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Indonésie : un militant écologiste condamné pour « diffusion du communisme »

le Quotidien du Peuple en ligne | 25.01.2018 10h42

Un militant écologiste indonésien a été condamné à 10 mois de prison en vertu d'une loi anti-communiste sévère, héritage de l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire de l'Indonésie. Un tribunal de Java-Est a rendu cette sentence mardi 23 janvier après avoir reconnu Heri Budiawan, 38 ans, coupable d'avoir « répandu le communisme » lors d'une manifestation l'année dernière contre l'ouverture d'une mine d'or locale. Certains manifestants y avaient été vus portant des bannières frappées d'un marteau et une faucille -un symbole largement reconnu du communisme- pendant la manifestation et Heri Budiawan a été désigné comme l'organisateur du rassemblement.

Trois autres manifestants portant des bannières ont également été inculpés en vertu de cette loi, rarement utilisée, et attendent d'être jugés. Un changement apporté au code pénal indonésien à la fin des années 1990 a rendu illégale la diffusion du communisme ou d'autres idéologies de gauche, avec des peines pouvant aller jusqu'à 12 ans de prison. « Nous sommes complètement insatisfaits de ce verdict -c'est une menace pour la démocratie et la liberté de parole », a déclaré à l'AFP l'avocat de Heri Budiawan, Ahmad Rifai, le 24 janvier.

L'Indonésie comptait l'un des plus grands partis communistes du monde avant que les massacres du milieu des années 1960 fassent 500 000 morts, y compris des membres du parti et des présumés membres de la gauche. Les massacres eurent lieu après la prise de pouvoir de Suharto. Au cours de son règne autoritaire de 32 ans, la version officielle du gouvernement était que ces tueries avaient été nécessaires pour débarrasser l'Indonésie du communisme. Et même l'année dernière encore, le Ministre indonésien de la défense a affirmé que les présumés communistes tués dans les massacres soutenus par l'armée « méritaient de mourir ».

L'avocat de Heri Budiawan a déclaré le 24 janvier que son client et les autres manifestants n'avaient pas fabriqué les bannières incriminées et ne comprenaient pas le lien entre le marteau et la faucille et le communisme. L'année dernière, les procureurs avaient déjà demandé une peine d'emprisonnement de deux ans contre un éleveur de chèvres de 24 ans qui avait téléchargé un autoportrait de lui-même tenant une photo encadrée du marteau et de la faucille. Toujours en 2017, trois étudiants d'université avaient été suspendus de leur établissement pour avoir vendu des livres sur le communisme, le marxisme et le léninisme.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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