Dernière mise à jour à 10h41 le 09/07
Kim Sun Shil, co-représentante du Conseil coréen pour les femmes réquisitionnées comme esclaves sexuelles par l'armée japonaise, a appelé à tout faire pour dénoncer les "mensonges" du gouvernement japonais sur l'histoire des "femmes de réconfort" et pour que cette histoire ne soit oubliée.
"Au cours des 25 dernières années, le gouvernement japonais a continuellement menti et tenté de dissimuler la vérité", a indiqué Mme Kim dans une interview récente accordée à Xinhua.
Le groupe civique que représente Mme Kim défend les femmes coréennes réduites à l'esclavage sexuel par l'armée impériale japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale, avec ses homologues de 11 pays et régions, dont la Chine et les Philippines, pour attribuer ses fichiers au programme "Mémoire du monde".
Le programme "Mémoire du monde", créé en 1992 par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est dédié à la préservation des documents les plus importants au monde.
Selon Mme Kim, cette initiative, en présentant les informations et faits historiques collectés par les pays concernés, montrerait l'histoire tragique de ces "femmes de réconfort" ainsi que les cruautés de la guerre, afin d'enseigner aux générations à venir l'importance de préserver une paix si durement acquise.
Fondée en 1990, le Conseil représenté par Mme Kim a organisé des rassemblements réguliers les mercredis devant l'ambassade japonaise à Séoul en janvier 1992, pour réclamer des excuses et une indemnisation du gouvernement japonais à l'égard des femmes de réconfort.
De plus, le Conseil a érigé en 2011 à Séoul une statue symbolisant les "femmes de réconfort".
Le Cnseil a également fondé le Musée sur la guerre et les droits humains des femmes dans le faubourg de Mapo-gu à Séoul, qui présente des vidéos, des photos, des documents historiques et des témoignages de ces femmes de réconfort.
Mme Kim, également directrice du musée, a rapporté qu'il avait fallu au conseil neuf ans pour rassembler suffisamment d'argent pour construire le musée en mai 2012.
La Corée du Sud et le Japon ont conclu le 28 décembre 2015 un accord sur l'esclavage sexuel des femmes coréennes aux mains des forces japonaises lors de la Seconde Guerre mondiale.
Cet accord a été vivement contesté par le Conseil coréen, selon Mme Kim.
Le gouvernement japonais n'a pas consulté les ex-"femmes de réconfort" pour connaître leurs désirs avant de conclure cet accord, ni reconnu explicitement une "responsabilité juridique" et accordé d'indemnisation aux victimes, a-t-elle expliqué.
Le montant d'un milliard de yens (8 millions de dollars) promis par le Japon aux femmes de réconfort japonaises ne constitue pas une indemnisation valable mais plutôt un prix de consolation, a estimé Mme Kim.
De plus, ce versement est assujetti à la condition préalable de retirer la statue à la mémoire des femmes de réconfort devant l'ambassade japonaise en Corée.
Ces deux points sont totalement inacceptables, a déclaré Mme Kim.
Après la conclusion de l'accord officiel entre la Corée du Sud et le Japon, le gouvernement sud-coréen a changé d'attitude envers les organisations civiques défendant les droits de ces femmes victimes de sévices sexuels.
Le ministère coréen de l'Égalité des genres et des Affaires familiales a annoncé récemment qu'il ne financerait plus les demandes d'inscription des documents sur les femmes de réconfort à la Mémoire du monde.
De ce fait, le manque de financements a compliqué cette candidature. Certaines des réunions et activités internationales pour promouvoir cette inscription ont dû être annulées par manque de fonds, mais cela n'a pas réduit la détermination du conseil, a-t-elle dit.
Plus de 400.000 femmes et jeunes filles de toute l'Asie ont été forcées de travailler dans des bordels militaires japonais pendant la Seconde Guerre mondiale.
Actuellement, on ne compte plus que 40 "femmes de réconfort" survivantes en Corée, pour la plupart âgées de 90 ans.
Quoi qu'il arrive, Mme Kim et ses collègues poursuivront sans relâche leurs efforts pour résoudre au plus vite la question des femmes de réconfort, même s'il ne reste qu'une survivante, a déclaré Mme Kim, les larmes aux yeux.