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France : la classe politique divisée sur l'annulation de la visite de Poutine à Paris

Xinhua | 13.10.2016 08h12

L'annulation de la visite du président russe Vladimir Poutine à Paris est diversement appréciée par la classe politique française.

Le président Poutine, qui est attendu le 19 octobre à Paris pour l'inauguration d'un centre spirituel et culturel orthodoxe russe, a finalement annulé sa visite, en réponse au président Hollande qui s'interrogeait lundi dernier sur la chaîne française TMC, sur l'utilité de recevoir ou non M. Poutine, invoquant des "crimes de guerre" commis à Alep en Syrie.

Le président Poutine est "disposé à visiter Paris lorsque le président Hollande se sentira à l'aise de le recevoir", a déclaré mardi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Cet échange entre Paris et Moscou intervient après que la Russie a opposé son véto samedi soir, au Conseil de sécurité des Nations Unies, à la proposition de la France pour un cessez-le-feu à Alep (Syrie).

Mais à droite (Les Républicains) comme à l'extrême droite (Front national), l'on critique la politique adoptée à l'endroit de la Russie et, invite au dialogue pour trouver une solution à la crise syrienne.

"Je regrette la politique conduite avec constance vis-à-vis de la Russie. J'ai des désaccords avec Poutine mais je considère que l'intérêt de la France et de l'Europe c'est qu'ils dialoguent avec la Russie", a déclaré sur BFMTV l'ancien président et candidat à la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy.

Pour M. Sarkozy, les autorités françaises doivent parler à la Russie pour "lui expliquer en quoi son attitude n'est pas acceptable sur certains dossiers". "L'annulation de la visite est une très mauvaise chose et, cette stratégie qui consiste à faire la guerre froide avec la Russie est une erreur", a-t-il indiqué.

Alain Juppé, également candidat à la primaire de la droite, prône le dialogue avec la Russie, même s'il se dit choqué par ce qui se passe à Alep.

"Il ne faut jamais fermer la porte au dialogue, à condition de dire les choses, et de dire qu'on n'est pas d'accord, et que la Russie doit proposer une solution pour sortir du drame syrien (...) On ne peut pas rompre avec Poutine, on ne va pas repartir dans une nouvelle guerre froide", a indiqué sur la même chaîne le maire de Bordeaux.

La présidente du Front national Marine Le Pen a critiqué la position du président Hollande "belliqueux depuis un certain moment envers certains dirigeants". "Voir le président de la République répondre au micro d'une émission de divertissement en indiquant qu'il n'est pas sûr de recevoir le président de la Russie, m'apparaît absolument incroyable de mépris", a déclaré Mme Le Pen mardi soir à la presse.

A gauche les responsables politiques sont divisés sur la question. Sur son compte tweete, Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du parti de gauche dénonce la décision du président français : "Hollande refuse de recevoir Poutine après l'avoir invité par courrier perso ! C'est ça la diplomatie de la France ? Minable", a-t-il indiqué.

Jean-Luc Mélenchon a également critiqué dans la presse la position de la France, "aligné sur les Etats-Unis d'Amérique, une attitude pas du tout conforme aux intérêts de la France".

Contrairement à M. Mélenchon, le député Europe Ecologie Les Verts, Yannick Jadot, est en phase avec les autorités françaises. "Continuons à dénoncer l'inacceptable à Alep, avec plus de détermination et moins de tergiversation", a tweeté M. Jadot.

Pour le député socialiste Alexi Bachely, la France a le droit, du point de vue diplomatique, de faire savoir à M. Poutine qu'elle est mécontente, "qu'il y ait eu un vote contre la résolution (pour un cessez-le-feu à Alep) et de l'attitude de la Russie qui, aujourd'hui, ne résout pas le conflit syrien par ses bombardements sur Alep".

Mardi à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), le président français a à nouveau déclaré être prêt à rencontrer Vladimir Poutine pour "faire avancer la paix".

"Le dialogue est nécessaire avec la Russie mais il doit être ferme et franc sinon il n'a pas sa place. Je suis donc prêt à tout moment à rencontrer le président Poutine", a-t-il indiqué.

Selon François Hollande, la France a un désaccord majeur avec la Russie sur la Syrie. "En Syrie, il doit y avoir d'abord la trêve. Au moment où je parle, aucune aide humanitaire ne peut arriver à Alep, qui est en passe de rejoindre la liste des villes martyrs. Le veto russe a empêché la cessation des bombardements", a accusé le président français.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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