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THAAD : la Corée du Sud ne doit pas changer de site, mais de décision

Xinhua | 01.10.2016 10h14

La Corée du Sud a annoncé vendredi le choix d'un nouveau site pour abriter le bouclier antimissile américain THAAD, en dépit d'une forte opposition des habitants, quelques jours après que les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient accélérer le déploiement de ce système prévu à l'origine d'ici la fin 2017.

La récente décision de Séoul s'est visiblement faite sous la pression de Washington, même si le déploiement du Terminal High Altitude Area Defense ne peut se faire sans l'assentiment sud-coréen.

Mais les autorités sud-coréennes doivent bien prendre conscience que ce ne sera pas un bouclier pour protéger leur pays que l'Oncle Sam leur apportera, mais bien un Grand méchant loup déguisé en mère-grand qui sèmera le trouble dans le pays, d'autant que les riverains du futur site et les pays voisins sont farouchement opposés à cette décision.

Le déploiement du THAAD se fait officiellement au nom de la protection de la sécurité de la Corée du Sud, mais il vise en réalité à protéger les forces américaines qui se trouvent sur son sol.

Dire que le THAAD va permettre de contrer les missiles et les bombes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n'est qu'une ruse. Ce système n'offre aucune garantie concrète aux Sud-Coréens et va se révéler une calamité.

La situation actuelle dans la péninsule coréenne est déjà extrêmement volatile. La RPDC pas plus que les Etats-Unis n'entendent être supplantés par l'autre. Aussi, l'arrivée du THAAD ne contribuera qu'à accroître les risques de confrontation militaire entre les deux pays et mettre en danger la péninsule.

Le déploiement de ce bouclier antimissile va rompre l'équilibre stratégique régional, pousser les pays voisins à réagir et verra se détériorer les relations entre Séoul et ses voisins, prédit Wu Riqiang, professeur agrégé à l'Ecole des études internationales de l'Université Renmin à Beijing.

S'attirer le feu des critiques pour un système antimissile qui ne protégera même pas l'agglomération de Séoul et sacrifier pour cela la sécurité de tout un pays et de son peuple ne sont visiblement pas les résultats que les autorités sud-coréennes espéraient.

Le déploiement du THAAD va, à n'en pas douter, accrocher le wagon sud-coréen au train américain et transformer ce pays en un pion dans la stratégie américaine en quête de "rééquilibrage" et d'hégémonie dans la région Asie-Pacifique.

Un tel déploiement est à l'évidence une étape fondamentale pour Washington dans l'établissement d'une version asiatique de l'OTAN, ainsi qu'un élément important dans la construction d'un système antimissile dans le Pacifique Ouest, puisque le THAAD pourrait aussi être installé au Japon et ailleurs.

Les pacifistes sud-coréens ont prévenu que ce bouclier risquait de transformer leur pays en une "colonie militaire" et qu'il allait diviser la société. Ainsi, de futurs riverains ont plusieurs fois manifesté contre son déploiement, tandis que des voix discordantes se font entendre au sein du parti Saenuri au pouvoir et que les partis d'opposition sont fermement contre.

Le pays organisera une élection présidentielle fin 2017 et il y a fort à parier que le THAAD sera l'un des sujets de campagne qui seront âprement débattus. Mais les autorités ont encore un peu de temps devant elles pour reconsidérer leur position, faire de la sécurité de leurs compatriotes une priorité absolue, revenir sur cette mauvaise décision et abandonner le THAAD.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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