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Les États-Unis et l'Europe doivent réfléchir à leurs responsabilités dans la crise des réfugiés

le Quotidien du Peuple en ligne | 07.09.2015 15h37

Actuellement, l'Europe connaît sa plus importante vague de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon les statistiques du HCR, lors des huit premiers mois de cette année, plus de 300 000 réfugiés et immigrants illégaux ont traversé la Méditerranée vers l'Europe, parmi lesquels plus de 2 600 ont perdu la vie sur leur chemin lors d'accidents, en particulier ce jeune garçon syrien de 3 ans retrouvé mort sur une plage de Turquie le 3 septembre, et dont la photo a cruellement fait ressentir au monde entier un sentiment d'horreur et d'impuissance face à cette catastrophe humanitaire.

Ces réfugiés viennent pour la plupart du temps de pays en proie à la guerre comme la Libye et la Syrie et d'autres pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord. Il n'y a pas si longtemps encore, la Libye était le pays qui avait le revenu le plus élevé par habitant en Afrique, et ses habitants bénéficiaient même d'avantages enviables comme la gratuité des soins médicaux, du logement et de l'éducation. Quant à la Syrie, en dépit de ses exportations de pétrole limitées, le régime Baasiste avait su assurer la stabilité politique, la paix sociale, une société civilisée, et un indice public de bonheur élevé. Qu'est-ce qui a fait que les habitants innocents de ces pays sont, en si peu de temps, passés du paradis à l'enfer ?

De façon intuitive, c'est à la suite du « printemps arabe » que ces pays ont été pour ainsi dire détruits. En Libye, après le renversement du régime de Kadhafi, le pays s'est rapidement morcelé, l'économie a chuté, des personnes ont été déplacées ; quand la Syrie est tombée dans la guerre civile, le pays a été dévasté, près de la moitié de la population a été déplacée, et 4 millions de personnes ont été contraintes à l'exil. Une fois un pays plongé dans la tourmente, aussi compétent puisse-t-on être, il n'y a plus que des réfugiés.

Mais quand on regarde un peu plus loin, cette issue tragique est en partie arrivée parce que quelques soi-disant « démocrates » de ces pays ont tout fait pour renverser leurs régimes certes autoritaires, mais stables ; mais la raison principale en est que les États-Unis et l'Europe y ont trouvé là l'occasion de procéder à un « changement de régime ». S'agissant de la crise syrienne, par exemple, il y a bien eu en surface une lutte entre le gouvernement syrien et l'opposition, mais en fait, il y a aussi eu, tout au long, une manipulation et une ingérence de forces extérieures. Bien avant les bouleversements en Afrique du Nord et au Proche-Orient, les Etats-Unis finançaient déjà secrètement l'opposition syrienne, et avaient mis en place un « Groupe Syrie » ou« Groupe de travail Syrie », qui était entré en contact avec l'opposition syrienne et leur ambassadeur en Syrie s'est de son côté attaché à renforcer les « orientations » anti-gouvernementales du peuple syrien.

Les faits ont prouvé que cette politique étrangère hégémonique des Etats-Unis et de l'Europe a été aussi horrible et stupide ; elle a suscité une catastrophe majeure en Afrique du Nord et au Proche-Orient, et aujourd'hui l'Europe en paie aussi les conséquences. La guerre lancée par les Européens en Libye, non seulement n'a pas réussi à obtenir des avantages tangibles, mais les troubles qu'elle a provoqués en Libye ont fait perdre à l'Europe une grande source d'approvisionnement en énergie, et a attiré un grand nombre de réfugiés en Afrique du Nord ; en essayant de susciter un changement de régime en Syrie, les Etats-Unis et en Europe ont donné à l'« Etat islamique » et d'autres groupes extrémistes une opportunité unique pour s'étendre, constituant une menace croissante pour les Etats-Unis et l'Europe, sans parler des pays européens aujourd'hui profondément troublés par le problème des réfugiés affluant de Syrie. Le 4 septembre, le Président russe Vladimir Poutine a déclaré que les réfugiés sont « le résultat inévitable » des politiques erronées des Etats-Unis et de l'Europe en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il n'est pas exagéré de dire que ceci est la conséquence de la politique étrangère des pays européens qui a emboité le pas de la politique étrangère américaine.

Il y a un fait qui mérite d'être médité : les États-Unis et l'Europe ont toujours considéré la « démocratie » comme une valeur universelle, et tenté de la « vendre » partout dans le monde. Pourquoi les dirigeants américains et européens, élus démocratiquement, se montrent-ils de plus en plus myopes, et pourquoi leur politique étrangère est-elle à si courte vue ? Pour dire les choses franchement, tout cela est en particulier précisément le produit de la démocratie de style occidental. Dans une atmosphère politique où l'argent roi et le populisme s'entremêlent, il est impossible d'élire des politiciens visionnaires et représentant les tendances de l'histoire.

La crise actuelle des réfugiés devrait constituer un signal d'alarme pour les États-Unis et l'Europe, qui devraient réfléchir sur leurs propres politiques étrangères, et apprendre à « ne pas faire aux autres ce qu'ils ne voudraient pas qu'on leur fasse ». Quant aux pays en développement, dont la Chine, ils doivent comprendre le sens profond de la « stabilité l'emporte sur tout », et acquérir une compréhension profonde de la vérité fondamentale que « c'est seulement dans un pays fort que les gens peuvent connaitre le bonheur ».

(L'auteur est commentateur de presse, chercheur associé à l'Institut chinois des relations internationales contemporaines.)

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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