Dernière mise à jour à 13h43 le 05/08
Aujourd'hui, certains pays, sous le prétexte de protectionnisme et de sanctions économiques, deviendront les premières victimes parce que le protectionnisme va fausser l'économie , dévaluer la monnaie et perturber le système monétaire. En outre, l'état d'avancement de l'internationalisation du Renminbi n'est pas à la hauteur de la dimension internationale de l'économie chinoise, ce qui met en avant l'importance d'accélérer ce processus.
Il est évident que le système monétaire est au service de la grande puissance, à titre d'exemple, la dernière a interdit tout commerce en dollar avec l'Iran. Ce nationalisme et le raisonnement motivé par l'hégémonie sont à l'opposé du statut international de la monnaie. Par ailleurs, les conflits commerciaux qui touchent le monde entier poussent la Chine et l'Europe à sortir du piège de la monnaie unique par l'accélération de la diversification des réserves de change.
En 2010, dans mon article publié sur «Le Monde», j'ai appelé l'Union européenne à renforcer la coopération avec la Chine afin de réformer le système monétaire international. L'Europe doit comprendre qu'elle ne pourra pas compter sur le plus grand bénéficiaire du système monétaire international actuel de se réformer lui-même. Nous devons faire avancer ce processus ensemble avec la Chine, les réformes étant bénéfiques à la Chine et à l'Europe. Même si nous avons raté beaucoup d'opportunités, des pays européens, y compris la France ont inclus le Renminbi dans les réserves de change. La Chine redouble d'efforts pour promouvoir le système chinois de paiements internationaux (CIPS), une tentative échouée en Europe. Par conséquent, le choix intelligent de l'Europe consiste à s'appuyer sur la Chine et à renforcer la coopération. Je reste optimiste sur l'avenir de la coopération entre la Chine et l'Europe.
L'ancienne ministre des finances française Lagarde qui a été nommée présidente de la Banque centrale européenne (BCE), apportera fort probablement de grands changements à la BCE. La France, a toujours envie de réformer les monnaies. Par exemple, l'utilisation de l'Euro a permis à la France et à l'Europe d'échapper à la «dictature» du Deutsche Mark. Réformer davantage le système monétaire international actuel répond aux intérêts de la France et de l'Europe.
L'internationalisation du Renminbi signifie forcément une plus grande ouverture du marché des capitaux chinois, mais ceci est un processus prudent et à long terme. Je comprends tout à fait l'attitude prudente de la Banque centrale chinoise. Il faudrait améliorer davantage la régulation de la finance et du système bancaire chinois. La Chine va apprendre petit à petit comment réagir face aux spéculateurs dans le marché des capitaux international afin d'éviter tout préjudice causé à l'économie réelle par le flux de capitaux fébriles.
De nouvelles choses, comme la monnaie digitale telle que le Bitcoin et la Libra de Facebook ont beaucoup de défauts, la fluctuation énorme de la valeur du Bitcoin, et la Libra en tant que monnaie privée par exemple. Mais leur apparition est un symptôme du désordre monétaire et traduit le manque de confiance des gens sur ce système, ainsi que le besoin énorme d'une monnaie qui, à l'abri de tout caprice politique, est donc plus simple, saine et internationale. Ces monnaies digitales constituent de nouvelles inspirations et des défis pour l'internationalisation du Renminbi, les réformes et la gestion du système monétaire international à l'avenir, et nécessitent davantage de discussion et études par l'Europe, la Chine, voire le monde.
(L'auteur Philippe Simonnot, économiste français et ex-journaliste du «Monde». Ge Wenbo, journaliste du Quotidien du Peuple en France a réalisé l'entretien et a rédigé cet article.)