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France : un budget 2019 entre baisses d'impôts et coupes budgétaires

Xinhua | 26.09.2018 08h57

Le gouvernement français a présenté lundi en Conseil des ministres le projet de loi de finances 2019 qui ambitionne de résoudre la difficile équation entre la relance du pouvoir d'achat grâce à un "allègement d'impôts de six milliards d'euros pour les ménages" et la maîtrise du déficit. Des mesures diversement accueillies.

Le projet de budget 2019, qui table sur une croissance de 1,7% et une dette publique à 2,8% du produit intérieur brut (PIB), a pour but de "relancer l'activité économique en réduisant la dépense publique, en réduisant la dette", a plaidé lundi devant la presse le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

La part de la dépense publique doit passer de 54,6% du PIB cette année à 54% l'an prochain, a-t-il indiqué. "L'objectif à long terme de ce budget, c'est de construire une nouvelle prospérité", qui "ne doit pas reposer sur plus de dépense publique, plus de dette et par conséquent plus d'impôt", selon le ministre de l'Economie.

Alors que la question du pouvoir d'achat est au cœur des préoccupations des Français, l'annonce d'un "allègement d'impôts de six milliards d'euros pour les ménages" grâce à une nouvelle baisse de la taxe d'habitation et la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires a été particulièrement commentée dans l'Hexagone.

Les carburants et le tabac seront cependant taxés davantage, de l'ordre de 2,3 milliards d'euros.

Les entreprises devraient de leur côté bénéficier d'une nouvelle baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) et de la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisses de charges, soit une réduction d'impôt totale de 18,8 milliards d'euros qui pèsera lourdement sur le déficit public en 2019.

Sur le front des économies, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures. Le projet de loi de finances prévoit tout d'abord un quasi gel des pensions de retraite, des allocations familiales et des aides personnalisées au logement, qui représenterait une économie de près de trois milliards d'euros.

La fonction publique d'Etat est également concernée par les coupes budgétaires avec la suppression de 4.164 postes (principalement aux Comptes publics et à l'Education nationale) sur un total de 50.000 prévus d'ici à 2022. L'objectif affiché par le gouvernement est de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, dont 50.000 dans le périmètre de l'Etat.

Parmi les différents ministères, la Défense, la Justice ou encore l'Intérieur sortent gagnants du projet de loi de finances pour 2019, tandis que le Logement, l'Emploi et les Sports connaissent d'importantes baisses de budget.

La politique de l'emploi est visée, avec une baisse de crédits de 2,1 milliards d'euros, qui se traduira par une réduction du nombre de contrats aidés (environ 130.000, contre 200.000 budgétés en 2018).

Le budget 2019 va par ailleurs intégrer une baisse d'un milliard d'euros des aides publiques aux entreprises, sur les 140 milliards d'euros d'aides diverses qui leur sont accordées chaque année. Au total, cinq milliards de baisse sont prévus d'ici à 2022.

Le taux réduit de la taxe sur les carburants (TICPE) dont bénéficient certains secteurs industriels qui consomment du gazole non routier (GNR) sera notamment supprimé.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé une réorganisation progressive de l'administration fiscale censée générer de substantielles économies grâce à des fermetures d'agences et la fin de l'accueil sans rendez-vous dans les trésoreries.

Le gouvernement veut d'autre part baisser de 400 millions d'euros d'ici quatre ans les crédits alloués aux Chambres de commerce et d'industrie (CCI), dont 100 millions l'an prochain.

L'audiovisuel public est lui aussi concerné : quelque 190 millions d'euros d'économies ont été annoncés à l'horizon 2022 dans ce secteur.

"Cette année, tous les chiffres sont certifiés exacts par la Cour des Comptes", s'est félicité lundi le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, relevant que la dette publique" avait été "sincérisée" en incluant les 40 milliards d'euros de dette de la SNCF dans la dette publique.

Le projet de budget 2019 a néanmoins suscité des réactions critiques dans l'opposition, de droite comme de gauche.

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Woerth (Les Républicains), l'a jugé "illisible". "Il comprend des mesures dans tous les sens, parfois des contresens. Le message est brouillé, résultat d'une politique brouillonne", a-t-il affirmé.

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a de son côté estimé que ce que le gouvernement "donne d'une main, en réalité il le reprend d'une autre", ajoutant que l'Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE) avait évalué à 3,5 milliards d'euros - et non à 6 milliards d'euros - le gain de pouvoir d'achat prévu pour les ménages l'an prochain.

"Est-ce qu'il y a un Français aujourd'hui qui peut croire qu'ils vont gagner 6 milliards ? (...) C'est un triste mensonge", a lancé de son côté le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan.

(Rédacteurs :Gao Ke, Yishuang Liu)
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