Dernière mise à jour à 08h21 le 07/01
Un conflit larvé de longue date entre deux puissances majeures de la région du Moyen-Orient a éclaté au grand jour dimanche dernier lorsque l'Arabie saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran. Mais cette crise, née de l'exécution du prélat chiite saoudien Nimr al-Nimr, vient surtout illustrer la baisse du leadership américain au Moyen-Orient.
Le royaume wahhabite, d'obédience sunnite, et le régime des mollahs chiites sont à couteaux tirés depuis des décennies, chacun soutenant des parties opposées en Syrie et au Yémen. Mais une crise ouverte de ce type, avec rupture de relations diplomatiques, a pu en surprendre quelques uns.
Toutefois, si l'on prend un peu de recul, cette série d'événements dramatiques, dont l'incendie de l'ambassade saoudienne à Téhéran, vient souligner que les Etats-Unis, un acteur majeur dans la région, perdent une partie de leur contrôle au Moyen-Orient.
Partisan d'une politique interventionniste depuis des années, Washington n'a jamais assumé la responsabilité de vouloir résoudre sincèrement les conflits politiques, sociaux et religieux qui ensanglantent la région, cherchant plutôt à cacher la poussière sous le tapis.
Cette tactique a semblé fonctionner un temps, mais le "Printemps arabe" qui a éclos en 2011 est venu brutalement rappeler aux Américains qu'ils ne sont pas omnipotents. Le dit "Printemps" a vu des pays tels que l'Egypte, l'Arabie saoudite ou encore la Turquie perdre toute confiance en Washington.
Les conflits religieux toujours vivaces ou encore le Su-24 russe abattu par l'aviation turque ont été profitables aux Etats-Unis car ils leur permettent de justifier leur campagne antiterroriste. Or, le fait que ce type d'incidents ne cessent de se répéter montre que les pays de la région préfèrent désormais suivre leur propre voie dès que leurs intérêts ne coïncident plus avec ceux de Washington.
De l'autre côté, en l'absence d'une réelle volonté politique de s'occuper de la région, les Etats-Unis s'impliquent de moins en moins militairement. Plus d'une année de campagne aérienne contre l'Etat islamique (EI) n'a donné que de maigres résultats, tandis que les programmes de formation de personnels locaux sont un échec de l'aveu même des Américains.
Du côté de l'économie, les Etats-Unis n'ont pas de quoi se vanter non plus. En Libye et au Yémen, où le "Printemps arabe" a grandement détruit institutions et infrastructures, les Etats-Unis ont été absents des efforts de reconstruction, abandonnant les populations à leurs situations précaires.
Washington a peut-être bien des excuses à vouloir moins s'impliquer au Moyen-Orient, car étant moins dépendant aux ressources naturelles de la région et davantage tourné vers l'Asie. Mais un retrait précipité qui ne laisserait derrière lui que le chaos serait tout aussi irresponsable que son imprudente intervention au Moyen-Orient.
Ces questions brûlantes, telles que les activités terroristes qui foisonnent dans le monde entier, exigent que les Etats-Unis jouent un rôle constructif et en fassent plus pour les peuples de la région qu'ils avaient promis d'aider.