Dernière mise à jour à 08h49 le 06/11
Le Prince héritier Mohammed bin Salman, qui a dirigé la vague d'arrestations. |
Selon une liste obtenue par CNN et citée par un haut fonctionnaire de la cour royale, le comité anti-corruption nouvellement formé en Arabie saoudite et à la tête duquel se trouve le Prince héritier Mohammed bin Salman, a arrêté au moins 17 princes et hauts responsables. La liste comprend notamment le très médiatique Prince Alwaleed bin Talal, homme d'affaires milliardaire qui possède 95% de Kingdom Holding, qui détient des participations dans des sociétés mondiales telles que Citigroup, Twitter, Apple et News Corp.
Au moins 38 anciens, actuels et sous-ministres ont été arrêtés pour des accusations de corruption. Parmi les personnes arrêtées, CNN a obtenu les noms de 17 personnes figurant sur la liste, comme le chef officiel de la cour royale Khaled Al-Tuwaijri, le nabab des médias saoudiens Waleed Al-Ibrahim et le Prince Turki bin Nasser. Badr Asaker, directeur du bureau du Prince héritier Mohamed bin Salman, a tweeté la liste des hommes d'affaires, des princes et des fonctionnaires arrêtés le 5 novembre matin. En outre, trois ministres ont été démis de leurs fonctions et des dizaines d'anciens ministres ont été arrêtés dans le cadre de la nouvelle campagne anti-corruption initiée par le Roi Salman bin Abdulaziz Al-Saud.
Le Roi Salman a ordonné la nouvelle initiative anti-corruption dans le cadre d'un « programme de réforme actif visant à résoudre un problème persistant qui a entravé les efforts de développement dans le Royaume ces dernières décennies », a annoncé le Ministère saoudien des communications. Le comité, dirigé par le Prince héritier Mohammed bin Salman, a le pouvoir d'enquêter, d'arrêter, d'émettre des interdictions de voyager et de geler les avoirs de ceux dont il découvre la corruption. Agé de 32 ans, il est depuis longtemps une figure importante de la politique saoudienne, considéré comme un acteur clé du pouvoir derrière le Roi et un réformateur selon les normes saoudiennes. Depuis sa nomination, certaines restrictions pesant sur les femmes ont été assouplies et le mois dernier, Mohammed bin Salman a juré de détruire les « idéologies extrémistes » dans le but de revenir à « un islam plus modéré ».
Selon John Defterios, éditeur des marchés émergents de CNN, qui couvre l'Arabie saoudite depuis les années 1990, cette campagne fait partie de la « refonte de haut en bas » du prince héritier. « De son plan Vision 2030, aux réformes sociales avec la conduite des femmes, et comme nous le voyons maintenant avec la troisième étape, il y a une poussée agressive pour éradiquer la corruption », a-t-il souligné. S'adressant à CNN dimanche, Fawaz Gerges, professeur de relations internationales à la London School of Economics, a quant à lui déclaré que le monde était témoin de la « naissance d'un nouvel ordre en Arabie Saoudite. Le prince héritier Mohammed bin Salman consolide non seulement son pouvoir mais aussi sa vision du royaume et met sa vision en pratique ».