Les procureurs turcs ont commencé jeudi à se pencher sur le cas de la publication par un quotidien national d'une partie du premier numéro que le journal satirique français Charlie Hebdo a publié depuis qu'il a été visé par une attaque ayant fait 12 morts la semaine dernière à Paris.
L'ouverture d'une procédure judiciaire survient quelques heures après que le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s'est associé à d'autres responsables gouvernementaux pour condamner, en la qualifiant de "provocation", la reproduction des caricatures publiées par Charlie Hebdo.
Le quotidien turc Cumhuriyet est devenu la cible de protestations et de menaces de mort. La police s'est rendue à l'imprimerie du journal avant la publication mercredi soir.
Le quotidien a publié une sélection de quatre pages de dessins et d'articles en signe de solidarité avec Charlie Hebdo. En outre, deux de ses journalistes ont rédigé des articles de soutien au journal français attaqué. Cette position a suscité une polémique.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a vivement critiqué le quotidien pour sa réimpression de la caricature de Charlie Hebdo montrant le prophète Mahomet, en déclarant que la liberté d'expression "n'accorde à personne le droit d'insulter les croyances d'autrui".
"Il est évident que les personnes qui peuvent recevoir une insulte contre elles avec tolérance et patience ne peuvent pas aller jusqu'au même point lorsqu'il y a une insulte contre le prophète. Si certains publient une caricature qui représente une insulte au prophète, lorsque c'est le cas, quand il y a une telle sensibilité en Turquie, alors il s'agit là d'une provocation", a-t-il ajouté.
M. Davutoglu a indiqué que le choix du quotidien n'avait "rien à voir avec la liberté d'expression. La liberté de la presse ne signifie pas la liberté d'insulter".
Mercredi, la veille de cette déclaration, la police a arrêté des camions qui s'apprêtaient à quitter l'imprimerie du quotidien Cumhuriyet pour vérifier le contenu du journal après la décision de sa rédaction de publier une sélection des caricatures de Charlie Hebdo.
Le quotidien a fait savoir que la police avait autorisé la distribution après avoir pensé que Cumhuriyet n'avait pas reproduit la caricature du prophète figurant en une de couverture du dernier numéro du journal satirique français.
Le quotidien turc a publié en supplément une sélection du numéro de Charlie Hebdo du 14 janvier pour soutenir la liberté d'expression.