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Primaire-second tour : le débat de la clarification

Xinhua | 26.11.2016 09h42

Après des échanges musclés par presse interposée, les deux finalistes du second tour de la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle 2017, François Fillon et Alain Juppé, ont clarifié jeudi soir à l'occasion d'un débat télévisé leur position sur les sujets qui les opposent.

Il s'agit notamment de la suppression des postes de fonctionnaires, de l'adoption pour les couples homosexuels, la réforme de l'assurance maladie, la sécurité intérieure ou encore la politique étrangère de la France.

Pour Alain Juppé et François Fillon, une suppression de postes de fonctionnaires s'impose face au poids des dépenses publiques françaises, devenu insupportable. Seulement, la divergence entre les deux candidats réside dans l'intensité de la réforme.

M. Fillon, qui assume un programme radical, propose la suppression de 500.000 emplois. "On peut mettre fin à des contrats, organiser des départs volontaires, etc..", a-t-il expliqué.

Une proposition qu'Alain Juppé juge "irréalisable" : "Supprimer 500.000 postes de fonctionnaires veut dire ne recruter aucun infirmier, aucun enseignant ou policier, ce qui n'est pas possible. Car l'Etat ne peut vivre sans recruter régulièrement de nouveaux collaborateurs", a déclaré le maire de Bordeaux, qui propose lui de supprimer 250.000 postes de fonctionnaire.

Concernant le système de santé, M. Juppé veut remettre l'assurance maladie en situation d'équilibre financier, et ce en agissant sur la gestion des caisses d'assurance maladie, en luttant contre la fraude et en recadrant l'aide médicale d'Etat. "Je ne toucherai pas au taux de remboursement dont bénéficient les français", a-t-il rassuré.

Contrairement à son concurrent, François Fillon propose que l'assurance maladie soit recentrée sur des affections graves et de longue durée. "On va discuter avec les partenaires sociaux de la composition de ce panier de soin qui devrait être couvert par la sécurité sociale", a-t-il indiqué

Concernant la sécurité intérieure, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy pense que l'augmentation des effectifs de la police nationale n'est pas la solution. "La preuve, c'est qu'il y a plus de policiers et de gendarmes par habitant en France qu'en Angleterre et en Allemagne", a fait savoir M. Fillon, qui est plutôt favorable à la modernisation et à une meilleure organisation de la police, "pour faire en sorte que la moitié (des effectifs) aillent sur le terrain".

M. Juppé quant à lui mise sur l'augmentation des effectifs de la police par le recrutement de 5.000 personnels administratifs "pour décharger les policiers et les remettre sur le terrain", ainsi que sur le renforcement du renseignement territorial, "car c'est de là que viennent des signaux pour détecter les comportements qui peuvent être dangereux pour la République".

La conduite de la politique internationale, notamment les relations avec la Russie, les Etats-Unis et la crise syrienne, est également un des points de désaccord entre les deux candidats.

François Fillon a déclaré que la France ne doit pas remettre en cause son alliance avec les Etats-Unis, un pays avec lequel elle partage des valeurs fondamentales. En revanche, il estime que la politique conduite par François Hollande à l'égard de la Russie est absurde.

"Il pousse la Russie à se durcir, à s'isoler et à actionner les réflexes nationalistes, alors que c'est le plus grand pays du monde bourré d'armes nucléaires, donc un pays dangereux si on le traite comme cela", a-t-il expliqué.

M. Fillon propose de discuter avec Moscou pour "retisser un lien de confiance qui permet d'amarrer la Russie à l'Europe". Selon lui, le vrai danger pour l'Europe n'est pas la Russie mais plutôt le continent asiatique, en terme de domination économique mondiale.

Sur la Syrie, François Fillon constate que la politique qui y a été menée depuis 4 ans a échoué. Il propose donc d'autres manières d'agir, notamment d'essayer de ramener les Russes dans une discussion avec les Européens et de parler avec l'Iran, "qui a un rôle clé dans le conflit syrien", pour mettre fin à la guerre.

Dans sa conduite de la politique internationale, Alain Juppé veut donner à la France sa place d'antan : "une puissance d'influence mondiale", et rétablir sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires, en particulier de l'Allemagne.

"A partir de là, nous sommes libres de nos choix. Car je ne veux pas une France inféodée ni à Washington ni à Moscou. Nous avons avec les Etats-Unis une relation ancienne, mais ils défendent farouchement leurs propres intérêts. Il faut que nous sachions nous aussi défendre nos intérêts", a-t-il indiqué.

M. Juppé considère qu'il faut aller vers un accord de sécurité paneuropéen avec la Russie, qui est un voisin et un partenaire. Toutefois, il faut savoir dire à la Russie quelques vérités, a-t-il ajouté.

"Si je suis président, je dirai à Poutine que je n'accepte pas l'annexion de la Crimée, car c'est une violation des règles internationales. Qu'il applique les accords de Minsk pour rétablir la concorde nationale et la paix en Ukraine, et c'est à ce moment là que nous lèverons les sanctions", a déclaré le maire de Bordeaux.

En ce qui concerne la Syrie, M. Juppé pense que la lutte contre l'Etat islamique doit être la priorité, mais que "le retour de Bachar al-Assad au pouvoir ne contribuera pas à la paix en Syrie".

Le second tour de la primaire de la droite et du centre aura lieu le 27 novembre prochain.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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