Dernière mise à jour à 11h00 le 11/02
Le mur de 3.200 km que le président américain Donald Trump a proposé de construire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ne dissuadera guère les migrants de fuir la violence, la pauvreté ou le manque d'opportunités, selon des acteurs mexicains de la prise en charge des immigrés.
"Rien ne peut arrêter une personne décidée à émigrer ou à traverser la frontière", a déclaré à Xinhua Rodolfo Figueroa Pacheco, représentant de l'Institut national des migrations du Mexique en Basse-Californie, à la frontière américaine.
"Pour résoudre réellement le problème des migrations, il faudrait agir dans les pays qui expulsent les migrants", a estimé M. Figueroa, faisant référence aux politiques qui aggravent la violence, le trafic de drogue et la pauvreté en Amérique centrale et dans d'autres régions.
"Il est de notre devoir de veiller à ce que ceux qui se trouvent au Mexique soient en sécurité et à ce que leurs droits soient respectés", a-t-il souligné.
Les immigrés clandestins ont le choix entre de nombreuses options pour franchir la frontière, a-t-il indiqué. "Il y a la route maritime ou terrestre, l'utilisation de papiers faux, empruntés ou loués et des tunnels ou des rampes d'accès. Il est donc extrêmement difficile de dissuader les candidats à l'immigration."
La situation géographique du Mexique en fait un point de passage incontournable pour les migrants motivés non seulement par la promesse d'une vie meilleure, mais aussi la destruction de leur mode de vie.
"Nous ne pouvons pas changer notre géographie. La Basse-Californie est là où elle est, et sa proximité avec les Etats-Unis fait d'elle un couloir naturel de migration", a expliqué M. Figueroa.
Les barrières éclairées par des projecteurs, les capteurs de mouvement sophistiqués et les caméras de surveillance incitent de nombreux migrants à éviter la voie terrestre et à emprunter des passages souterrains à la place.
Lors d'une visite de la région frontalière, des journalistes de Xinhua ont rencontré Esteban, un immigré clandestin qui a traversé illégalement la frontière plusieurs fois.
"Ce système d'égouts est l'une des meilleures options, car il conduit directement à San Diego, dans l'Etat américain de la Californie", a expliqué Esteban. "La sortie se trouve à proximité d'un centre commercial. Tu arrives, tu te changes et pas de problème. On y va en groupe ou tout seul", a-t-il indiqué.
Grimpant une pente raide de 15 mètres de haut, Esteban a expliqué comment, la nuit, certains migrants se font glisser sur un versant sur une feuille de métal ou un autre objet avant de s'enfoncer sous les buissons en dessous jusqu'à atteindre un tuyau d'évacuation des eaux usées, qui mène lui aussi à San Diego.
"Cette route existe encore, mais il existe d'autres moyens", selon Esteban.
Certains d'entre eux sont dangereux, en particulier pour les femmes et les mineurs, a souligné Soeur Salomé Limas du centre Madre Assunta, qui accueille les femmes et les enfants migrants.
Les refuges accueillent généralement les migrants pour une période pouvant aller jusqu'à 15 jours, de quoi laisser aux migrants le temps de se reposer après leur long voyage avant de tenter une traversée potentiellement dangereuse de la frontière, a-t-elle indiqué.
A présent, les femmes qui décident de tenter la traversée sont majoritairement celles qui ont été expulsées des Etats-Unis et "doivent y retourner parce que leurs maisons, leurs maris ou leurs familles s'y trouvent".
L'année dernière, quelque 250.000 immigrés clandestins ont franchi la frontière, dont la majorité venaient du Guatemala, du Honduras ou du Salvador, selon les estimations publiées par le gouvernement. Certains groupes indépendants estiment toutefois qu'ils seraient près de 400.000.