui, là, est muet comme une carpe. Même son compte Twitter est muet", raille le député socialiste sur son compte.

"Au-delà des questions judiciaires, parce qu'il y a une enquête, les Français attendent que le président de la République donne sa version des faits", a estimé Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), alors que Marine Le Pen (Rassemblement national) estime que l'audition de M. Collomb "a confirmé les pires soupçons que nous avions, à savoir qu'il y avait des structures parallèles dans notre pays qui relèveraient du président de la République et qui ne sont soumises à aucune décision du ministère de l'Intérieur".

La commission d'enquête de l'Assemblée nationale doit auditionner ce mardi le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, et celui de M. Collomb, Stéphane Fratacci.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
Partagez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :