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France/USA : l'ancien conseiller de Donald Trump au Congrès du FN pour galvaniser ses militants

Xinhua | 11.03.2018 09h49

"L'Histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire", a dit samedi Steve Bannon, ancien conseiller du président américain Donald Trump, devant les militants du Front national réunis en congrès à Lille, nord de la France.

M. Bannon est l'invité vedette surprise du 16ème congrès du parti d'extrême droite français.

Pour lui, "la politique actuelle ne se résume pas au clivage gauche/droite. On l'a vu en Italie avec la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles qui contestent la politique des élites de Rome et de Bruxelles!"

"Les médias de l'establishment sont les chiens du système. Tous les jours nous devenons plus forts, et eux plus faibles. Laissez-les vous traiter de racistes, de xénophobes ou je ne sais quoi, portez-le même comme une médaille!", a lancé M. Bannon dans son discours à très forte tonalité populiste, sous les applaudissements.

L'annonce surprise vendredi soir de la venue de M. Bannon, incarnation de la droite américaine la plus dure, au congrès du FN que sa Présidente Marine Le Pen présente comme celui de la "refondation", n'a pas fait l'unanimité au sein du FN.

C'est une visite "paradoxale" qui n'est pas exactement la définition de la "dédiabolisation" lancée depuis 2011, a commenté le cofondateur du FN, Jean-Marie Le Pen.

L'ancien président du parti, exclu par sa fille, notamment en raison de ses nombreuses déclarations racistes et antisémites, a exprimé sa "sympathie" pour M. Bannon lors d'une séance de dédicace de ses mémoires à Paris. Il a renoncé à se rendre au congrès lors duquel il doit être déchu de sa présidence d'honneur.

Le secrétaire d'Etat français aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, a de son côté qualifié M. Bannon de "roi des Fake news et des suprémacistes blancs", et jugé que le FN allait peut-être changer "de nom, mais pas de ligne politique".

M. Bannon effectue maintenant une tournée en Europe avec l'ambition de fonder une "infrastructure, mondialement, pour le mouvement populiste mondial", a rapporté samedi le New York Times.

Dans une interview accordée jeudi dernier à la Radio Télévision Suisse, il a par ailleurs déclaré avoir "créé une fondation qui va militariser les idées et réunir une armée de volontaires sur le terrain".

De nombreux observateurs politiques de l'Hexagone se sont étonnés de sa présence au congrès du FN, dans la mesure où le changement de nom du FN, dont le principe a été acté par les militants, semblait s'inscrire dans la stratégie de "dédiabolisation" engagée par Marine Le Pen à son arrivée à la tête du parti.

Dimanche, Marine Le Pen devrait proposer un nouveau nom pour sa formation politique.

Or, M. Bannon est connu pour ses positionnements radicaux.

Sur le site internet français franceinfo, le sociologue Erwan Lecoeur a jugé "malin" de faire venir M. Bannon, "quelqu'un qui peut montrer qu'il est possible de faire avec Marine Le Pen ce qui a été fait avec Donald Trump, c'est-à-dire, sur une ligne extrêmement populaire et dure, créer un nouveau clivage, et une nouvelle communication politique."

Le vice-président du FN, Louis Aliot, a de son côté affirmé fin février avoir rencontré M. Bannon. "Leurs analyses sont les mêmes que les nôtres sur un grand nombre de thématiques. Notamment sur la nécessaire résistance médiatique à organiser partout, y compris chez nous en Europe et en France. Trump a réussi à gagner contre ce système médiatique. C'est là sa réussite extraordinaire", a-t-il estimé.

Malgré son score de près de 11 millions de voix au second tour de la présidentielle en 2017, Marine Le Pen a essuyé de nombreuses critiques dans ses rangs ces derniers mois. Selon de récents sondages, sa contre-performance lors du débat télévisé de l'entre-deux tours de la présidentielle a laissé des traces et suscite certaines inquiétudes dans les rangs de militants.

Suite au départ de son ancien bras droit, le souverainiste Florian Philippot qui a lancé sa propre formation politique, ainsi que la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, la Présidente du FN, seule candidate à sa réélection, traverse une période d'incertitude, même si aucune autre personnalité n'est en mesure aujourd'hui de remettre véritablement en cause son leadership.

Le succès électoral de l'AFD allemande en septembre 2017, celui du FPO autrichien dans la foulée, puis celui de la Ligue du Nord en Italie (arrivée en tête dimanche dernier) illustrent, selon Marine Le Pen, que la recomposition politique française amorcée par Emmanuel Macron "n'a pas d'avenir".

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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