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Qui a commis la pire attaque dans toute l'histoire de l'Égypte ?

le Quotidien du Peuple en ligne | 27.11.2017 15h51

Quelques jours à peine après que l'Iran et l'Irak aient annoncé l'anéantissement de l'État islamique, l'Égypte a subi la pire attaque terroriste de toute son histoire. A en juger d'après les dernières informations disponibles, à part l'objet de l'attaque, une mosquée soufie, et le nombre croissant de victimes, qui ne font plus de doute, il n'y a pas encore de nouvelles précises sur l'identité des assaillants. Cependant, l'identité des attaquants, le principal groupe extrémiste dans la péninsule égyptienne du Sinaï, mais aussi les causes profondes et l'impact des actes terroristes endémiques suscitent sans aucun doute l'attention de tous.

Le groupe « Ansar Bayt al-Maqdis », le plus grand suspect probable

Bien qu'on ne dispose pas d'informations précises, le groupe « Ansar Bayt al-Maqdis » (« Les Partisans de Jérusalem »), la branche de l'État islamique dans la région, est sans aucun doute le plus grand suspect.

Tout d'abord, quand on considère le choix du moment, le lancement d'une attaque de pareille ampleur alors que l'Iran et l'Irak venaient d'annoncer que l'État islamique avait été détruit, semble montrer de manière évidente qu'il s'agit d'une part d'un acte de vengeance de l'État islamique, et d'autre part témoigne de la volonté du groupe de montrer, du fait même de la puissance de l'attaque, qu'il existe toujours.

Deuxièmement, la cible des islamistes, les soufis, correspond également à l'idéologie de l'État islamique. Dans l'idéologie de ce groupe extrémiste et de ses affidés des « Partisans de Jérusalem », les chiites et les tenants du mysticisme soufi sont tous des « apostats », et comme tels doivent être éliminés.

Troisièmement, le choix d'une mosquée pour une attaque brutale est également compatible avec l'approche de l'État islamique. Car si l'organisation Al-Qaïda demande autant que possible d'éviter les attaques contre des mosquées et des civils, en revanche, l'État islamique met davantage l'accent sur un « djihad offensif » partout où c'est possible contre les « infidèles » et les « apostats ».

Enfin, les « Partisans de Jérusalem » sont l'organisation extrémiste la plus puissante de la région du Sinaï. Elle recrute largement ses membres au Moyen-Orient, attirant de nombreux « volontaires » des pays arabes. On estime qu'il y a actuellement environ 2 000 membres dans ce groupe.

La raison de l'endémisme des organisations extrémistes dans la péninsule du Sinaï

Le développement rapide des groupes extrémistes dans la péninsule du Sinaï a commencé avec les attaques du 11 septembre aux États-Unis, et en particulier après la guerre en Irak en 2003. Depuis 2004, des touristes ont été victimes d'attentats dans des grandes villes touristiques du Sinaï comme Nuweiba, Dahab ou Charm el-Cheikh. Après l'effondrement du régime Moubarak en 2011, l'Égypte a connu un ralentissement économique et des troubles sociaux, et le gouvernement, qui s'est alors attelé au développement de l'économie et la résolution des problèmes sociaux, n'a pas réussi à faire face aux menaces de sécurité dans la péninsule du Sinaï, laissant celle-ci devenir une forteresse où se sont retranchés les extrémistes.

Les principales raisons qui ont conduit à cet endémisme de l'extrémisme dans la péninsule du Sinaï peuvent être résumées ainsi :

Premièrement, au cours des cinq dernières années, l'Égypte a connu des changements de régime fréquents et n'a pas été en mesure de porter un coup puissant aux forces extrémistes dans la péninsule du Sinaï.

Deuxièmement, les forces égyptiennes dans la péninsule du Sinaï sont faibles et insuffisamment puissantes pour faire face aux forces croissantes de l'extrémisme. Par ailleurs, en vertu de l'accord de paix israélo-égyptien, la sécurité dans la péninsule du Sinaï en Égypte est placée sous la responsabilité de la police égyptienne et de la force d'observation multinationale, et l'Égypte ne peut pas y déployer du personnel militaire. Ces dispositions font que les capacités de l'Égypte à assurer la sécurité et la stabilité dans la péninsule du Sinaï sont très limitées.

Troisièmement, l'échec du gouvernement central de l'Égypte à gérer correctement les relations avec les tribus bédouines a conduit à une radicalisation croissante de celles-ci dans la péninsule du Sinaï. Depuis 2011, les Bédouins de la péninsule du Sinaï sont devenus les protagonistes de nombreuses attaques terroristes. Depuis longtemps, le gouvernement central égyptien met en œuvre une politique de marginalisation de la péninsule du Sinaï, et le statut social des Bédouins est bas. L'infiltration de groupes extrémistes islamiques a été la principale raison de l'engagement de ceux-ci dans des groupes extrémistes et de leur participation à des activités terroristes.

Quatrièmement, les organisations extrémistes dans la péninsule du Sinaï sont bien armées, elles ont l'expérience du combat et possèdent les compétences nécessaires pour utiliser des armes complexes. Depuis les troubles en Égypte en 2011, des armes en provenance de Libye, de la bande de Gaza et du Soudan se sont infiltrées dans la péninsule du Sinaï. Selon les services de sécurité égyptiens, environ 2 millions d'armes à feu illégales circulent dans le pays.

Après l'arrivée au pouvoir du gouvernement du maréchal al-Sissi, le développement économique et la sécurité nationale ont été identifiées comme une tâche principale, mais les difficultés de développement, la sécurité fragile et le cercle vicieux qui s'est constitué entre les deux a été un test des capacités du gouvernement égyptien à gouverner, mais l'existence depuis de nombreuses années de groupes extrémistes et l'infiltration opérée par l'État islamique constituent une menace sérieuse pour la sécurité nationale et sociale du pays. Les attentats terroristes ne portent pas seulement atteinte à la confiance de l'Égypte dans sa reconstruction économique et politique, mais ils rendent aussi le combat et l'éradication de l'extrémisme et du terrorisme encore plus ardu.

(Les auteurs, Liu Zhongmin et Zhao Xinghua, sont respectivement professeur et doctorant à l'Institut de recherche sur le Moyen-Orient de l'Université des études internationales de Shanghai.)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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