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Tollé contre une eurodéputée française pour des propos jugés racistes

Xinhua | 30.09.2015 13h52

A peine lancée, une pétition a d'ores et déjà récolté mardi plus de 45 000 signatures exigeant de l'eurodéputée et ancienne ministre française Nadine Morano (Les Républicains/droite) qu'elle démissionne de son mandat après avoir affirmé, samedi soir à la télévision publique, que la France est un "pays judéo-chrétien - le général de Gaulle le disait - de race blanche, qui accueille des personnes étrangères".

Interrogé par Xinhua, le jeune internaute strasbourgeois, Yazid Knibiehly, à l'origine de la pétition postée sur le site change.org se déclare "scandalisé" par les propos de l'eurodéputée. "Je me suis d'abord senti insulté en tant que Franco-algérien. J'ai vite constaté que de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux partageaient mon indignation", raconte le jeune homme de 17 ans encarté au parti centriste de l'UDI (Union des Démocrates et Indépendants/centre droit), composante de l'union de la droite aux régionales de décembre en Alsace/Champagne-Ardennes/Lorraine (ACAL).

La pétition, qui réclame des sanctions contre Nadine Morano, la "suspension de son parti et sa démission de son mandat d'eurodéputée", avait déjà réuni, mardi, dans l'après-midi, plus de 45 000 signataires. Un nombre qui croît d'une heure sous l'effet de la dynamique des réseaux sociaux. "Cette mobilisation me rassure. Elle signifie que, malgré la banalisation du discours de l'extrême droite, les gens sont encore prêts à faire entendre leur voix et à se révolter contre de telles idées", ajoute le jeune militant.

"Comme beaucoup ont pu le constater, Nadine Morano a encore frappé. La députée européenne est connue pour ses sorties de route et propos controversées. Mais, samedi soir, c'est une ligne rouge qui a été franchie et même plusieurs fois", écrit l'initiateur de la pétition sur change.org qu'il a adressée au président de la région Alsace et ancien ministre Philippe Richert, ainsi qu'à l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains/LR.

Dans le contexte de la crise migratoire, l'émotion suscitée par les propos de l'ancienne ministre déléguée auprès du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, est d'autant plus grande que Nadine Morano évoque, pour défendre ses propos, le Général de Gaulle dont l'héritage est revendiqué par l'ensemble de la droite française. Une figure historique dont le rayonnement dépasse largement les frontières de l'Hexagone.

Les déclarations de Nadine Morano ont contraint les plus hauts responsables de son parti à réagir et à prendre leurs distances avec l'eurodéputée qui porte pourtant leurs couleurs au Parlement européen. Ainsi, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, pressenti comme candidat aux présidentielles de 2017, a très vite déclaré que Nadine Morano "a sorti une citation du Général de Gaulle qui avait été faite dans un contexte radicalement différent".

Le Président du Conseil régional d'Alsace, Philippe Richert, s'est fendu d'un communiqué diffusé lundi soir par son équipe de campagne. "La France est, et a toujours été, celle de tous ceux qui savent l'aimer, la porter et la défendre dans le respect des valeurs de la République", écrit-il.

Nadine Morano, de son côté, a dénoncé un "lynchage médiatique" et notamment affirmé: "Quand je vais en Côte d'Ivoire, on parle bien d'Afrique noire, cela ne choque personne".

"Je ne savais pas que le mot race était interdit d'usage dans la langue française. Mes propos sont totalement instrumentalisés en créant des sous-entendus qui n'ont pas lieu d'être", écrit-elle dans un communiqué diffusé lundi soir.

"Gaulliste je suis, gaulliste je resterai!", insiste encore celle qui a, elle aussi, déjà laisser entendre qu'elle serait candidate aux primaires de son parti en vue des présidentielles.

En France, depuis plusieurs mois, la tension monte sur la question des étrangers et des migrants. Vendredi dernier, lors d'un match de football à Strasbourg, une banderole portant l'inscription "Migrants raus" ("Les migrants dehors") et "Elsass Frei" ("Alsace libre", le slogan des indépendantistes alsaciens) a été déployée dans les tribunes du stade. Le Préfet d'Alsace s'est saisi de l'affaire et une enquête a été ouverte. Des actes similaires ont également été observés dans le stade de Lyon il y a 15 jours. Le club de football lyonnais a porté plainte.

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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