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France : le "PenelopeGate" fait peser une menace sur la candidature Fillon à la présidentielle

Xinhua | 02.02.2017 10h14

Une semaine après la publication des premières informations concernant de supposés emplois fictifs de l'épouse de François Fillon, l'hebdomadaire Le Canard enchaîné a fait de nouvelles révélations mercredi sur cette affaire baptisée "PenelopeGate" qui fragilise encore un peu plus la candidature à la présidentielle de l'ancien Premier ministre conservateur et secoue l'Hexagone.

"L'addition flambe: 330.000 euros de mieux pour Penelope et 84.000 euros pour les enfants", affirme en "une" Le Canard enchaîné dans sa dernière édition. Journal satirique indépendant, ce titre, bien connu pour avoir révélé de nombreuses affaires depuis les années 1960, est unanimement redouté par la classe politique.

Alors que les époux Fillon ont été entendus séparément lundi par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), l'hebdomadaire dit avoir mis la main sur de nouveaux documents qui prouveraient que le "PenelopeGate" porte en fait sur "près d'un million d'euros brut au total", et non sur 600.000 euros de salaire brut évoqués la semaine dernière.

Si engager sa femme comme assistante parlementaire n'est pas illégal, ne pas exercer son emploi de façon effective tombe par contre sous le coup de la loi. Tel est le soupçon qui pèse sur le couple Fillon, alimenté par des déclarations de collaborateurs qui affirment n'avoir jamais travaillé avec l'épouse de François Fillon.

Le Canard enchaîné révèle par ailleurs dans son édition de mercredi que M. Fillon a rémunéré deux de ses enfants comme assistants parlementaires lorsqu'il était sénateur de la Sarthe entre 2005 et 2007. Marie Fillon aurait reçu au total plus de 57.000 euros brut et Charles Fillon plus de 26.600 euros.

En tant qu'assistante parlementaire ou comme conseillère littéraire de La Revue des deux mondes, l'épouse du candidat conservateur à la présidentielle est soupçonnée d'avoir bénéficié d'emplois de complaisance. Selon Le Canard enchaîné, M. Fillon l'a employée en tant que collaboratrice parlementaire de 1988 à 1990, puis de 1998 à 2002 et enfin de mai 2012 à novembre 2013.

Une enquête judiciaire portant sur des chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits a été ouverte le 25 janvier après les premières révélations du Canard enchaîné.

Les enquêteurs cherchent à déterminer si Mme Fillon a effectivement exercé une activité pendant les années où elle a été rémunérée en tant qu'assistante parlementaire, au côté de son mari, puis de son suppléant Marc Joulaud quand M. Fillon était au gouvernement ou à Matignon.

Mardi, les enquêteurs se sont rendus à l'Assemblée nationale, tandis que Marc Joulaud doit être entendu ce mercredi par le parquet financier.

Le chef de détournement de fonds publics concerne l'emploi de Penelope Fillon en tant qu'assistante parlementaire de son époux. D'après le Code pénal, le candidat de la droite à la présidentielle risque dix ans de prison et une amende d'un million d'euros, voire plus selon le montant total des sommes frauduleusement versées.

Le volet de l'enquête sur l'abus de bien social porte sur les activités de son épouse à La Revue des deux mondes. L'abus de bien social est passible de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 375.000 euros.

Après les nouvelles révélations du Canard enchaîné dans son édition du 1er février, François Fillon a dénoncé "une opération d'une extrême ampleur de calomnie très professionnelle". "A ma connaissance, dans l'histoire de la Ve République, cette situation ne s'est jamais produite", a-t-il affirmé, laissant entendre qu'une tentative d'"élimination d'un candidat à la présidentielle" par des moyens non démocratiques était en cours.

Mais, depuis que le scandale a éclaté, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy peine à convaincre l'opinion, tandis que sa propre famille politique, inquiète des conséquences de cette affaire, se lézarde. François Fillon apparaît de plus en plus dos au mur et la droite ne semble pas avoir de plan B dans le cas où son champion serait contraint de se retirer de la course à la présidentielle.

En une semaine, suite aux révélations du Canard enchaîné, hebdomadaire aux 400.000 lecteurs (un très gros tirage pour la presse française), François Fillon est passé du statut de vainqueur annoncé à la fonction suprême de la République à celui d'un candidat encombrant pour la droite et a dégringolé dans les sondages.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mardi, plus de trois quarts des personnes interrogées (76%) déclarent ne pas avoir été convaincues par sa défense.

Ce "PenelopeGate" passe d'autant plus mal dans l'opinion que François Fillon s'est fait le chantre de l'exemplarité pendant la campagne et que les électeurs, quelle que soit leur famille politique, semblent de plus en plus portés vers le "vote sanction".

Par ailleurs, le centriste François Bayrou entretient le suspense quant à sa propre candidature à la présidentielle. Sur le plateau du journal de 20h de TF1, il n'a pas hésité mardi à tacler l'ancien Premier ministre, jugeant que les révélations du Canard enchaîné sont à l'image du projet présidentiel du candidat Fillon, "injuste".

Dans ce "PenelopeGate", trois scénarios peuvent être envisagés selon l'éditorialiste de l'hebdomadaire L'Express, Christophe Barbier. "Le rose : l'enquête préliminaire va vite, on constate la réalité de l'activité de Penelope et le dossier est classé. François Fillon relance sa campagne électorale et explique que tout cela n'était qu'une cabale. Le noir : il y a des doutes dans l'esprit des enquêteurs, ils transforment l'enquête en information judiciaire. Elle devient lente et longue. Le risque de mise en examen demeure. François Fillon est plombé et dégringole dans les sondages. Enfin, troisième scénario: Penelope Fillon a des soucis avec son emploi à La Revue des deux mondes, mais François Fillon est libéré de toute inquiétude pour ce qui est de ses assistants parlementaires. Dans tous les cas, il y aura une des conséquences sur le candidat de droite".

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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