Dernière mise à jour à 10h12 le 03/11
Il était devenu mondialement célèbre après quelques mots improvisés qui l'avaient fait entrer dans l'histoire : Günter Schabowski, le responsable Est-allemand, ancien journaliste puis porte-parole du comité central du SED, le parti communiste dirigeant en ex-Allemagne de l'Est, qui a précipité la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, est mort dimanche dans la capitale allemande à l'âge de 86 ans. En 1997, un tribunal de Berlin l'avait condamné à trois ans et demi de prison pour complicité dans la politique du gouvernement est-allemand de tir à vue sur ceux qui tentaient de traverser la frontière vers l'Ouest. Il n'avait fait qu'une partie de sa peine et avait été gracié en 2000.
En tant que leader du Parti communiste de Berlin-Est à un moment où des dizaines de milliers de personnes réclamaient des réformes et d'autres étaient déjà en partance pour l'Ouest, M. Schabowski avait été choisi pour annoncer les réformes sur les restrictions de voyager, qui allaient permettre aux Allemands de l'Est de quitter le pays. Lorsqu'on lui a demandé lors d'une conférence de presse, retransmise en direct sur les chaines internationale et les stations de radio des deux côtés de la frontière, quand les changements devaient prendre effet, il fit une pause, regarda la feuille de papier devant lui avec un front plissé. Puis il marmonna une réponse partiellement intelligible, disant aux journalistes, « Ils prennent effet, pour autant que je le sache ... maintenant ... immédiatement ».
Le document qu'il lisait indiquait que les Allemands de l'Est devraient obtenir un visa, probablement le lendemain matin. Mais beaucoup ont pris sa réponse au pied de la lettre, et les journalistes occidentaux ont immédiatement envoyé des rapports disant que, effectivement, le mur de Berlin était tombé. En quelques heures, des milliers d'Allemands de l'Est se sont pressés aux points de contrôle de Berlin-Ouest, demandant l'autorisation de traverser. A minuit, ils avaient grimpé au sommet du mur au cœur de la ville, faisant sauter les bouchons de champagne et lançant des feux d'artifice pour fêter la nouvelle.
« Non, je ne m'attendais pas à ce qui est arrivé », a déclaré M. Schabowski au New York Times en 1990, deux mois avant que l'Est et Allemagne de l'Ouest ne soient réunies. « Je ne me qualifierais pas de héros qui a ouvert la frontière: en réalité, j'ai agi pour tenter de sauver le système de la RDA », confiait encore M. Schabowski en 2009, revenant sur les quelques minutes qui ont fait basculer l'Allemagne. « Je ne peux pas regretter ce qui est arrivé », avait-il déclaré de cette nuit en 1989. « Nous autres de l'ancienne direction politique devons être honnêtes avec nous-mêmes. Le système n'a pas été capable de survivre. Je faisais partie de ceux qui ont essayé de le changer, mais nous avons agi trop tard, et sous la pression du mouvement des gens. Il n'y avait pas de place pour manœuvrer ».