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Pourquoi la Turquie est-elle la cible d'attentats ?

Xinhua | 17.03.2016 15h12

Une fois de plus, la capitale turque a sombré dans l'horreur et le chaos. Après l'attentat à la voiture piégée qui a fait au moins 37 morts et 125 blessés le 13 mars à Ankara, le gouvernement a établi un lien entre l'attaque et la situation sécuritaire régionale. Au soir du drame, le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi déclaré que son pays était visé en raison de l'instabilité chez ses voisins.

C'est la troisième fois en cinq mois que la capitale turque subit un attentat. Pourquoi la Turquie est-elle devenue une cible?

Regardons l'environnement extérieur: la Turquie, pont entre l'Europe et l'Asie, est voisine d'un Moyen-Orient où la situation sécuritaire est loin d'être pacifique. L'Irak, la Syrie, le Liban, la Palestine et Israël sont tous durement touchés par le terrorisme.

Selon des médias internationaux, la Turquie est devenue le point de passage principal des extrémistes étrangers souhaitant rejoindre l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. Le pays est également accusé de se livrer au commerce pétrolier avec l'EI.

Les autorités turques ont indiqué que 961 sympathisants de l'EI originaires de 57 pays et régions ont été capturés en 2015 sur leur sol, alors que plus de 100 autres ont déjà été arrêtés cette année. Le ministre turc de l'Intérieur Efkan Ala a récemment confié que son pays avait déjà réussi à empêcher environ 36.000 sympathisants présumés de l'EI d'entrer sur le territoire turc.

La violence frappe aussi l'intérieur du pays. Le 17 février, un attentat à la voiture piégée au centre d'Ankara a été revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), une dissidence du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Suite au dernier attentat meurtrier commis avec le même mode opératoire, des médias turcs pointent de nouveau du doigt le PKK, classé comme organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis.

Même si l'attentat de dimanche n'a pas été revendiqué, le ministère de l'Intérieur turc a annoncé mardi que son auteur avait été identifié comme étant membre du PKK. "Nous avons des éléments sérieux, quasi-infaillibles, qui montrent l'implication de l'organisation séparatiste terroriste", a affirmé le Premier ministre Ahmet Davutoglu au lendemain du drame.

Le fait que le gouvernement turc ait décrété le matin du 13 mars un couvre-feu dans deux nouvelles villes kurdes, Nusaybin et Yüksekova (sud-est), et que l'attentat d'Ankara ait eu lieu le même jour en soirée pousse certains observateurs à estimer que ce dernier est un acte de représailles des militants kurdes. A son tour, la Turquie a riposté en bombardant lundi dernier des bases du PKK dans le nord de l'Irak.

Qu'il s'agisse des militants kurdes sur son sol ou du terrorisme venu de l'extérieur, les menaces auxquelles la Turquie fait face rappellent que ce n'est pas la crise d'un seul pays. Les attentats continuels ne sont que la pointe de l'iceberg du grand gâchis au Moyen-Orient.

Il est certain que plusieurs facteurs géopolitiques -tels que la situation sécuritaire au Moyen-Orient et les conflits ethniques et religieux- ont nourri la crise que traverse le pays. Toute tentative ou solution visant à les résoudre qui ignorerait les risques de retombées pourrait avoir des conséquences inattendues. Il est donc impératif de bien réfléchir à l'origine de ces crises.

(Par Wang Songyu)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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