Le chef de l'Etat français François Hollande est intervenu ce mercredi au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris dans le cadre d'une réunion sur le thème d'"Investissement et Climat", pour optimiser les chances de parvenir à un accord lors de la 21ème Conférence des parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) qu'accueillera la France en décembre prochain.
Lors de son discours, le président français a rappelé les deux principaux points sur lesquels les pays participants devront s'accorder : la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre et la limitation du réchauffement climatique à 2°C par rapport au niveau préindustriel "d'ici à la fin du siècle".
"L'objectif est de parvenir à un accord le plus ambitieux, large et contraignant possible", a déclaré M.Hollande, ajoutant que les pays les plus pauvres et même les pays émergents ne rentreront pas dans un processus de transition énergétique "s'il n'y a pas de financements dégagés pour leur permettre leur développement".
Selon le président français, il faut débloquer des fonds publics mais aussi et surtout privés : "100 milliards d'euros sont nécessaires pour le financement de cette transition", a-t-il affirmé.
M. Hollande a également évoqué les difficultés économiques de l'Union européenne (UE) et notamment les négociations en cours sur le remboursement de la dette grecque, sujet sur lequel il s'est voulu optimiste : "Nous sommes à quelques jours, (...) même à quelques heures d'un possible règlement".
Il a réaffirmé la nécessité d'approfondir la coopération européenne : "Autant il y a des critiques à faire à l'organisation et au fonctionnement de l'UE, autant l'attachement à la stabilité et au caractère convergent de cet espace économique doit être prolongé et renforcé".
Le président Hollande a ensuite souligné les interactions existantes entre économie et transition climatique, notamment à propos de la France.
"Depuis trois ans, la France fait des efforts pour réduire son déficit public qui est actuellement en dessous de 4% du PIB ... Nous avons pour objectif d'arriver sous la barre des 3% en 2017", a-t-il fait remarquer, précisant que l'investissement permettrait de relever "le potentiel de croissance" de la France grâce entre autres à l'ouverture de la concurrence et à une modernisation des industries françaises.
Le chef de l'Etat français a insisté sur le fait que la France avait besoin de l'investissement : "Si nous n'investissons pas, nous ne pouvons pas intégrer les innovations, élargir les capacités de production et anticiper sur les transitions énergétiques et numériques, et nous ne pouvons pas créer des emplois".
Il a rappelé qu'à échelle française comme européenne, il était nécessaire d'accompagner les entreprises mais aussi de faciliter la liquidité bancaire, saluant au passage les "bonnes dispositions" prises par la Banque centrale européenne; et enfin développer des fonds publics "pour qu'il y ait plus d'opportunité pour l'investissement, dans le secteur de l'économie verte".
Selon M. Hollande, réussir la transition énergique peut être envisagé sous deux formes : soit comme une contrainte, soit comme une opportunité.
"En France, nous voulons être capable d'être toujours un pays producteur d'énergie nucléaire", a-t-il indiqué, faisant allusion à la réunion de travail des membres du gouvernement français qui se tient mercredi sur l'avenir d'Areva.
Il a également précisé que des outils fiscaux adaptés étaient fondamentaux pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement d'ici à 2030.
M. Hollande a enfin conclu sur le fait qu'aucun rapport supplémentaire de l'OCDE n'était nécessaire : "Nous savons tout : à la fois ce qu'est le réchauffement climatique et quel est le coût de l'inaction et le raisonnement économique peut en cela être parfaitement adapté aux enjeux climatiques".