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L'expertise nucléaire chinoise catalyse la fusion mondiale

Xinhua | 26.12.2018 08h20

Fin 2011, Deng Zhengping, directeur général adjoint de la Centrale nucléaire de Taishan, et ses collègues doivent prendre une décision cruciale : doivent-ils finaliser le premier EPR au monde ?

L'EPR, ou réacteur pressurisé européen, est une technologie à énergie nucléaire de troisième génération du géant français Framatome. Avec des normes de sécurité et de qualité accrue, la solution a été adoptée dans plusieurs pays.

Les projets d'EPR dans l'Unité 3 de la centrale d'Olkiluoto en Finlande et dans l'Unité 3 de la centrale de Flamanville en France ont respectivement commencé en 2005 et 2007, soit entre quatre et deux ans plus tôt que celui de la centrale de Taishan. Cependant, M. Deng y a vu une chance de rattraper, voire même dépasser, ses confrères européens.

"Certaines personnes ne croyaient pas que nous pouvions le faire. Mais j'étais confiant dans nos compétences et notre expérience", a confié M. Deng à Xinhua. "Si nous voulions être les premiers, il fallait cependant se préparer le plus vite possible".

Toutefois, être les premiers comportait aussi un risque. La construction d'un nouveau type de réacteur n'est pas chose aisée, et l'équipe de M. Deng allait se trouver confrontée à de nombreux défis, entraînant probablement un important dépassement du budget ou des retards dans le projet. En outre, sans modèle à suivre, les ingénieurs de la centrale de Taishan ont dû élaborer le manuel pour eux-mêmes comme pour les autres projets d'EPR dans le monde. La décision a finalement été prise au deuxième semestre de 2012, avec une réaction positive des sociétés impliquées dans le projet, en particulier Framatome, concepteur de l'EPR.

Un nouveau chapitre a été ouvert à la mi-décembre, lorsque l'Unité 1 de Taishan, après avoir passé toutes les opérations de test, était prête à être mise en service.

La centrale nucléaire de Taishan est construite et exploitée par China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC), joint-venture sino-française créée par China General Nuclear Power Corporation (CGN), Electricité de France (EDF) et Yudean Group.

He Yu, président de la CGN, la plus grande société de construction nucléaire au monde, a indiqué que l'exemple de Taishan offrait de précieuses leçons sur lesquelles s'appuierait la construction du projet Hinkley Point C au Royaume-Uni par CGN et EDF.

Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, a salué la mise en service de l'Unité 1 de Taishan, évoquant "une réalisation importante pour l'ensemble de la filière nucléaire française", car elle démontre sa capacité à développer la technologie nucléaire de troisième génération.

CGN et EDF ont souligné que le projet de Taishan était le fruit d'une coopération stratégique de 35 ans, qui a commencé avec la construction de la première centrale nucléaire commerciale chinoise, dans la baie de Daya à Shenzhen, Zone économique spéciale de la Chine.

Cette collaboration est également en phase avec la réforme et l'ouverture menées ces quatre dernières décennies, au moment où la Chine commence à jouer un rôle actif dans le secteur mondial de l'énergie nucléaire et de l'énergie propre.

La centrale de Taishan, située dans le bourg de Chixi de la ville de Taishan, dans la province méridionale du Guangdong, est composée de deux réacteurs, disposant chacun d'une capacité inédite de 1.750 mégawatts, les plus puissants au monde.

Liu Yu, l'un des responsables de la construction de TNPJVC, a participé au projet en 2009. "J'ai étudié l'ingénierie des réacteurs à l'université. Construire ces réacteurs de troisième génération représente donc beaucoup pour moi".

Et d'ajouter : "au début, nous suivions simplement les traces d'Olkiluoto-3 et Flamanville-3. C'était relativement facile, car ils ont tracé la voie pour nous".

Cependant, la situation a vite changé. En 2011, Taishan rattrape Olkiluoto-3 et Flamanville-3. Nerveux, tout autant qu'excité, M. Liu raconte : "c'était à notre tour d'ouvrir la voie pour eux. Nos confrères européens ont généreusement partagé leur savoir-faire avec nous. Nous nous devions de leur offrir notre aide autant que nous le pouvions".

Au cours des 40 dernières années, la Chine a connu un développement exponentiel de son industrie nucléaire. La partie continentale de la Chine compte plus de 40 unités nucléaires en service, mais aussi le plus grand nombre d'unités en construction dans le monde.

Guo Ruiting, ingénieur en chef adjoint de la construction de la centrale nucléaire de Taishan, qui avait travaillé dans les centrales de la baie de Daya et de Ling'ao, a assisté à la construction de ces unités.

"Au début, nous étions les élèves, et les ingénieurs français étaient nos enseignants", se souvient M. Guo. "Mais, aujourd'hui, nous sommes partenaires". CGN et EDF ont ainsi profité de leurs complémentarités pour saisir de nouvelles opportunités de développement.

En joignant leurs efforts, les deux géants ont pu explorer le marché nucléaire international et travailler ensemble pour construire trois projets nucléaires au Royaume-Uni.

Gao Ligang, président de CGN Power company, a d'ailleurs indiqué lors d'une conférence de presse que, de la baie de Daya à Hinkley Point C, l'énergie nucléaire était devenue un domaine important de l'ouverture de la Chine. CGN continuera d'approfondir sa coopération avec ses partenaires français afin d'oeuvrer au développement d'une énergie propre en Chine, mais aussi à l'étranger.

(Rédacteurs :Gao Ke, Yishuang Liu)
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