Comment le train a sorti un village tibétain de la pauvreté

Le chemin de fer Qinghai-Tibet a fait du village de Sama, dans la région autonome du Tibet (sud-ouest de la Chine), un modèle de prospérité rurale.

Sama, qui se trouve juste à côté de la gare de Lhassa-Ouest, la capitale du Tibet, était autrefois un village pauvre avec des maisons délabrées, des routes boueuses et des infrastructures médiocres.

Naguère, les villageois dépendaient de l'agriculture et du pâturage, et obtenir de la nourriture de qualité constituait parfois un défi pour ses plus de 800 familles, sans parler de la difficulté de bien prendre soin des personnes âgées et de donner une bonne éducation aux enfants.

« Dans le village, il y avait un grand nombre de jeunes sans emploi et qui vivaient de l'aide du gouvernement », se souvient Nyima, secrétaire du Parti du village.

Le manque d'accès aux moyens de transport était également source de difficultés pour les villageois et entravait les efforts de lutte contre la pauvreté. La vie avant l'arrivée du chemin de fer était extrêmement dure, a-t-il ajouté.

Cependant, avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer Qinghai-Tibet, longue de 1 956 km, le 1er juillet 2006, l'afflux de fournitures a enfin été rendu possible.

Avec leur emplacement favorable près de la gare de Lhassa-Ouest, les villageois ont rapidement vu de grandes opportunités dans les services de fret : sur un appel de Nyima, chaque ménage du village offrit une partie de son argent pour fonder la Société de logistique Zhentong.

Zhang Weidong, secrétaire du Parti à la gare de Lhassa-Ouest de la Compagnie de chemin de fer Qinghai-Tibet, a déclaré qu'en tant que plus grande gare de fret au Tibet, elle était responsable du transport des produits d'utilisation quotidienne et des matériaux de construction dans la région.

N'ayant que peu d'argent à l'époque, les villageois n'ont acheté que 30 petites fourgonnettes. Pour que tout fonctionne correctement le plus rapidement possible, ils ont payé une grosse somme d'argent pour embaucher un responsable expérimenté ayant travaillé pour une entreprise de logistique à Beijing afin de leur apprendre à gérer leur entreprise.

« Le secteur de la logistique doit être une priorité pour revitaliser les campagnes. De nombreux villageois ont travaillé comme chauffeurs, chargeurs ou agents de nettoyage dans notre entreprise et à la gare. Il est devenu rare de voir des jeunes errer dans les environs », a déclaré Nyima, qui est aussi le représentant légal de la société.

Grâce aux efforts des villageois et à son avantage géographique, la société compte aujourd'hui plus de 130 véhicules en exploitation et son chiffre d'affaires annuel a atteint plus de quatre millions de yuans (579 000 dollars) l'année dernière. Chaque villageois a reçu au moins 2 000 yuans de bonus de fin d'année de la société en février.

La région a également vu se multiplier les commerces, tels que des hôtels, des restaurants et des magasins de proximité. Les villageois n'ont plus besoin de parcourir plus de 1 000 kilomètres pour gagner leur vie, a-t-il ajouté.

« Tout le village a été sorti de la pauvreté en 2015. Le revenu annuel par habitant de notre village est de plus de 10 000 yuans, soit cinq fois plus qu'en 2006. Certains villageois ont même acheté des appartements dans le centre-ville de Lhassa », a souligné Nyima, ajoutant qu'avant même un tracteur était une chose rare dans le village, mais qu'aujourd'hui presque chaque famille a sa propre voiture privée.

Le débit de fret de la gare de Lhassa-Ouest a atteint 5,75 millions de tonnes en 2018, soit plus de 17 fois par rapport à 2006.

« La gare a pris de l'expansion et, une fois terminée, elle pourra traiter plus de 8 millions de tonnes de marchandises chaque année », a déclaré Zhang. « Cela aidera plus de villages comme Sama ».