Il y a eu un témoin bien spécial de la fusillade de Paris du 7 janvier dans les locaux du magazine Charlie Hebdo, un Chinois du nom de Wang Fanghui, dont les bureaux se trouvaient à proximité. Après le drame, Wang Fanghui a hésité à accepter des interviews avec les médias jusqu'à ce que les terroristes ne soient abattus par la police le 9 janvier. Il a alors accepté d'en accorder une à la chaine de télévision chinoise CCTV 10, évoquant la fusillade qui a eu lieu le même jour où il s'est retrouvé dans un terrifiant et bref face à face avec les terroristes.
« Charlie Hebdo » avait emménagé depuis six mois
Les bureaux de la société de Wang Fanghui se trouvent à proximité de ceux de Charlie Hebdo, situés n°10 de la rue Nicolas Appert, dans le 10e arrondissement de Paris. Avant le bain de sang qu'ils ont provoqué, les deux hommes armés sont d'abord entrés dans ses bureaux, au n°6 de la même rue.
Wang Fanghui se demande encore pourquoi les tueurs ont déboulé dans ses bureaux, et à ce sujet, il reste perplexe : «Je ne comprends pas, les tueurs se sont-ils vraiment trompés ? Je me suis dit pas forcément, j'ai supposé qu'ils voulaient ouvrir la porte, ils se sont précipités, peut-être pour s'assurer qu'il n'y avait aucune menace pour eux derrière cette porte ».
CCTV a rapporté qu'en haut de l'immeuble où se trouvent les bureaux de la société de Wang Fanghui se trouve une passerelle le reliant avec celui des bureaux de Charlie Hebdo, et que quand les tueurs ont voulu passer par le n°6, il s'est dit que c'était sans doute pour éviter de s'arrêter devant le n°10, où il y avait une voiture de police.
Selon Wang Fanghui, cela faisait environ six mois que Charlie Hebdo avait emménagé dans le bâtiment. « Nous voyions souvent une voiture de police garée devant le bâtiment, et nous plaisantions ‘Charlie Hebdo a déménagé, et il a également attiré la police, on va vraiment hésiter à s'arrêter là'. C'est ce que nous pensions à ce moment-là, et on ne s'attendait pas du tout à ce que cela devienne à ce point dangereux ».
Quand on se retrouve face à un fusil en allant chercher son courrier
Le 7 janvier à midi, quand les tireurs ont fait irruption dans les bureaux de l'entreprise, Wang Fanghui était à la porte pour réceptionner un courrier, et c'est ainsi qu'il s'est retrouvé face à face avec les tueurs. A cet instant, la factrice s'est mise à trembler et est restée sans voix, tandis que les deux tireurs étaient très calmes, absolument pas paniqués ; pointant Wang Fanghui de leurs armes, ils ont crié : « A genoux ! A genoux ! ».
Wang Fanghui se rappelle que les tireurs s'exprimaient dans un très bon français, « pas comme celui des jeunes de banlieue au faible niveau d'éducation ». Voyant les deux hommes le visage couvert, ne révélant que leurs yeux et leur bouche, la première réaction de Wang Fanghui a été de se demander si ce n'étaient pas des policiers en mission spéciale.
Voyant Wang Fanghui et la postière tremblants et sans voix, les deux hommes armés, s'exprimant toujours en bon français, leur ont dit : « Ne craignez rien, nous ne vous ferons aucun mal » Mais à peine eurent-ils fini de parler que les hommes armés ont tiré un coup de feu.
Trente secondes après que les deux tueurs soient partis, Wang Fanghui et ses collègues ont averti la police. Un collègue français de Wang Fanghui a laissé la police se précipiter sur les lieux, disant que deux hommes masqués sont entrés dans leur bureau, et ont tiré un coup de feu, « Venez vite, venez vite, maintenant on entend des coups de feu ».
Retour au travail 3 jours après
Quand Wang Fanghui et ses collègues ont réalisé que quand ils donné l'alarme, des hommes armés étaient en train de perpétrer un massacre, ils se sont sentis vraiment mal à l'aise. « A ce moment-là, je voulais pleurer, pleurer, mais rien ne sortait. Comment cette chose a pu se produire, ça va bien au-delà de l'expérience quotidienne ».
Bien que cette expérience l'ait terrorisé, trois jours après la fusillade, Wang Fanghui est retourné au travail dans ses bureaux, « La vie continue. La peur est passée ».